Le plan environnemental de Doug Ford lutte-t-il contre le changement climatique?

Le plan environnemental de l'Ontario, présenté par le gouvernement de Doug Ford, ne satisfait pas les alliés de la lutte contre le changement climatique.
Photo : Reuters / Peter Andrews
Les conservateurs de Doug Ford ont présenté jeudi leur plan pour réduire les émissions polluantes dans la province. Ce plan environnemental n'est pas assez ambitieux selon certains environnementalistes et politiciens de l'opposition.
Un texte de Myriam Eddahia
La nouvelle approche choisie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Ontario a attiré la grogne de plusieurs environnementalistes et politiciens de l’opposition.
L’Ontario tourne toujours le dos au marché du carbone et introduit sa Fiducie de carbone de l'Ontario comme alternative.
Des environnementalistes et politiciens de l’opposition jugent que les actions proposées ne permettront pas d’atteindre la cible de réduire les émissions GES de la province de 30 % par rapport à 2005 d'ici 2030.
Le professeur d'économie de l'environnement à l'Université de Sherbrooke, Alain Webster, doute de l’efficacité de ce plan environnemental avec l’élimination de la taxe sur le carbone.
La mesure qui permet de réduire les GES c’est la tarification du carbone parce qu’on amène les entreprises à choisir les solutions les plus efficaces et les plus pertinentes pour réduire leurs émissions de gaz
, dit M. Webster.
Selon lui, le plan présenté jeudi n’est pas aussi vert que le gouvernement ontarien le prétend.
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Le gouvernement progressiste-conservateur affirme que son plan est réaliste et avantageux pour les Ontariens.
Ce plan établit un bon équilibre entre la santé de l'environnement et la croissance économique
, a déclaré Rod Phillips, ministre de l'Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, par voie de communiqué.
Par la création de la Fiducie de carbone de l'Ontario avec un fonds de 350 millions de dollars et la mise en place d’une enchère inversée de 50 millions de dollars, toutes deux sur quatre ans, le gouvernement ontarien croit qu’il atteindra son objectif.
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Selon le porte-parole de Greenpeace Canada, Keith Stewart, ce plan environnemental est lacunaire et manque d’actions concrètes.
Avec cette approche, on paye les entreprises pour ne pas polluer plutôt que de les faire payer s’ils polluent. C’est dire que les contribuables vont payer le secteur industriel pour ne pas polluer
, dit M. Stewart.
Peu d’actions
En 1990, les émissions de gaz à effet de serre de l’Ontario s’élevaient à 179 mégatonnes (Mt), selon l’Inventaire canadien des gaz à effet de serre.
L’Ontario a déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 22 % par rapport à 2005, surtout grâce à la fermeture des centrales au charbon et à la réduction des émissions industrielles.
La province ontarienne ne fait donc pas plus que ce qui est fait par le gouvernement fédéral à l’échelle du pays, selon Keith Stewart.
1990 ou 2005?
L’Ontario utilise 1990 comme point de référence des cibles qu’il se donne, ce qui est la pratique établie dans la communauté internationale, et cette pratique est en harmonie avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
, peut-on lire dans la Stratégie de l’Ontario en matière de changement climatique publié en 2015 par le gouvernement de Kathleen Wynne.
Les cibles de réduction du gouvernement de Kathleen Wynne étaient de 15 % en 2020, de 37 % en 2030 et de 80 % en 2050 par rapport aux niveaux d’émissions de 1990.
Selon les données tirées du rapport sur les émissions de gaz à effet de serre, l’Ontario a atteint sa cible pour 2014 de réduire les émissions de 6 % par rapport à 1990
, écrit le gouvernement libéral de Kathleen Wynne.
En 2005, la province émettait 205 mégatonnes (Mt), selon les chiffres de l’Inventaire canadien des gaz à effet de serre.
L’année 2005 était une des années les plus polluantes depuis 1990.
Le gouvernement fédéral de Stephen Harper s’est basé sur les chiffres les plus récents à l’époque soit ceux de 2005 alors qu’il prenait le pouvoir en février 2006.
Le gouvernement de Justin Trudeau a continué à se baser sur ces chiffres, malgré les recommandations de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Le fait que l’évaluation de la réduction des émissions de GES soit faite sur une base initiale différente peut porter à confusion, selon Keith Stewart.
C’est plus avantageux pour les gouvernements d’utiliser la référence de 2005 parce que le progrès semble plus considérable
, dit-il.
Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, Rod Phillips, consultera différents acteurs du secteur industriel en 2019 pour discuter de la réduction des émissions de GES.