Y aura-t-il une volonté politique d’appliquer les recommandations de la commission Viens?
L'honorable juge à la retraite Jacques Viens, président de la La Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), lors de l'ouverture des audiences à Montréal, le 12 février 2018.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Villeneuve
C'est ce vendredi que les audiences publiques de la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP) prennent fin. Pendant les 38 semaines d'audiences de la commission présidée par le juge Jacques Viens, 765 personnes ont été entendues et 423 déclarations ont été déposées.
Un texte de Thomas Deshaies
Alors que l’heure est au bilan, de nombreux témoins ont exprimé leur inquiétude quant au manque de volonté politique pour appliquer les recommandations de la commission d’enquête. C’est notamment le cas de la juge Danielle Côté, qui a affirmé que les problèmes sont connus et que les solutions existent, mais qu'elles ne sont pas nécessairement articulées.
« Lorsqu’on arrive pour mettre en place les solutions, les ressources ne sont pas là. »
Des centaines de témoignages
Au cours des derniers mois, le commissaire Jacques Viens a entendu des centaines de récits faisant état de nombreux problèmes entre les Premiers Peuples et les services publics.
De nombreux témoignages, parfois anonymes, parfois à visage découvert, ont laissé place à d’importantes confidences.
« Mon frère et mes soeurs ont aussi été battus, comme moi. »
« Le système de la DPJ est mal fait. Ils m'ont trimballé moi-même de famille d'accueil en famille d'accueil. Ça, je ne voudrais même plus que ça arrive à un autre enfant, qu'il [se] déracine tranquillement. »
Quelques témoignages marquants de la commission
Climat de confiance
La procureure en chef de la CERP, Suzanne Arpin, se réjouit de la confiance des citoyens lors des travaux de la commission.
« C’est un mouvement citoyen qui a été très fort. On est même étonnés du nombre de personnes qui ont voulu venir partager leur histoire. »
Une conclusion symbolique
L’horaire de la dernière journée d’audience est hautement symbolique : c’est l’association Femmes autochtones du Québec qui prononcera sa plaidoirie avant la cérémonie de fermeture.
Symbolique puisque l’élément déclencheur de cette commission d’enquête, c’est la prise de parole de femmes autochtones de Val-d’Or qui avaient dénoncé les abus policiers dont elles auraient été victimes.
Déjà, l’avocat de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Philippe Larochelle, estime qu’il faut se tourner vers le droit international pour que justice soit rendue.
« Les choses que vous avez entendues constituent des violations à des ententes internationales. »
Les travaux de la commission sont toutefois loin d’être terminés : le rapport ne sera déposé qu’en septembre 2019.