Le recours à la mammographie doit être « repensé »

L'image d'une mammographie sur un écran
Photo : Radio-Canada / Archives
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs estime que la décision de subir une mammographie, si elle permet parfois de détecter plus tôt un cancer du sein, comporte aussi ses inconvénients. Elle devrait donc être partagée entre les femmes et leur médecin en fonction des valeurs et préférences des patientes.
Cet accent mis sur le partage de la prise de décision est au coeur de la mise à jour des lignes directrices du groupe, dévoilées lundi.
Pour les femmes ne présentant pas de risque élevé de cancer du sein, le groupe d'étude conseille de ne pas faire le dépistage chez celles de 40 à 49 ans et recommande une mammographie tous les deux à trois ans pour celles de 50 à 74 ans. Ces recommandations sont toutefois conditionnelles à l'importance relative qu'une femme accorde aux avantages et inconvénients potentiels du dépistage.
Car bien que le dépistage permette une « réduction modeste » du nombre de femmes qui meurent du cancer du sein, il entraîne également des inconvénients non négligeables dont les femmes doivent tenir compte dans leur prise de décision.
La Dre Guylène Thériault, du Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs, est consciente qu'il peut sembler « contre-intuitif » de refuser un test qui pourrait potentiellement détecter un cancer.
« Ce qu'on sait, c'est que dans ces cancers-là qu'on trouve plus tôt, il y a des cancers qui n'auraient pas évolué. Donc qui auraient vraiment été des cancers tortues, qui n'auraient [jamais] donné de symptômes à la patiente si elle n'avait pas été dépistée », explique-t-elle.
Combattre le surdiagnostic
Le principal inconvénient du dépistage est en effet le « surdiagnostic », c'est-à-dire la détection d'un cancer qui n'aurait pas causé de symptômes ou d'effets négatifs au cours de la vie d'une patiente. Puisque les médecins ne peuvent déterminer quels cancers progresseront et lesquels resteront stables, les femmes chez qui on a diagnostiqué la maladie reçoivent des traitements – chimiothérapie, radiothérapie, opération – dont les effets secondaires sont graves.
Le dépistage présente également un risque de « faux positifs » qui entraînent des tests supplémentaires en plus d'engendrer du stress inutile chez la patiente.
La Dre Thériault explique que certaines femmes dans la quarantaine, après avoir pris connaissance des avantages et inconvénients, décideront malgré tout de subir un test de dépistage. Et que d'autres, plus âgées, pour qui la mammographie est recommandée, choisiront plutôt de ne pas subir de test.
« Dans la [nouvelle] ligne directrice, on a regardé les études qui avaient évalué les valeurs et préférences des femmes quand elles connaissaient les bénéfices et préjudices. Dans la quarantaine, une bonne majorité des femmes, une fois informées, décidaient de ne pas se faire dépister. Tandis que dans la cinquantaine, il y avait quand même une bonne proportion qui décidaient de se faire dépister, mais il y en avait aussi qui décidaient de ne pas se faire dépister », dit-elle.
L'important, selon les lignes directrices, est de s'assurer que les femmes prendront une décision avec l'appui de leur médecin, après avoir été bien informées et en fonction de leurs valeurs.
« Si on est inquiète, on s'informe. Une fois qu'on a ces données-là, on décide ce qui est plus cohérent pour nous », souligne la Dre Thériault.
« Et il y a des choses qu'on peut faire aussi pour diminuer notre risque de cancer du sein, comme de l'activité physique régulièrement, limiter notre consommation d'alcool. Il y a des choses proactives qu'on peut faire », mentionne-t-elle.
Les chiffres du groupe d’étude
Pour 1000 femmes de 40 à 49 ans ayant subi un test de dépistage sur une période de 7 ans :
- 294 recevront un résultat dit faux positif;
- 43 subiront une biopsie non nécessaire;
- 7 recevront un diagnostic de cancer du sein.
Sur ces 7 femmes :
- 3 seront traitées pour un cancer du sein qui n'aurait jamais été problématique;
- moins de 1 décès dû au cancer du sein sera évité.
Pour 1000 femmes de 50 à 59 ans ayant subi un test de dépistage sur une période de 7 ans :
- 294 recevront un résultat dit faux positif;
- 37 subiront une biopsie non nécessaire;
- 12 recevront un diagnostic de cancer du sein.
Sur ces 12 femmes :
- 3 seront traitées pour un cancer du sein qui n'aurait jamais été problématique;
- 1 décès dû au cancer du sein sera évité.