La Déclaration universelle des droits de l’homme était signée il y a 70 ans
L’avocat canadien John Humphrey a participé à l'ébauche de la Déclaration universelle des droits de la personne.
Photo : Radio-Canada / Reportage de l'émission Aujourd’hui du 10 décembre 1963
Le 10 décembre 1948, trois ans après la fin d'une guerre brutale, une soixante de pays signent la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ce document de référence balise les droits fondamentaux des êtres humains et tente de conscientiser le monde à leur respect. Nos archives dévoilent l'opinion de ceux et celles qui se sont affairés à appliquer ses grands principes.
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Un nouvel ordre mondial se met en place avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale en 1945. Les atrocités vécues pendant ce conflit ont meurtri les pays et leurs populations. Plusieurs États ont donc à cœur de faire revivre l’espoir et protéger l’humanité contre les abus, l’inégalité et la violence.
C’est dans cet esprit que la Déclaration universelle des droits de l’homme est adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies à Paris le 10 décembre 1948.
Le document fait du respect des droits de la personne une préoccupation d'ordre international.
C’est un avocat canadien qui est à l’origine de cette déclaration historique. En effet, John Peters Humphrey en a rédigé l’ébauche qui fut par la suite adoptée.
Il dirigeait à cette époque, et jusqu’en 1966, la Division des droits de l'homme du Secrétariat des Nations unies. En 1973, il fonde la branche canadienne d’Amnistie internationale.
John Humphrey est interviewé à l'émission Aujourd'hui du 10 décembre 1963. Quinze ans après la signature du document, il concède que les principes développés pour régir les droits de la personne ne sont pas toujours respectés.

Entrevue avec l’avocat canadien John Humphrey, directeur de la division des Droits de l'homme aux Nations Unies, sur la Déclaration universelle des droits de la personne.
Malgré le non-respect de certains pays, l'avocat n’exclut pas l'influence profonde qu'a eue la Déclaration dans le monde. Le texte est notamment reproduit dans la Constitution de nombreux pays africains.
Louise Arbour, alors procureure générale du Tribunal pénal international pour le Rwanda et l’Ex-Yougoslavie, s’aligne à cette vision. Elle ajoute qu’on ne peut minimiser l’impact et l’application du document dans les droits nationaux.
Mais, à l’occasion du 50e anniversaire de sa signature, elle reconnaît que les gestes concrets ont été lents à se substituer à la parole et à la volonté.
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Dans un entretien avec le journaliste Stéphan Bureau à l’émission Le Point du 9 décembre 1998, Louise Arbour dresse un bilan réaliste et mitigé sur la Déclaration universelle.

Le journaliste Stéphan Bureau s’entretient avec Louise Arbour, procureure générale du Tribunal pénal international, à l’occasion du 50e anniversaire de sa signature.
Elle soutient que la Déclaration universelle des droits de l’homme, malgré les lacunes, n’en demeure pas moins un document énonçant des « principes justes et justement universels ».
Elle a en effet permis d’établir les bases d’un monde où le droit doit primer sur l’arbitraire.
Mais, selon Louise Arbour, on pourrait et on devrait en faire plus pour la protection des droits de l’homme à l’échelle planétaire.
Le Tribunal pénal international est certes une grande avancée pour la cause. Mais il y a un manque de moyens pour appréhender et juger ceux qui commettent des crimes contre l’humanité.
Le chemin qu’il faut encore gravir en matière de droits fondamentaux reste donc long et périlleux. Mais la défense des droits de l’homme demeure une priorité aujourd’hui plus que jamais.