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La maison Delorme, l’image d’un patrimoine manitobain laissé à l’abandon

La maison de Pierre Delorme à Saint-Norbert est dans un tel état de délabrement que la province ne prévoit pas la restaurer. Elle appartenait pourtant à un personnage important de l'histoire manitobaine, mais aussi canadienne. C'est une perte pour le patrimoine local.

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'ancienne maison de Pierre Delorme, personnage important de l'histoire manitobaine, est dans un état de délabrement considérable, à Winnipeg. Si rien n'est fait, c'est une perte qui se profile pour le patrimoine local.

Dans le Parc provincial du patrimoine de Saint-Norbert, une maison se dresse tristement parmi les demeures qui témoignent de l'établissement des Canadiens français et des Métis dans le sud du Manitoba.

L’ancienne demeure de Pierre Delorme ressemble davantage à une carcasse à l’abandon qu’à la maison d’un personnage important de l’histoire manitobaine.

L’historienne Jacqueline Blay explique que cet homme d’affaires a fait partie de la résistance menée par Louis Riel, père fondateur du Manitoba, entre 1869 et 1870.

Gros plan sur la façade en bois de la maison, les planches semblent distordues et le bois en mauvais état.
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La maison de Pierre Delorme a été donnée à la Province par M. et Mme P. Vernaus en 1982.

Photo : Radio-Canada

« Il a fait partie de la convention des Quarante, c'est-à-dire cette assemblée législative élue démocratiquement par la colonie de la Rivière-Rouge pour décider des termes et des modalités d'entrée de la colonie dans la Confédération canadienne », précise-t-elle.

Quand le Manitoba est entré dans la Confédération, Pierre Delorme a été élu à la Chambre des communes, « mais on lui a demandé de laisser sa place à George-Étienne Cartier, qui venait de perdre ses élections au Québec », explique Jacqueline Blay.

George-Étienne Cartier étant décédé sans être venu au Manitoba, Pierre Delorme s’est désisté pour Louis Riel, comme il souhaitait le faire au départ.

« Une fois que Riel n'a pas pu se représenter, Delorme a pris son siège. Il a aussi eu un siège au niveau provincial, il a même été ministre de l'Agriculture et puis responsable du conseil exécutif. Donc il a eu une carrière parlementaire intéressante à plusieurs niveaux », souligne l’historienne.

Pourquoi un tel état?

Malgré l’importance de Pierre Delorme dans l’histoire du pays, Jacqueline Blay souligne que le Canada est « encore jeune », et que l’on n’a peut-être pas encore réalisé l’importance de conserver certaines constructions telles quelles. De plus, les Métis n'ont pas toujours eu la reconnaissance qu'ils ont aujourd'hui pour revendiquer la sauvegarde de leur patrimoine.

« C’est seulement après 1985 qu’on a vu beaucoup de Métis se proclamer Métis Canadiens français, comme Riel le faisait. Il y a eu cette renaissance de l’identité métisse, et il était peut-être déjà trop tard pour la maison », explique l'historienne.

La province indique que la maison Delorme lui a été cédée dans les années 80, déjà en très mauvais état. Elle ajoute qu'une évaluation et une étude de stabilisation en 2013 ont révélé que la construction se trouvait dans un état de délabrement trop avancé pour pouvoir être restaurée.

Du côté fédéral, Parcs Canada souligne la priorité donnée aux lieux désignés comme nationaux, ce qui n’est pas le cas de la maison Delorme.

Le rôle de la communauté

Pour le député fédéral de Winnipeg-Centre, Robert-Falcon Ouellette, la responsabilité du financement du lieu revient d'abord au gouvernement provincial, qui doit ensuite travailler avec la Ville de Winnipeg pour sa protection. « C’est aussi un lieu important pour la nation métisse, qui est une des grandeurs de notre pays », souligne-t-il.

Selon lui, dans ce type de projet, la communauté a un rôle et une influence à faire valoir pour susciter l’intervention des différents niveaux de pouvoir.

Dans une pièce où, au mur, sont accrochés des peintures représentant une tête et des pattes d'aigle, un homme et longs cheveux noirs noués en tresse et vêtu d'un costume bleu ciel parle.
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Robert-Falcon Ouellette, député fédéral de Winnipeg-Centre, souhaite que la maison Delorme ne subisse pas le même sort que la maison Boileau à Chambly, récemment démolie. « C'est quelque chose qui arrive souvent au Canada, que notre héritage soit laissé aux éléments », déplore-t-il.

Photo : Radio-Canada

« Ça prend une personne dans la communauté qui croit vraiment à ça et qui vienne voir les politiciens en disant : regarde, nous sommes un groupe dans la société qui croit en cela, et nous sommes prêts à donner de notre temps. C'est plus facile, ensuite, pour les politiciens d'investir dans un projet qui a l'appui communautaire », avoue-t-il.

« C'est aussi aux sociétés historiques de dire qu'il y a une problématique et il faut vraiment protéger ces lieux », ajoute le député.

La rénovation de constructions comme la maison Delorme constitue donc un travail regroupant une multitude d’acteurs, ce qui est aussi l’avis de Jacqueline Blay. D’après elle, « le travail est intensif dans ce sens qu’il faut bâtir un dossier pour convaincre une première démarche; et c’est ici que le côté associatif va compter plus que tout le reste », dit-elle.

S’il est peut-être trop tard pour cette pièce de patrimoine, elle pourrait servir d'exemple et de leçons pour d’autres lieux représentatifs de notre histoire.

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