Il y a 50 ans, les Acadiens de Nouvelle-Écosse sauvaient leur université francophone

Une photo des manifestations de l'époque
Photo : Radio-Canada / Stéphanie Blanchet
Il y a 50 ans, l'Université Sainte-Anne jouait son avenir. La province proposait de déménager le campus dans une région anglophone, mais les étudiants ont répliqué avec une grève d'une ampleur inégalée.
Il avait alors été proposé que l’université, qui était un collège à cette époque, quitte Pointe-de-l’Église pour s’installer à Yarmouth. Cette proposition provenait d’un rapport provincial qui avait conclu que l’établissement n’était plus viable
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Cela avait poussé Guy LeBlanc, étudiant à l’époque, à agir. On a rencontré les élèves à 23 h, on leur a proposé notre plan.
Son idée : faire une grève. Le 5 décembre 1968, les étudiants la déclencheront pour empêcher le déménagement du campus de Sainte-Anne.
Deux semaines de manifestations
Les manifestations ont duré une quinzaine de jours. Toute la société civile acadienne s'est mobilisée.
Les parents, les élèves des écoles secondaires et des politiciens se sont joints au mouvement. C’était alors la plus grande mobilisation en Acadie, selon Émir Délic, professeur au Département d’études françaises à l’Université Sainte-Anne.
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Le 10 décembre, les manifestants font un coup d’éclat : ils brûlent l'effigie de Normand Belliveau, un médecin de l’Anse-des-Belliveau qui appuyait le déménagement.
Trois jours plus tard, l’école annule les examens et précipite les vacances de ses étudiants.
L'Université est sauvée
Finalement, après plusieurs événements, dont la création d’une commission d’enquête sur l’avenir de l’établissement, le mouvement peut crier victoire en 1970.
Le gouvernement de Gerald Regan, récemment élu, accepte de maintenir le campus de Saint-Anne à Pointe-de-l’Église.
Depuis, l’Université continue de former des étudiants dans les quatre grandes régions acadiennes de la province, souligne Émir Délic.
Avant la fondation de Sainte-Anne, il n'y avait pas un seul médecin acadien qui pratiquait en Nouvelle-Écosse, pas un seul avocat acadien, pas un seul instituteur acadien formé en français
, dit-il.
Un épisode formateur
Ce mouvement étudiant aura finalement été une expérience déterminante pour Guy LeBlanc, qui est devenu plus tard politicien et ministre de l’Éducation.
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Le mouvement aura favorisé l'émergence d'autres leaders acadiens dans la province, comme Gérald Comeau, qui est devenu député fédéral et sénateur, ainsi que Gilles LeBlanc et Paul Comeau, devenus plus tard directeurs généraux de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse.