Les 20 ans d'un écrasement d'avion à Pointe-Lebel

Il y a 20 ans aujourd'hui, un avion de la compagnie Air Satellite s'écrasait à Pointe-Lebel, près de Baie-Comeau. L'événement a marqué la région. Sept des dix personnes à bord ont perdu la vie dans l'écrasement survenu environ deux minutes après le décollage.
Un texte de Olivier Roy Martin
Le 7 décembre 1998, une tragédie frappe Pointe-Lebel.
Ce matin-là, à l'aéroport de Baie-Comeau, l'avion d'Air Satellite s'envole vers Rimouski avec 8 passagers à bord, le pilote Jean-François Roch et la copilote, Soledade Lauzon.
Dans les secondes suivant le décollage, l'avion de type Islander devient instable et perd de la vitesse. Le pilote décide donc de faire demi-tour pour revenir à l'aéroport sans émettre de message d'urgence.
Pendant le virage, l'aile gauche pointe la mer et l'avion s'écrase près des rives de Pointe-Lebel, dans environ un mètre d'eau.
Prisonniers dans l'eau montante
La marée monte et l'eau glacée envahit l'habitacle de l'avion. Les passagers sont prisonniers, ceux qui ne sont pas déjà morts se noient. Le pilote et deux passagers se hissent sur le fuselage. Ils tentent d'y retenir la copilote inconsciente, mais la mer l'emporte.
La radiobalise de détresse de l'avion fonctionne mal, l'appareil demeure donc indétectable pour les secouristes.
Repérés par une enfant
C'est une enfant qui voit la carcasse de l'aéronef à partir d'une maison de Pointe-Lebel, 50 minutes après le crash. Sa mère avertit la Sûreté du Québec, qui demande à la compagnie Héli-Manicouagan d'intervenir.
Plus d'une heure et demie après l'écrasement, un hélicoptère de Héli-Manicouagan arrive sur les lieux et ramène les trois survivants sur la rive.
Les opérations de recherche se poursuivent la nuit, alors que les plongeurs récupèrent les corps de toutes les victimes, sauf celui de la copilote, qui n'a jamais été retrouvé.
Révélations troublantes du BST
Les nombreuses anomalies mécaniques et une légère surcharge de l'appareil font partie des facteurs qui expliquent l'accident, selon le Bureau de la sécurité des transports. Dans un rapport publié en 2002, on apprend que « l'état des moteurs et des alternateurs » de l'avion n'était pas « conforme aux exigences » en raison d'un « manque de surveillance » de la compagnie Air Satellite.
Le rapport indique également que les deux pilotes responsables du vol avaient « peu d'expérience dans ces conditions difficiles » et qu'ils pouvaient donc « difficilement prendre des décisions efficaces avant et pendant le vol ».
Le rapport du Bureau de la sécurité des transports est disponible ici (Nouvelle fenêtre)
La compagnie Air Satellite a été dissoute en 2008.
Le gouvernement demande une enquête publique du coroner
Pour faire la lumière sur le délai d'intervention des secours, le ministre de la Sécurité publique Serge Ménard met la coroner Anne-Marie David à la tête d'une enquête publique au palais de justice de Baie-Comeau.
Lors des audiences, le directeur de l'aéroport de Baie-Comeau,Serge Parent, fait valoir que le plan de mesures d'urgence ne permettait pas de dépêcher un hélicoptère avant d'avoir la certitude que l'avion s'était écrasé. Sans signal, il était impossible de le confirmer.
Mais selon les avocats des familles, l'aéroport de Baie-Comeau aurait contacté plus rapidement la compagnie Héli-Manicouagan si cette entreprise avait fait partie de la liste des intervenants de première ligne.
Procédures modifiées
À la suite de l'accident, l'aéroport de Baie-Comeau a inclu la compagnie Héli-Manicouagan comme intervenant de première ligne dans son plan de mesures d'urgence. Aussi, les employés de l'aéroport n'auraient plus à attendre d'avoir la certitude d'un écrasement avant de demander les services d'une compagnie d'hélicoptère.
L'enquête du Bureau de la Sécurité des Transports a signalé à Transports Canada des « problèmes liés à l'installation non conforme » de la radiobalise de repérage de détresse, qui a probablement été endommagée par l'eau lors de l'écrasement.