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La spiritualité, une deuxième chance en prison

Un homme lit un livre de prières.

Les aumôniers offrent gratuitement leurs services aux détenus.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le service d'aumônerie aide des détenus à la recherche d'espoir, de spiritualité ou d'une communauté. C'est là que tout semble changer pour certains détenus qui tentent de refaire leur vie.

Les aumôniers aident ces personnes à explorer les questions liées à la spiritualité, à la religion et à leur raison d'être. Il s’agit aussi d’amener les détenus à se pencher sur leurs comportements et sur leurs décisions, et à découvrir de nouvelles façons de mener leur vie.

Le Service correctionnel du Canada ne connaît pas le taux de participation des détenus, mais il recueille des données sur les activités animées par les aumôniers. Il y a eu plus de 36 000 activités du genre au cours des dernières années, dont plus de 1400 au pénitencier de Dorchester, au Nouveau-Brunswick.

Dans ce pénitencier, par exemple, différentes religions cohabitent : le wiccanisme, le bouddhisme, le judaïsme, le protestantisme, le catholicisme et l’islam.

Sylvio Belliveau en entrevue devant une bibliothèque

Les aumôniers aident les détenus de toute confession, explique l'aumônier Sylvio Belliveau.

Photo : Radio-Canada

L'aumônier laïque Sylvio Belliveau explique pourquoi un tel service reste en demande au fil des ans.

Je dirais que c’est l’esprit d’appartenance, l’esprit d’accueil, le non-jugement. Tu peux être un agresseur sexuel, un meurtrier, avoir fait des vols qualifiés. Peu importe le crime, on n’est pas ici pour ça, souligne Sylvio Belliveau.

Il y a une certaine fraternité aussi qui se trouve ici entre les détenus, peu importe la religion. Il y a un confort. C’est comme une oasis pour eux, ceux qui veulent simplement être écoutés, qui sont à bout, qui ne veulent pas voir le psychologue [...] parce qu’eux autres vont prendre des notes. Tandis que l’aumônier ne prend pas de notes, ou très peu, ajoute-t-il.

Des détenus témoignent de bienfaits du service

Pour plusieurs détenus, le fait de purger une longue peine ou d'être éloignés de leurs familles amène un grand vide. Certains arrivent au fond du gouffre et sont à la recherche d’un sens à leur vie. D’autres se dirigent vers le service d’aumônier par curiosité ou encore pour passer le temps.

Pour certains détenus, c’est un service très important dans un contexte où il n’y a pas beaucoup d’activités et où l’atmosphère n’est pas toujours joviale.

Les bâtiments du pénitencier au sommet d'une colline recouverte de neige

Le pénitencier de Dorchester comprend des secteurs à sécurité moyenne et à sécurité minimale et un centre régional de traitement à niveaux de sécurité multiples, indique Service correctionnel Canada.

Photo : Radio-Canada

Des détenus se rendent à la chapelle multiconfessionnelle deux à trois fois par semaine, et les visites peuvent durer jusqu’à deux heures.

Deux détenus, qui n’ont pas voulu s’identifier, expliquent pourquoi ils s’y sont rendus et ce qui a changé dans leur vie. Le premier, de confession chrétienne, a été condamné pour séquestration, voie de fait et viol, et le deuxième, de confession musulmane, pour vol qualifié.

Le temps est vraiment long, mettons. On s’accroche à quelque chose pour pouvoir survivre. Ça m’amène beaucoup d’espoir, de réconfort. Quand j’ai été accusé, disons que je ne voyais pas les gestes. C’est après avoir étudié la Bible que les gestes, on les voit, affirme le premier détenu.

Je n’ai pas de visite. C’était plus une question de famille, loin de ma famille, qui m’affectait le plus. On ne pratique pas chaque jour, mais on vient une fois par semaine. C’est le vendredi. Il y a une certaine liberté, c’est vrai, parce qu’on oublie qu’on est en prison. On veut juste faire le bien. Ça me donne une chance de me reprendre, une chance de me pardonner ou de pardonner à certaines personnes dehors aussi, explique le second détenu.

Le service favorise la réinsertion sociale, selon un aumônier

L’un des objectifs des aumôniers est d’amener les détenus à se réintégrer à la société. D’ailleurs, le service d'aumônerie travaille dans le domaine de la justice réparatrice. Cette approche vise à réparer le tort causé par le comportement criminel.

Il s’agit donc d’amener les détenus à accepter la responsabilité de leurs actes. Certains y parviennent, d’autres non.

Ils développent un autre côté que ceux qui choisissent de ne pas venir à la chapelle ne développent pas nécessairement. Ils vont scruter beaucoup plus leur authenticité. Ça les aide à cheminer à l’extérieur , explique l’aumônier Sylvio Belliveau.

Et si des détenus libérés sont ramenés en prison pour une raison ou une autre? On les accueille quand même et on fait un autre bout de chemin avec eux, indique M. Belliveau.

L’origine du service d’aumônerie

L'aumônerie fait partie des services offerts en milieu carcéral depuis l’ouverture des premiers pénitenciers canadiens au XIXe siècle.

Protégés par la Charte canadienne des droits et des libertés et la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, les détenus ont le droit de pratiquer leur religion.

Un détenu musulman se prosterne en faisant une prière

Service correctionnel Canada donne aux détenus l'occasion de pratiquer librement leur religion ou leur spiritualité.

Photo : Radio-Canada

Service Correctionnel Canada veille à ce que les détenus puissent pratiquer leur religion ou leur spiritualité aussi pleinement qu'ils le désirent, notamment par les moyens suivants:

  • des accommodements religieux, par exemple en matière de régime alimentaire;
  • donner accès à des services religieux et spirituels, et leur offrir de pratiquer librement et ouvertement leur religion et leur spiritualité et de les exprimer;
  • mettre un aumônier à leur disposition.

Selon les dernières données du ministère de la Sécurité publique du Canada, environ 33 % des détenus sont catholiques, 11 % sont protestants, 6 % sont musulmans, 5 % ont une spiritualité autochtone, et 2 % sont bouddhistes.

Avec les renseignements de Wildinette Paul

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