L'ex-avocat de Trump condamné à trois ans de prison

Michael Cohen, l'ex-avocat de Donald Trump, à la sortie de son appartement à New York vendredi
Photo : The Associated Press / Richard Drew
Michael Cohen a été condamné à une peine de plus de trois ans de prison pour s'être rendu coupable d'évasion fiscale, avoir menti au Congrès et avoir enfreint les règles du financement électoral en achetant le silence de deux femmes qui affirment avoir eu des liaisons avec Donald Trump.
Le juge du district de Manhattan, William Pauley, a conclu que l'ex-avocat et homme de confiance de Donald Trump avait perpétré une série de crimes « motivés par la cupidité et l'ambition personnelle », dont chacun méritait une peine sévère.
Mais « le préjudice pour nos institutions démocratiques est encore plus insidieux, a ajouté le magistrat. En tant qu'avocat, il aurait dû faire preuve d'un meilleur jugement. »
Avant de recevoir sa peine, M. Cohen, qui s'était déjà dit prêt à « prendre une balle » pour protéger le président, a dit se blâmer pour sa conduite, mais a écorché au passage son ancien client.
« »
Il a estimé que le président, qui l'a accusé d'être « faible » depuis qu'il collabore avec l'équipe du procureur spécial sur la Russie, Robert Mueller, avait raison de le critiquer, mais pas pour les raisons qu'il invoque.
« C'est ma faiblesse et ma loyauté aveugle à cet homme qui m'ont conduit à choisir le chemin de l'obscurité au détriment de la lumière », a-t-il soutenu.
L'homme de 52 ans a dit ne pas vouloir qu'on se souvienne de lui comme « le vilain de l'histoire ».
Deux causes distinctes
Ce qui est particulier, c'est que la peine imposée concerne deux causes distinctes pour lesquelles les accusations avaient été portées par autant d'équipes de procureurs.
En août dernier, Michael Cohen a admis avoir enfreint les lois sur le financement électoral et avoir caché au fisc quelque quatre millions de dollars de revenus de ses sociétés de taxis.
Il a reconnu avoir versé 130 000 $ à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, en plus d'avoir organisé le versement de 150 000 $ à Karen McDougal, un modèle qui posait pour le magazine Playboy, pour acheter leur silence « principalement afin d'influencer l'élection présidentielle de 2016 ».
Il avait alors affirmé avoir agi « à la demande du candidat ». Les accusations avaient été portées par les procureurs fédéraux du district sud de New York.
Il y a deux semaines, l'avocat déchu a admis à l'équipe du procureur spécial Mueller avoir menti à des commissions du Congrès l'an dernier.
Il a reconnu que les négociations qu'il a contribué à mener avec la Russie au nom de Donald Trump pour faire aboutir une transaction immobilière se sont poursuivies jusqu'en juin 2016, alors que son client faisait campagne pour devenir président des États-Unis, et ne s'étaient pas terminées en janvier 2016 comme il l'avait déclaré en 2017.
Le juge Pauley a condamné M. Cohen à trois ans de prison pour les paiements effectués en violation de la loi sur le financement des campagnes électorales ainsi qu'à deux mois de prison pour les fausses déclarations. Les deux peines se dérouleront simultanément.
La peine d'emprisonnement ne commencera pas avant le 6 mars prochain.
Le juge a aussi condamné M. Cohen à verser près de 2 millions de dollars.
Deux portraits tranchés de Michael Cohen
Ironiquement, les deux équipes de procureurs ont offert des portraits contrastants de Michael Cohen.
Les procureurs fédéraux du district sud de New York l'ont décrit comme un homme trompeur, avide, peu disposé à coopérer pleinement à leur enquête et qui continuait de minimiser la gravité de ses actes. Dans leurs recommandations au juge Pauley, ils ont estimé qu'il n'avait pas coopéré suffisamment avec eux pour bénéficier d'une peine substantiellement réduite.
Michael Cohen a tout de même bénéficié d’une peine réduite pour l’aide apportée au procureur spécial Mueller.
Ce dernier a indiqué qu'il « avait déployé beaucoup d'efforts » pour l'aider dans son enquête sur la Russie et a recommandé que le tribunal en tienne compte. Michael Cohen a apporté des « informations vraies et pertinentes » touchant au cœur de l’enquête russe, a-t-il souligné.
M. Cohen risquait jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.
Entendu comme témoin dans l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection américaine, M. Cohen a accepté de coopérer avec le procureur spécial Mueller, qui mène le dossier depuis un an et demi.