Santé : bilan des ruptures de service dans l'Est du Québec

Une patiente allongée sur une civière dans le corridor de l'urgence d'un hôpital.
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Tremblay
- Laurence Royer
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Encore cette semaine, des ruptures de service vont frapper l'hôpital de La Pocatière, qui ne pourra accueillir d'accouchements ni de chirurgies à Noël. Ces interruptions sont de moins en moins fréquentes, mais elles ont marqué l'actualité de l'Est-du-Québec en 2018.
Au Bas-Saint-Laurent, l'année 2018 a commencé par un coup d'éclat du comité « Mes soins restent ici ». Les citoyens de Kamouraska ont été invités à porter un macaron pour afficher leur attachement à leurs soins de proximité.
Le co-porte-parole du comité, Jean Martin, a dit craindre que les citoyens ne s’habituent à avoir des soins de santé inadéquats dans leur région.
Ce dont on a peur, c'est que la population s'habitue et se résigne à avoir moins de services.
Fermeture du bloc opératoire à La Pocatière
À ce moment, le manque d'anesthésistes forçait la fermeture du bloc opératoire de l'hôpital de La Pocatière à répétition, et ce, depuis plusieurs mois déjà.
Ces interruptions de service ont forcé des dizaines de femmes à accoucher à plus de 45 minutes de route de leur résidence, à Rivière-du-Loup ou à Montmagny.
C’est notamment le cas d’Anne-Marie Labbé, pour qui les fermetures du bloc opératoire ont représenté un stress supplémentaire pendant sa grossesse. C'est sûr que c'est stressant, dit-elle. Il y a des filles qui disent que c'est leur deuxième, leur troisième [enfant], [et que l'accouchement] avait été vite au premier. Elles ont peur de ne pas se rendre à l'hôpital.

Anne-Marie Labbé et sa petite Éloïse
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
Un vent d'espoir
En mai, la Fédération des médecins spécialistes a toutefois annoncé le jumelage de 11 hôpitaux avec un grand centre pour mettre fin aux interruptions de service en anesthésie.
Les hôpitaux de La Pocatière, de Matane, de Sainte-Anne-des-Monts, d’Amqui et des Îles-de-la-Madeleine font partie des premiers établissements visés par cette nouvelle mesure.
Le jumelage a eu ses effets au Bas-Saint-Laurent. Le nombre de jours de ruptures de service en anesthésie a chuté de plus de moitié, passant de 175 jours, en 2017, à 65, en 2018.
Pour la présidente-directrice générale du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent, Isabelle Malo, il s’agit d’une excellente nouvelle.
C'est anecdotique, nos ruptures de service, mais il y en a encore. Une, c'est une de trop.

Isabelle Malo, présidente-directrice générale du Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent.
Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron
Pénurie de médecins spécialistes
Pendant que la situation s'améliorait au Bas-Saint-Laurent, d'autres problèmes étaient mis en lumière ailleurs dans l’Est-du-Québec.
À Sainte-Anne-des-Monts, la situation s'est dégradée après le départ de médecins spécialistes.
Le nombre d'interruptions de service en chirurgie a bondi de 1,5 jour en 2017 à 52 jours en 2018. En anesthésiologie, ce nombre est passé de 12,8 à 26,4. Une situation jugée inadmissible par le préfet de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier.
Pas d'urgence à Forestville
De l’autre côté du Saint-Laurent, à Forestville, le service a été interrompu à l’urgence pendant une dizaine de jours non consécutifs depuis cet été en raison d’un manque de médecins. Les patients devaient se rendre à Baie-Comeau, à plus d'une heure de route. La mairesse de Forestville s’inquiète de la situation.
Le temps est précieux dans les situations d'urgence, et la distance représente à mon avis une embûche majeure.

L'urgence de Forestville
Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin
Dans certains cas, pour mettre fin aux ruptures de service, les centres de santé devront embaucher de nouveaux médecins. Or, la pénurie de main-d'œuvre complique les démarches des directions régionales de la santé.
D'après le reportage d'Ariane Perron-Langlois
- Laurence Royer