Des légumes plus chers et du bœuf meilleur marché en 2019

La consommation de viande a été liée aux émissions de gaz à effet de serre, à la déforestation, à l'obésité et au cancer.
Photo : La Presse canadienne / J. Scott Applewhite
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les familles canadiennes doivent s'attendre à payer plus cher leur panier d'épicerie l'an prochain, notamment les légumes, selon le Rapport canadien sur les prix alimentaires à la consommation 2019, mais le prix de la viande devrait connaître une baisse historique.
Un texte de Karoline Benoit
Les auteurs du rapport, des experts de l'Université Dalhousie et de l'Université de Guelph, estiment que le prix de la viande pourrait baisser de 1 % à 3 % dans la prochaine année en raison d'une perte d'intérêt de la part des consommateurs.
« C’est du jamais vu pour nous », indique le professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l'Université Dalhousie à Halifax et chef d’équipe du rapport, Sylvain Charlebois.
Ça fait neuf ans qu’on publie le rapport, et c’est la première fois qu’on indique qu’une catégorie de produits va être à la baisse durant la prochaine année.
L’équipe de chercheurs estime que les détaillants baisseront leurs prix en raison des surplus existants et de la chute de la demande, surtout pour le bœuf.
« Il y a beaucoup de bétail qui va arriver sur le marché, qui va être abattu, explique Sylvain Charlebois. Puis quand la demande est en baisse, il y a un surplus. C’est pour ça qu’on croit que les prix vont diminuer. »
La viande, de moins en moins populaire
Depuis quelques années, un nombre grandissant de Canadiens ont réduit leur consommation de viande – notamment de bœuf – pour se tourner vers des sources de protéines plus variées comme le poisson, le quinoa, les pois chiches ou les lentilles.
En 2017, le Canada a consommé 94 millions de kilos de moins [de bœuf] qu’en 2010.
Un sondage de l’Université Dalhousie effectué au mois de septembre révèle par ailleurs que plus de 6,4 millions de Canadiens suivent une diète qui restreint ou élimine la consommation de viande.
L’étude indique également qu’environ la moitié des Canadiens, soit 51,3 %, sont enclins à diminuer leur consommation de viande.

Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l'Université Dalhousie d'Halifax.
Photo : Radio-Canada / Peter Dawson
« Ils vont peut-être s’abstenir d’acheter une protéine animale ou ils vont simplement diminuer leur consommation », explique Sylvain Charlebois.
Même si l’équipe s’attend à ce que la demande pour le poulet et le porc demeure stable en 2019, elle prévoit une baisse « assez notable » de l’intérêt pour le bœuf.
Pour Sylvain Charlebois, les consommateurs ont été « effrayés » par la forte augmentation du prix du bœuf en 2014, où il avait grimpé de 25 % en quelques mois.
C’est là que le véganisme et le végétarisme ont émergé. Plus de gens ont commencé à regarder ailleurs pour d’autres sources de protéines.
Attirer les clients avec les bas prix
Les auteurs du rapport croient donc que les détaillants vont vouloir attirer la clientèle en baissant le prix de la viande, mais aussi ceux du poisson et des fruits de mer, qui pourraient chuter de 2 %.
« Beaucoup de monde pense que le poisson ou les fruits de mer sont chers, dit Sylvain Charlebois, alors [les détaillants] vont essayer de maintenir un prix stable pour inciter les gens à acheter ces produits-là. »
Si certains consommateurs peuvent être séduits par cette baisse du prix de la viande, il est peut-être trop tard pour d’autres, « qui sont déjà passés à autre chose », croit le chercheur.
« Je ne sais pas si une agressivité au niveau du prix du bœuf va faire une différence en 2019 », se questionne-t-il.
Les auteurs du rapport prévoient que le prix de la viande continuera de diminuer jusqu’à la fin de 2020.
Panier d’épicerie plus cher en 2019
Les experts prévoient par ailleurs une hausse globale du coût des aliments, qui pourrait atteindre 3,5 % en 2019. Une famille moyenne devra donc s'attendre à payer 411 $ de plus en 2019 que cette année pour son panier d’épicerie.
Ce sont les légumes qui devraient subir la hausse la plus marquée. Selon le rapport, leur prix pourrait grimper de 4 % à 6 %.
« C’est l’effet El Niño », croit Sylvain Charlebois, en parlant du phénomène qui doit avoir lieu en 2019.
Ce qui risque d'arriver avec El Niño, c'est qu'il va y avoir un manque d'humidité dans les régions où on s'approvisionne beaucoup en légumes, notamment aux États-Unis et au Mexique. Alors c'est pour ça qu’on [prévoit] que les prix vont augmenter en 2019.
Les produits laitiers, les œufs, les fruits, les noix, le pain et les céréales devraient aussi coûter un peu plus cher en 2019.