Commission Viens : « Nous sommes toujours en situation coloniale », martèle l'ex-député Alexis Wawanoloath

Alexis Wawanoloath, étudiant en droit et ancien député de la circonscription d’Abitibi-Est
Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard
L'étudiant en droit et ancien député de la circonscription d'Abitibi-Est, Alexis Wawanoloath, a livré un vibrant plaidoyer contre l'extractivisme et a déploré la « situation coloniale » qui prévaut encore aujourd'hui. Selon lui, sans reconnaître ce fait, il est impossible de s'attaquer à la source du problème dans les relations entre les Autochtones et les non-autochtones.
Un texte de Thomas Deshaies
On ne peut pas parler de post-colonialisme. Les Anichinabés voient les lingots d’or, puis les trucks de bois leur passer sous le nez, puis ils n’ont pas accès au partage de la ressource
, s’est-il exclamé, à propos du contexte socioéconomique de l’Abitibi-Témiscamingue.
Alexis Wawanoloath estime que toutes les initiatives visant à la réconciliation ne constitueront que des « plasters sur des bobos », si on ne reconnaît pas que nous sommes toujours dans un monde colonial pour les Premières Nations
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M. Wawanoloath, qui est né à Val-d’Or, a aussi sévèrement critiqué l’extractivisme. On est dans une économie qui chauffe à blanc à Val-d’Or, a-t-il témoigné, en faisant notamment référence à la rareté de la main-d’œuvre. On chauffe à blanc puis on veut encore partir d’autres projets [miniers], pour aller encore extraire la ressource.
Stratégie de légitimation du colonialisme
Les communautés se retrouvent avec une tonne de consultations territoriales et le droit, c’est aussi un autre outil de la légitimation du colonialisme : les lois corporatives, la loi sur le claimage minier. Ce sont des manifestations coloniales
, s’est-il exclamé.
Il a aussi critiqué le terme réconciliation qui serait, selon lui, « imposé par le colonisateur. » Il a usé d’une analogie pour exprimer son point de vue. Georges a un beau bicycle, Jean lui vole. Ça fait un moment que Jean a volé le bicycle et il vient voir Georges pour lui dire qu’ils devraient être amis. Georges lui rappelle qu’il a volé son bicycle et Jean lui dit de laisser faire, de passer par-dessus
, a-t-il illustré.
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Une mauvaise expérience avec la Sûreté du Québec
Alors que des représentants des services publics ont à tour de rôle affirmé lors de leur témoignage devant la Commission Viens avoir mis en place des mesures pour améliorer les relations avec les premiers peuples, Alexis Wawanoloath ne cache pas son scepticisme.
Sans entrer dans les détails, il a fait état d’un récent événement en lien avec la Sûreté du Québec. La SQ devait prendre sa déposition en juin, mais il n’a jamais été contacté depuis.
Il affirme aussi avoir été mal reçu lorsqu’il a souhaité porter plainte en déontologie, dans une affaire dont il n’a pas fourni le contexte à la commission pour éviter de nuire à l’enquête. On diminue l’importance de ma plainte, a-t-il expliqué. Je peux douter très fortement de la sincérité [des forces de l’ordre] et qu’il y aura des grands changements dans ces institutions-là.
M. Wawanoloath a formulé le souhait que le gouvernement du Québec ne se contente pas des récentes « mesurettes » mises en place, faisant notamment référence au Poste de police communautaire mixte à Val-d’Or.
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L’étudiant en droit a aussi envoyé un message aux organismes pour les inciter à adapter leurs structures afin d’accueillir davantage de personnes issues des communautés autochtones. Il a notamment fait état de personnes qui avaient cru en lui, même si son profil ne correspondait pas aux normes, ce qui lui a permis de se rendre où il est aujourd’hui. Il faut donner des chances aux individus autochtones, a-t-il suggéré. Il faut qu’il y ait plus d’Autochtones [dans les institutions].