Apprivoiser les chats sauvages

Annie Potvin, Annie Tremblay, Mélanie Fillion, Suzanne Harvey et Line Dupéré ont installé des appâts à Saint-Ambroise.
Photo : Radio-Canada / Catherine Paradis
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Difficile de trouver plus passionnés des chats que les membres du groupe Rescapés poilus Sag/Lac. Depuis 2013, des bénévoles trappent des chats errants aux quatre coins de la région pour leur offrir un toit dans une famille d'adoption.
Il est 6 h 30 du matin et il y a déjà une forte odeur de poulet en boîte dans la campagne de Saint-Ambroise.
Il y a tellement de chats ici. On a estimé à 15 et plus. Ça fait que si on peut en attraper quelques-uns, bien ça va libérer la place un peu
, explique Mélanie Fillion, une des membres du groupe Rescapés poilus.
Cette horde de chats errants a élu domicile sous la galerie d’une maison en bord de lac.
Équipées pour passer la matinée hivernale dehors, Mélanie Fillion, Suzanne Harvey, Annie Potvin, Annie Tremblay et Line Dupéré espèrent mettre la main au collet d’une femelle gestante pour éviter qu’elle n’ajoute une portée au problème qui trouble déjà le voisinage.
Une famille d’accueil bénévole est même prête à la recevoir pour permettre aux chatons de voir le jour à la chaleur.
De la rue au salon
Depuis la création du groupe en 2013, Rescapés poilus a rassemblé 8000 membres et s’est muni de cages trappes pour capturer les chats sauvages. Cette année seulement, environ 200 animaux errants ont été recueillis.
« Je me suis dit que le groupe que j’allais créer allait être une fenêtre sur ce qu’il se passe partout en ville. »
Les « zones rouges » sont les secteurs de Saint-Ambroise, de Saint-Honoré, de la Côte de la Réserve, du quartier Saint-Paul et du rang Saint-Paul dans l’arrondissement de Chicoutimi.
Les chats capturés qui peuvent être socialisés sont mis en adoption.
On a un contrat d’adoption, qui spécifie que l’animal doit rester à l’intérieur, qu’il doit être stérilisé, qu’il ne soit pas être dégriffé et qu’il voit un vétérinaire tous les deux ans. Les chatons sont donnés sous promesse de stérilisation
, explique Mélanie Fillion.
« Chaque fois qu’on en sauve un, c’est un sentiment de mission accomplie. »
L’an dernier, l’organisme a dépensé plus de 35 000 $ en frais vétérinaires. Le financement provient de dons et de collectes de fonds constantes.
La route du refuge
Deux chats répondent enfin à l’appel du poulet.
Les jeunes sont chanceux, mais à coup de plusieurs nouveaux venus par semaine, les adoptions ne suffisent pas.
Plusieurs animaux finissent plutôt par se retrouver dans les refuges ou à la Société protectrice des animaux (SCPA) qui peinent eux-mêmes à gérer les chats errants ou abandonnés.
Les bénévoles de Rescapés poilus savent trop bien que certains des animaux qu’ils amènent seront euthanasiés, parce qu’ils demandent trop d’investissements de temps et d’argent.
« Moi, je pense qu’une société qui prend soin de ses animaux, c’est une société qui est plus en santé. »
Dans la plupart des municipalités comme Saguenay, il demeure interdit de nourrir, de garder ou d’attirer des animaux errants.
Techniquement, oui, ce qu’on fait est illégal. On les nourrit et on fournit des abris chauffés. Mais, pour nous, les laisser mourir n’est pas la solution
, confie Suzanne Harvey.
Elle ajoute que les citoyens se sentent laissés à eux-mêmes quand ils voient des chats errants.
La Ville de Saguenay est justement en train d’élaborer une nouvelle politique animalière, qui devrait être en place d’ici 2020.
Entre-temps, le dévouement des Rescapés poilus reste toléré un peu partout dans la région.
Le travail continue
Après plusieurs heures au froid, force est de constater que même gestante, la chatte de Saint-Ambroise a finalement boudé l’odeur du poulet.
L’armée de bénévoles se promet de ne pas abandonner les chatons, dans l’espoir de revenir leur offrir le plus beau des cadeaux de Noël : une vraie maison chauffée.