Trudeau aborde le prince saoudien au sujet du Yémen, de Khashoggi et de Badawi

Le premier ministre Justin Trudeau affirme qu'il a discuté de sujets sensibles avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a abordé de front certains sujets épineux avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) en marge du G20, qui se tient en Argentine.
Un texte de notre envoyé spécial Louis Blouin et de Vincent Champagne
Alors qu’aucune rencontre officielle n’était prévue entre les deux hommes, M. Trudeau a eu l’occasion d’exiger de la part du prince « une meilleure réponse » des autorités saoudiennes en ce qui concerne le meurtre de Jamal Khashoggi.
Le journaliste saoudien en exil a été tué au consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul, alors qu’il s’y trouvait pour récupérer des documents officiels. Le gouvernement saoudien, s’il a blâmé des agents de l’État, a nié que le prince héritier ait eu connaissance de l’opération.
Justin Trudeau affirme qu’il a également abordé la question de la crise au Yémen avec le prince ben Salmane, lui disant être « extrêmement préoccupé ». Il lui a notamment parlé du « besoin d’avoir un cessez-le-feu immédiat pour permettre de l’aide humanitaire ».
Enfin, M. Trudeau affirme qu’il a rappelé la préoccupation des Canadiens au sujet du sort de Raïf Badawi, un blogueur saoudien emprisonné pour avoir été critique du régime, et dont l’épouse et les enfants ont trouvé refuge au Québec.
Le Canada va toujours se tenir, clairement, haut et fort, pour parler des droits de la personne.
Justin Trudeau s’est également adressé au président russe Vladimir Poutine, abordant avec lui le sujet des marins ukrainiens capturés par la marine russe.
« Je lui ai dit qu’il fallait qu’il remette en liberté ces marins et qu’il permette l’accès à la mer d’Azov », a déclaré Justin Trudeau en point de presse. « C’est quelque chose que j’ai dit directement au président Poutine hier matin. »
Dimanche dernier, trois navires ukrainiens ont été interceptés par des vaisseaux russes alors qu’ils tentaient de traverser le détroit de Kertch, auquel ils ont pourtant accès en vertu d’un traité bilatéral.
Une vingtaine de marins ukrainiens ont été capturés lors de l'opération. Au moins six d'entre eux auraient été blessés par des tirs en provenance de bâtiments russes, selon le gouvernement ukrainien.
Aucune discussion, même informelle, n’avait été prévue avec le président russe ou avec le prince héritier saoudien, mais les occasions se sont finalement présentées. Pour ses rencontres en tête-à-tête, Justin Trudeau avait décidé de rester en terrain ami : Theresa May, de la Grande-Bretagne, Emmanuel Macron, de la France, ou Christine Lagarde, du Fonds monétaire international.
Avant le départ de Justin Trudeau vers Buenos Aires, Amnistie internationale Canada lui avait demandé d’exprimer ses préoccupations directement à MBS sur les questions des droits de la personne, de l’affaire Khashoggi et du conflit au Yémen.
De manière plus formelle, devant tous les dirigeants réunis lors de la première séance de travail des leaders, vendredi, le premier ministre aurait déjà réclamé un cessez-le-feu au Yémen pour permettre la création d'un corridor humanitaire afin d'aider les victimes du conflit. Il aurait aussi exprimé ses inquiétudes à propos de l'escalade des tensions au large de la Crimée et aurait demandé la libération des marins ukrainiens détenus par les Russes.
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Le président Emmanuel Macron, lui, n’a pas hésité à s’adresser directement au prince héritier en marge du Sommet. « Je suis inquiet », a-t-il fait valoir à Mohammed ben Salmane dans un échange de quelques minutes capté sur vidéo. « Vous ne m’écoutez jamais », a-t-on pu l’entendre dire.
Selon l’Élysée, le président français a livré un message ferme à son homologue saoudien et a réclamé que des experts internationaux soient associés à l’enquête sur l’affaire Khashoggi. M. Macron a aussi exprimé le besoin d’une solution politique au Yémen.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec le prince Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite au sommet du G20 à Buenos Aires.
Photo : Getty Images / BANDAR AL-JALOUD
La première ministre britannique, Theresa May, s’est aussi adressée à MBS pour lui demander que les responsables de la mort de Jamal Khashoggi rendent des comptes.
Samedi, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait l’intention de rencontrer le président russe, qu’elle tient responsable de l’escalade de tensions avec l’Ukraine après l’incident au large de la Crimée.
Déclaration sur l'Ukraine
Le Canada a misé sur une autre façon de faire passer son message et a piloté, vendredi, une déclaration commune des pays du G7 concernant la situation en Ukraine.
« Nous lançons un appel urgent à la retenue, au respect du droit international et à la prévention de toute nouvelle escalade. Nous demandons à la Russie de libérer les équipages et navires détenus et de s’abstenir d’entraver les déplacements légaux dans le détroit de Kertch », pouvait-on lire dans le document.
En ce qui a trait à l’affaire Khashoggi, le Canada a annoncé, jeudi, des sanctions ciblées à l’endroit de 17 ressortissants saoudiens jugés responsables ou complices du meurtre du journaliste.