Acheter une maison à 25 ans, est-ce un bon investissement?

Le nombre de maisons sur le marché à Edmonton est en hausse, ce qui force certains propriétaires à réduire leur prix.
Photo : Radio-Canada / Héloïse Rodriguez
On dit souvent aux jeunes adultes d'acheter une maison aussitôt que possible, car c'est un bon investissement à long terme. Est-ce que cette façon de penser est aussi justifiée qu'elle l'était il y a 20 ou 30 ans? Cela dépend de plusieurs facteurs, répondent des experts.
Andriy Marchysyn, 28 ans, et Sara Parsons, 21 ans, sont à la recherche de la maison parfaite à Edmonton. Cela fait presque un an que le couple loue une propriété, mais il a décidé de faire le grand saut il y a quelques mois.
« Je ne suis pas le plus grand adepte de la location, admet Andriy. Je me sens comme si je jetais de l’argent par la fenêtre. Je veux être propriétaire pour pouvoir faire ce que je veux de ma maison. »
Un sentiment que l’on retrouve à l’échelle du Canada, puisque, selon les statistiques de 2018 de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), plus de 80 % des acheteurs jugent que « l’achat d’une habitation est un bon investissement à long terme ».
Tout dépend de l’emplacement de ceux qui veulent acheter une maison pour la première fois, car certains marchés sont plus faciles à percer que d'autres pour de jeunes acheteurs.
La bonne nouvelle pour les futurs propriétaires, cependant, c’est que les ventes de maisons ont baissé dans chacune de ces villes par rapport à l’année précédente à la même période. C’est ce que rapportent les associations des courtiers immobiliers d’Edmonton, de Winnipeg et de Régina.
Dans la capitale albertaine, la crise économique a refroidi l'enthousiasme de certains acheteurs, mais a réchauffé celui des vendeurs.
« Il y a un écart entre l’offre et la demande », explique James Cuddy, un analyste de la SCHL. « L’inventaire de maisons a augmenté, ce qui veut dire qu’il y a plus d’options pour les acheteurs et ça leur donne un pouvoir de négociation. »
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Rester prudent
Selon les plus récentes statistiques de la SCHL, les habitants d’Edmonton sont loin d'abandonner la location. En octobre, seulement 5,3 % des logements à louer étaient vacants, une baisse par rapport à l’an dernier, et ce, même si l'inventaire a augmenté.
Hilliard MacBeth est gestionnaire de portefeuilles. Il incite les jeunes à la prudence quand vient le temps d'acheter, parce qu'être propriétaire est seulement rentable quand le prix des maisons augmente, ce qui n'est pas garanti dans la capitale albertaine.
« Le prix [des maisons] à Edmonton est encore le triple de ce qu'il était en 1999, ce qui veut dire que les prix peuvent encore baisser à Edmonton. Peut-être pas autant qu'à Vancouver ou à Toronto, mais je n'écarte pas la possibilité d'une correction du marché de 30 % dans le prix des maisons », dit Hilliard MacBeth.
« Si le prix des maisons baisse, même juste un tout petit peu, soit de 4 ou 5 % par année, par exemple, on va mieux s'en tirer si on loue, explique-t-il. C'est très différent [pour les jeunes] et beaucoup plus risqué que quand leurs parents achetaient une maison. »
Des conditions plus difficiles
Les experts s’accordent pour dire qu’en Alberta, les bas prix de vente sont intimement liés à des facteurs politiques.
« La première moitié de l’année, les choses allaient assez bien, les ventes étaient comparables à l’an dernier. Mais aussitôt qu’on a appris que le pipeline [Trans Mountain] ne serait pas construit, on a commencé à voir une baisse du nombre de ventes, des activités [dans ce secteur] et dans l’optimiste des gens », indique Darcy Torhjelm, le président de l’Association des courtiers immobiliers d’Edmonton.
Depuis janvier 2018, les conditions pour acheter une maison se sont resserrées à l’échelle du pays. Les personnes intéressées doivent se soumettre à une simulation de crise pour obtenir un prêt et montrer qu’elles peuvent assumer un plus haut taux d’intérêt que celui qu’elles ont choisi.
« [Ces règles] ont été mises en place pour tenter de ralentir les plus grands marchés comme Vancouver et Toronto [...], mais, malheureusement, cela s'est répercuté sur le reste du pays, explique Darcy Torhjelm. Cela fait mal aux acheteurs, parce que c’est plus difficile pour eux d’obtenir une hypothèque. »
Les millénariaux achètent différemment
Les courtiers immobiliers, comme Jeff Fafard, doivent donc adapter leurs stratégies pour réussir à convaincre les millénariaux d'acheter des maisons, notamment en misant sur l’emplacement de la propriété et sur sa technologie.
Selon lui, ils ne se disent pas : « J'ai acheté une maison, je reviens le soir et je ne fais rien. » Ils aiment profiter de la maison, de la cour. Ce n’est pas un refuge, c’est une sensation qu'ils vont faire partager à leurs amis, explique-t-il.
Alors que les baby-boomers s’intéressaient plus à la grandeur de la cour et à la structure du bâtiment, les plus jeunes générations ont d’autres préoccupations en tête, ajoute Darcy Torhjelm.
« lls rentrent chez eux pour mieux ressortir ensuite. Donc, ça doit être pratique », dit-il.
Profiter du ralentissement
Auparavant, on avait à peine le temps de voir une maison qu’elle était vendue, raconte Jeff Fafard. « Ce n'est pas le cas dans le marché actuel, on est plus éduqués et il y a plus de ressources. Les conseils immobiliers ont amené plus de règles pour garder les courtiers plus honnêtes, c'est un bon environnement pour acheter une maison », ajoute-t-il.
Andriy Marchysyn et Sara Parsons, quant à eux, sont bien décidés à devenir propriétaires, car ils y voient des avantages qui ne sont pas seulement liés à l'argent.
« On aime la flexibilité qui vient avec le fait d'être propriétaire et l'option de personnaliser notre maison, ce qu'il est impossible de faire en location », conclut-elle.