Des serveurs informatiques pour chauffer l'Université Laval

Plus de 1000 serveurs sont hébergés dans le Colosse de l'Université Laval, un ancien accélérateur de particules.
Photo : Radio-Canada
Saviez-vous que s'il fait doux dans les pavillons de l'Université Laval même à -20°C c'est entre autres grâce à la chaleur émise par ses milliers de serveurs informatiques? L'institution d'enseignement est novatrice dans le domaine du développement durable, et ce depuis la construction de la cité universitaire à Sainte-Foy dans les années 1950.
Un texte de Marie Maude Pontbriand
Si vous avez été sur le campus dans les derniers mois, vous avez peut-être remarqué un petit chantier de construction entre le pavillon de Médecine dentaire et le stade Telus. Il s'agit d'un nouveau centre de données massives dont la construction sera terminée à la fin janvier.
Une infrastructure qui permettra à l'université d’augmenter sa capacité à gérer, transporter et traiter les données massives. Elle hébergera des serveurs informatiques qui consommeront environ 600 kilowatts.
Or, un serveur informatique c'est comme un calorifère, explique Stéphan Gagnon de Transition énergétique Québec, il consomme de l'électricité et la convertit en chaleur.
« Généralement, on va rejeter cette chaleur-là dans l'atmosphère plutôt que de l'utiliser pour chauffer d'autres bâtiments », déplore-t-il.
L'Université Laval a bien compris le fonctionnement des serveurs informatiques et tire profit de cette chaleur. Son nouveau centre devrait lui permettre de récupérer 461 kilowatts, de quoi chauffer une trentaine de maisons résidentielles de taille moyenne.
Cette énergie sera réinjectée dans son réseau de canalisation hydrothermique qui circule sous les pavillons.
Il s'agit d'un réseau de sept kilomètres de galeries souterraines qui a été construit en même temps que la cité universitaire dans les années 50.
Plus d'un million de litres d'eau circulent dans ce réseau hydrothermique, souligne le directeur du service des immeubles Denis Beaudoin.
Une partie de l'énergie qui circule dans ce réseau provient de ce que l'Université a baptisé le Colosse, un ancien accélérateur de particules converti en salle qui contient plus de 1000 serveurs.
300 kW sont récupérés du Colosse, soit l'équivalent de 20 maisons résidentielles de taille moyenne.
Cette récupération d'énergie contribue au bilan carboneutre de l'Université Laval.
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Un modèle difficile à implanter
Un modèle qui n'est malheureusement pas la norme au Québec, rapporte Stéphan Gagnon de Transition énergétique Québec. Celui dont la tâche est d'accompagner les gestionnaires de bâtiment institutionnels à accroître leur efficacité énergétique estime que les institutions et entreprises québécoises pourraient faire beaucoup mieux.
Il souligne que dans son dernier rapport annuel, Hydro-Québec affirme que les centres de serveurs de traitement de données vont représenter une demande énergétique de 350 mégawatts en 2020, c'est plus que ce que produit la phase 1 de la Romaine, soit 270 MW.
« On parle d'énormément d'énergie qui va être tout simplement rejetée dans l'atmosphère comme font la plupart des centres de données, malheureusement, parce que ça pourrait être récupéré pour le chauffage d'un bâtiment voisin. »
Transition énergétique Québec offre d'ailleurs des subventions à ceux qui développent des projets qui visent à réduire les gaz à effet de serre.
Mais pour l'instant, les faibles coûts de l'énergie au Québec demeurent l'obstacle principal selon Stephan Gagnon. Ils rendent moins attrayante la récupération de la chaleur des serveurs informatiques.
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