Wade MacLauchlan nie avoir tourné le dos aux francophones de l'Î.-P.-É.

Le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Wade MacLauchlan, assure que les relations entre le gouvernement et les francophones sont bonnes... sauf avec la Commission scolaire de langue française.
Photo : Julien Lecacheur
S'il y a des tensions entre le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard et la communauté acadienne et francophone de la province, c'est parce que la Commission scolaire de langue française (CSLF) et surtout son président, Émile Gallant, « préfèrent jouer à des jeux politiques », affirme le premier ministre Wade MacLauchlan.
Un texte de François Pierre Dufault
Le premier ministre, qui est aussi responsable des Affaires acadiennes et francophones, assure que son gouvernement n'a pas tourné le dos à la francophonie insulaire. On s'entend très bien avec la communauté et avec ses représentants
, dit-il, faisant référence, entre autres, à l'investissement de 1 million de dollars de la province dans l'organisation du Congrès mondial acadien 2019.
Depuis quelques semaines, pourtant, une série de commentaires et d'incidents impliquant des ministres du gouvernement libéral sèment le doute, voire la colère au sein de la communauté de langue française.
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Wade MacLauchlan impute la responsabilité de ces tensions à la CSLF qui, selon lui, cherche à en découdre avec le gouvernement libéral pour des raisons essentiellement politiques. S'il y a un problème, c'est avec la Commission scolaire
, avance-t-il lors d'une entrevue exclusive avec Radio-Canada, la première qu'il ait accordée depuis le début de la session parlementaire, à la mi-novembre.
Le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard rappelle que son gouvernement a investi depuis cinq ans près de 30 millions de dollars
dans l'agrandissement de l'École François-Buote à Charlottetown, dans le déménagement de l'École La-Belle-Cloche à Rollo Bay, et plus récemment dans l'agrandissement de l'École-sur-Mer à Summerside.
Je serais surpris d'entendre dire qu'on n'a pas priorisé [les écoles de langue française] dans nos budgets d'immobilisation.
Wade MacLauchlan dit qu'il n'est pas en désaccord
avec son ministre de l'Éducation et du Développement préscolaire, Jordan Brown, lorsque celui-ci reproche à la CSLF son inconstance en matière de projets d'infrastructure.
Le premier ministre reproche lui-même à la CSLF d'avoir priorisé, pour l'an prochain, un projet de remplacement de l'École Évangéline alors que les travaux d'agrandissement de l'École-sur-Mer ne sont pas terminés et que les coûts du projet ont augmenté de 3 millions de dollars par rapport aux estimations initiales de la Commission
.
La CSLF a fait de l'École-sur-Mer sa priorité l'an dernier. Le projet n'est pas fini. Le budget a augmenté. C'est ce qui est reflété dans notre [plus récent] budget d'immobilisation
, explique Wade MacLauchlan.
L'absence de fonds dans le plus récent et plus important budget d'immobilisation de l'histoire de l'Île-du-Prince-Édouard pour rénover ou remplacer l'École Évangéline, construite dans les années 1960, a provoqué une onde de choc au sein de la francophonie insulaire.
Pour sa part, Wade MacLauchlan invite la communauté acadienne et francophone à se questionner quant au leadership de la CSLF. Il laisse entendre que le président de l'administration scolaire, Émile Gallant, qui est d'allégeance progressiste-conservatrice, préfère jouer à des jeux politiques
et agir de manière partisane
plutôt que de travailler avec le gouvernement libéral dans le meilleur intérêt des six écoles de langue française.
D'après moi, il faut que la CSLF soit bien représentée [...] et que les relations entre la CSLF et le gouvernement soient le plus possible constructives, positives et basées sur des faits. C'est ça que j'encourage.
Lors du dépôt du budget d'immobilisation, à la mi-novembre, le ministre Jordan Brown a accusé à son tour la CSLF de se livrer à des machinations politiques
, ce qu'a nié le président de l'administration scolaire.
Voilà plusieurs mois que les relations sont tendues entre la CSLF et le gouvernement libéral. Rappelons qu'en avril dernier, l'administration scolaire a mis en demeure le gouvernement, l'accusant d'utiliser à mauvais escient des fonds fédéraux destinés à l'enseignement du français en milieu minoritaire.
Dans la foulée de l'affaire Biggar, le premier ministre Wade MacLauchlan se dit aussi prêt à rencontrer des représentants de la Société Saint-Thomas d'Aquin (SSTA) afin de discuter, comme le demande l'organisme porte-parole de la francophonie insulaire, d'actions positives de sensibilisation
des élus et des employés du gouvernement à la Loi sur les services en français (LSF).
Début novembre, la ministre des Transports, de l'Infrastructure et de l'Énergie et ministre de la Condition féminine, Paula Biggar, a soulevé une controverse en répondant I don't speak French
à un courriel en français que lui avait fait parvenir une résidente de la région Évangéline.
La ministre s'est excusée à l'Assemblée législative pour sa réponse brusque
. En entrevue avec Radio-Canada, elle a aussi reconnu qu'elle ignorait qu'en vertu de la LSF, elle avait l'obligation de répondre en français à une correspondance dans cette langue.
Je crois que Mme Biggar s'est exprimée de façon claire et nette et que ses regrets ont été acceptés par la communauté
, estime pour sa part Wade MacLauchlan.