Québécoise disparue au Burkina Faso : « On ne dort pratiquement pas », dit sa mère

Edith Blais et Lucas Tacchetto devaient se rendre au Togo pour participer à un projet humanitaire.
Photo : Facebook
Sans nouvelles d'elle depuis le 15 décembre, la famille d'Edith Blais, en voyage en Afrique, s'inquiète pour sa sécurité.
Après s'être rendue au Mali puis au Burkina Faso, la Sherbrookoise de 34 ans devait participer à un projet de reforestation au Togo avec son compagnon de voyage, un ami italien de 30 ans. Ils devaient rejoindre l’organisme Zion’Gaïa entre le 15 et le 20 décembre, mais le directeur de l'organisation n'a pas eu de nouvelle d'eux, lui non plus.
Jocelyne Bergeron, la mère d'Edith Blais, a parlé pour la dernière fois à sa fille le 13 décembre. Elle se trouvait à ce moment-là à Bamako, la capitale du Mali, et elle attendait son visa pour se rendre au Burkina Faso.
Le 15 décembre, Edith Blais a publié des photos de son voyage sur Facebook, et les parents de son compagnon, Lucas, ont parlé à leur fils ce jour-là. Les deux voyageurs étaient alors au Burkina Faso.
Par ailleurs, selon des informations reçues de gens là-bas, mais qui n'ont pas été confirmées, Edith Blais aurait été vue le 21 décembre à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville en importance du Burkina Faso, apparemment avec une religieuse.
Le duo de voyageurs devait partir de Bobo-Dioulasso pour se diriger vers la capitale, Ouagadougou, et y demeurer pendant quelques jours. Ils « n’auraient finalement jamais traversé la frontière ou demandé de visa depuis le Burkina Faso jusqu’au Togo », peut-on lire sur la page Facebook créée par les proches d'Edith Blais afin d'aider à la retrouver.
Recherches actives par l'entremise des médias sociaux
La mère et la soeur d'Edith Blais sont présentement en contact avec de nombreuses personnes se trouvant au Burkina Faso et qui tentent de trouver de l'information sur les deux disparus.
Plusieurs Québécois qui connaissent la Sherbrookoise ont entre autres réclamé l'aide de gens qu'ils connaissent et qui se trouvent dans ce pays africain. Les amis italiens de Lucas Tacchetto ont fait de même.
« On a énormément de gens qui nous aident, c’est incroyable. Les gens nous envoient des messages. Parce qu’on a mis une page d’avis de recherche, et les gens nous écrivent de là-bas pour nous dire qu’ils cherchent pour nous », a indiqué Jocelyne Bergeron, en entrevue à RDI Matin week-end.
« Ça va tellement vite présentement. Les 24 dernières heures, on n’a pratiquement pas dormi. On est en contact avec plein de gens qui nous offrent de l’aide. On doit répondre, on doit être là, et j’imagine que d’ici une journée ou deux, on devrait avoir plus de renseignements sur ce qui se passe », a-t-elle poursuivi.
Patrick Gagnon, un entrepreneur canadien qui vit au Burkina Faso depuis sept ans et qui a lu la nouvelle de cette disparition dans le journal, a notamment décidé de mettre ses contacts au service de la famille.
En plus d'informer « certains amis dans les postes de police entre autres, certaines relations politiques », M. Gagnon a parcouru la frontière du Ghana et du Togo pour vérifier si les deux voyageurs étaient passés par là. La réponse est négative.
« Ils ne semblent pas avoir passé la frontière, en tout cas de façon légale, car ils ne sont pas répertoriés là-bas », a-t-il signalé en entrevue à Radio-Canada.
Patrick Gagnon dit aussi être en train « d’organiser les communications dans les médias, pour que ça sorte dans tous les médias au Burkina Faso » et tenter de diffuser le plus possible la photo d'Edith Blais.
M. Gagnon promet une récompense pour des « informations pertinentes qui permettraient de les retrouver ».
« Ici, si on veut que les choses avancent, il y a toujours un volet financier qu’on doit mettre. Alors moi et ma femme on a décidé de contribuer un peu. On pourra contribuer jusqu’à la hauteur de 1 million de francs CFA, qui représentent peut-être 2500 $. »
Délaissée par Ottawa
Les autorités italiennes, qui ont lancé l'alerte, participent également aux recherches intensives, ce qui n'est pas le cas d'Ottawa, déplore Jocelyne Bergeron.
« Ils m'ont appelé le 20 décembre pour me dire que les Italiens avaient lancé une alerte. Mais ils n’ont aucune nouvelle. C’est à plat, ça ne bouge pas. Je n’ai vraiment eu aucun renseignement de leur part. Tout ce qu’on trouve, on le trouve par nous-mêmes ou par les gens qui nous aident, et surtout par les Italiens », note-t-elle.
Jocelyne Bergeron affirme qu'elle appelle Affaires mondiales Canada tous les deux jours pour leur demander où ils en sont dans leurs recherches, et que c'est elle qui leur suggère les démarches à entreprendre.
« Je leur demande s'ils ont fait ci, s'ils ont fait ça, ils me disent que ce serait une bonne idée [...] Je me sens tout à fait délaissée par le ministère », regrette-t-elle.
Un porte-parole d'Affaires mondiales Canada a confirmé samedi matin la disparition d'Edith Blais, affirmant qu'Ottawa était en contact avec les autorités africaines afin de recueillir plus d'informations et que de l'« assistance consulaire » était prodiguée à sa famille.
Réagissant sur son compte Twiter, Marie-Claude Bibeau, ministre du Développement international, assure que des équipes sont à l’œuvre sur le terrain pour recueillir l'information « en étroite collaboration avec les autorités du Burkina Faso ».
Une citoyenne de Sherbrooke manque à l'appel au #BurkinaFaso. Mes pensées sont avec les proches qui vivent un moment extrêmement difficile. Nos équipes font tout sur le terrain pour recueillir l’information pertinente, en étroite collaboration avec les autorités du Burkina Faso.
— Marie-Claude Bibeau (@mclaudebibeau) 5 janvier 2019
Une région à éviter
Sur son site web, le ministère canadien conseille aux touristes d'éviter tout voyage non essentiel dans cette région de l'Afrique, notamment « en raison des risques de banditisme et d’enlèvement ».
« Des barrages routiers illégaux et des incidents de piraterie routière ont été signalés, peut-on lire. Les bandits armés n’hésitent pas à tirer pour arrêter les véhicules afin de dévaliser leurs occupants. »
L'avertissement précise également que les zones frontalières avec le Niger, le Togo, le Bénin et le Mali sont à risque en ce qui concerne les attentats terroristes.
Ces observations gouvernementales sont confirmées par l'entrepreneur Patrick Gagnon.
« L’atmosphère est plus tendue depuis les deux dernières années. Il y a beaucoup de terrorisme, surtout à l'extérieur des grandes villes. C’est un peu dangereux de se promener dans le pays », dit-il.