« L’angle mort » de François Legault sur la main-d’œuvre

Deux techniciens analysent des données dans une pièce remplie de serveurs.
Photo : iStock / gorodenkoff
Le premier ministre serait « à la bonne place » sur ses intentions d'augmenter la productivité au Québec, selon la directrice de l'Institut du Québec (IdQ), Mia Homsy. Mais François Legault ferait fausse route quant aux moyens pour y parvenir.
Un texte de Mathieu Dion, correspondant parlementaire à Québec
Dans un rapport présenté aujourd’hui, l’IdQ a analysé les écarts de salaires entre le Québec et l’Ontario, province à laquelle M. Legault fait souvent référence lorsqu’il évoque la situation économique québécoise. « Ce qui nous manque au Québec, ce sont des emplois à 25 $, 30 $, 40 $ de l’heure », a-t-il souvent répété.
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Parmi les constats, il y a autant de travailleurs qui gagnent un salaire de 26 $ à 40 $ l'heure dans les deux provinces. Là où le bât blesse, c'est que le Québec compte davantage de salariés ayant un salaire inférieur à 26 $ l'heure et moins dont le salaire excède 40 $ l'heure.
Le fin détail de l’analyse révèle en plus que les écarts salariaux sont « particulièrement marqués » à l’avantage de l’Ontario dans le secteur des services financiers, de l’assurance, de l’immobilier, ainsi que dans les secteurs professionnels, scientifiques et techniques.
Ces écarts salariaux sont conjugués à une productivité plus faible au Québec, soit 15 % de moins qu’en Ontario pour le secteur des services, par exemple, qui représente une majeure partie de l’économie.
De façon générale, les Ontariens travaillent une heure de plus par semaine que les Québécois.
Investir dans la formation
Selon l’IdQ, alors qu’il y a pénurie de main-d’œuvre, l’État doit « renoncer à soutenir artificiellement des emplois peu générateurs de richesse » et favoriser les secteurs à forte valeur ajoutée et à haute densité technologique, comme l’aéronautique et l’intelligence artificielle, pour y augmenter les salaires et la productivité.
L’IdQ invite le gouvernement caquiste à encourager les employeurs à investir dans le capital humain par l’éducation et la formation et dans du matériel, que ce soit de la machinerie ou des équipements numériques.
« Il faut laisser faire l’obsession de la création d’emplois dans les politiques gouvernementales, soutient Mia Homsy, et la remplacer par une nouvelle obsession, celle d’investir dans la formation des compétences et l’automatisation. »
Le gouvernement a annoncé dans son énoncé économique de nouvelles mesures pour l’amortissement du matériel acheté par les entreprises pour des fins de productivité. Mais Mme Homsy dit « demeurer sur son appétit ». « S’il n’y a pas la formation des travailleurs, explique-t-elle, il y a quand même un angle mort et un élément à ajouter dans sa stratégie. »