Le président de l’AFO demande au fédéral de financer les quatre premières années de l’Université de l’Ontario français

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin
Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand
Après une rencontre décevante avec le premier ministre Doug Ford, le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), Carol Jolin, est venu plaider sa cause devant les membres du Comité permanent des langues officielles, mardi.
Un texte d’Angie Bonenfant
M. Jolin est venu demander au Comité, comprenant des membres de partis de toutes les couleurs
, d’agir rapidement pour sauver l’Université de l’Ontario français.
Il souhaite que le gouvernement fédéral finance les quatre premières années de cette nouvelle université, c'est-à-dire qu'il fournisse 40 millions de dollars. Cet investissement représenterait 50 % des coûts de démarrage, soit ceux des huit premières années de l'université.
M. Jolin précise toutefois qu’il ne s’agit pas d’un chèque en blanc
. Il faudrait un engagement solide de la part de la province de l’Ontario à financer de la même façon les quatre années subséquentes.
[Cette façon de faire] donnerait au gouvernement ontarien le temps de mettre de l’ordre dans ses finances
, a-t-il déclaré.
Le président de l'AFO a soutenu qu’il y aurait déjà une ouverture du côté fédéral de s’engager dans quelque chose comme ça
.
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Le bureau de la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a toutefois réitéré dans un communiqué, mardi, que le gouvernement fédéral pourrait financer l’Université de l’Ontario français, à la condition que le gouvernement de l'Ontario en fasse la demande.
Le président de l’AFO semble ne pas être d’accord avec cette approche. Je demande du leadership de la part du gouvernement fédéral, de prendre les devants et de mettre une pression sur le gouvernement de l’Ontario
, a-t-il déclaré devant les membres du Comité. Vous n’avez pas à attendre, vous pouvez faire les premiers pas.
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M. Jolin dit avoir envoyé une lettre incluant cette proposition mardi matin à la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney. Il espère que la ministre sera ouverte à une telle structure de financement.
On a hâte d’avoir des nouvelles du gouvernement provincial, parce que cela répond à la préoccupation qu'il avait, soit replacer les finances de la province et ensuite aller de l’avant avec l’Université de l’Ontario français
, a-t-il indiqué.
M. Jolin est engagé dans une véritable course contre la montre. L’université franco-ontarienne dépend présentement d’un budget annuel de 1,5 million de dollars qui arrive à échéance le 15 janvier prochain.
En fin de soirée mardi, le bureau de la ministre Mulroney a réagi par courriel à la possibilité d'un financement de l'Université de l'Ontario français par le gouvernement fédéral.
Nous croyons que les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens ont droit à leur juste part du gouvernement fédéral. Depuis plusieurs années, par exemple, les services en français en Ontario sont sous-financés par le gouvernement fédéral.
peut-on y lire.
Si le gouvernement fédéral est prêt à appuyer la communauté franco-ontarienne comme il le prétend, il devrait communiquer directement avec notre gouvernement. La ministre Joly n'a mentionné aucune volonté de financer l'Université lors de sa conversation avec la ministre Mulroney
. indique la réponse écrite du bureau de la ministre.
Réactions mitigées
Cette demande auprès du gouvernement fédéral a eu beaucoup d'échos parmi les membres du Comité permanent des langues officielles.
La solution est clairement du côté fédéral
, a tranché Steven Blainey, membre du comité et député conservateur de Bellechasse–Les Etchemins–Lévis.
Il y a eu un échange entre la ministre Joly et la ministre Mulroney. Comment se fait-il que la ministre Joly n’ait pas exercé son rôle de leadership en proposant, justement, de financer jusqu’à concurrence de 50 % les premières années de l’université franco-ontarienne?
, s’est-il questionné.
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La députée libérale d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, s’est montrée prudente devant la proposition de M. Jolin. Elle aimerait des garanties que le gouvernement ontarien respecte sa part du marché, si le projet devait se concrétiser.
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La province va peut-être dire : “C’est bon, je n’investis pas pendant quatre ans, mais dans les autres quatre ans, je vais peut-être dire autre chose ”
, a-t-elle exprimé.
Idéalement, la députée d’Ottawa-Vanier aimerait voir sur la table un scénario dans lequel la province assure une part de financement dès le départ
.