Les Franco-Ontariens se font voir et entendre à Ottawa et dans l'Est ontarien

Plus d'un millier de personnes ont manifesté pour les droits des Franco-Ontariens à Ottawa le 1er décembre 2018.
Photo : Radio-Canada / Michel Aspirot
Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi après-midi à Ottawa et dans plusieurs communautés de l'Est ontarien, notamment à Hawkesbury et à Cornwall, pour protester contre les compressions du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford dans les services en français.
Dans la capitale du Canada, plus de 5000 personnes ont pris part à un grand rassemblement dans le secteur de l'hôtel de ville, selon les organisateurs. Les groupes Rats de Swompe et Improtéine, ainsi que Kimya, entre autres, ont offert des prestations aux personnes rassemblées.
C’est fantastique de voir comment la communauté a répondu à notre appel
, s'est réjoui Carol Jolin, président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), qui coorganisait l'événement.
La manifestation a débuté comme telle à 13 h avec des discours près du monument pour les droits de la personne.
Le conseiller municipal du quartier Rideau-Vanier d’Ottawa, Mathieu Fleury, a montré les crocs devant la foule. Il a expliqué que la communauté francophone demandait trois choses au gouvernement Ford. On veut ramener les pouvoirs au commissaire. On veut s’assurer qu’il y ait une université francophone en Ontario. On veut appuyer l’art et la culture — on veut s’assurer de l’avenir de la Nouvelle Scène
, a-t-il déclaré.
La francophonie canadienne est rassemblée, c'est un moment dont on va se rappeler ensemble, que l'on va raconter à nos enfants et nos petits enfants. Aujourd'hui, nous sommes tous Franco-Ontariens! 💚💚 #LaRésistance #onfr #FRCan #polcan pic.twitter.com/2D1tTOo7Ub
— Mélanie Joly (@melaniejoly) 1 décembre 2018
La ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a présenté elle aussi un discours. Vous savez aujourd’hui ce qu’on fait? On fait en sorte de défendre une vision de notre pays
, a dit la ministre Joly. Une vision qui depuis 151 ans fait en sorte que les francophones ont leur place au Canada.

La députée nouvellement indépendante de la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell, Amanda Simard, se trouvait pour sa part à Clarence-Rockland dans le cadre d'une manifestation. Elle a affirmé être fière de voir tous ces gens s'afficher.
Après une semaine mouvementée, la cadence ne ralentit pas pour la jeune députée. Je ne me suis pas reposée encore, mais, aujourd’hui, je me sens tellement pleine d'énergie. Ce sont les gens qui me donnent de l’énergie — les gens de chez nous, mais de partout au Canada
, a-t-elle dit.
Mme Simard ne regrette pas d’avoir fait le saut comme indépendante. Selon elle, les gens comprennent qu'elle ne pouvait pas faire entendre sa voix au sein du caucus progressiste-conservateur. Comme indépendante, je risque d’avoir une meilleure voix
, a-t-elle fait valoir.
Le maire sortant de Casselman, Conrad Lamadeleine, manifestait également à Clarence-Rockland. Sur sa pancarte, on pouvait lire le message Vous avez réveillé un géant dormant
.
À Toronto, quand je suis allé il y a deux semaines, on avait l’impression qu’il n’y aurait pas de problème avec les francophones. J’ai dit : "Vous vous êtes trompés"
, a expliqué M. Lamadeleine.
Le chanteur franco-ontarien Damien Robitaille, qui réside au Québec, a participé au rassemblement de Hawkesbury, puisque c'est important pour lui d'appuyer sa communauté franco-ontarienne.
Les coupes du gouvernement Ford sont inacceptables. Ce sont des services dont on a besoin
, a fait valoir l'artiste, ajoutant qu'il ne voulait pas rater cette occasion de s'exprimer.
De côté de Cornwall, les organisateurs ont affirmé que 450 personnes ont pris part à la manifestation.
Appuis en provenance du Québec
Le drapeau franco-ontarien flotte d'ailleurs sur une des tours du parlement québécois et devant l'hôtel de ville de Gatineau en guise d'appui au combat mené par les francophones de l'Ontario.
Des autobus ont été nolisés en provenance du Québec pour venir soutenir les Franco-Ontariens à Ottawa, a affirmé Maxime Laporte, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM). Ce n’est pas nouveau, la SSJBM a toujours été là, au temps du règlement 17, au temps de Montfort. Alors, on est fidèle à nos traditions
, a-t-il dit.
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Pour Mathieu Lacombe, ministre québécois responsable de l’Outaouais, il était important d’être sur place, parce que la francophonie est fragile
au Canada selon lui. Cette lutte-là, ce sont les Franco-Ontariens qui vont la mener. Ils le font actuellement, ils vont le faire par le passé. Nous, notre rôle, c’est de les appuyer
, a affirmé le député du comté de Papineau.
#LaResistance #FrancoForts #CornwallFranco pic.twitter.com/DFbdFlP0nw
— caroline bourret (@carsbycaroline) 1 décembre 2018
Rappelons que ces manifestations font suite à la décision du gouvernement ontarien de supprimer le Commissariat aux services en français et de mettre sur la glace le projet de l'Université de l'Ontario français.
Après la grogne soulevée dans la communauté francophone à travers le Canada par ces changements, le premier ministre Doug Ford est en partie revenu sur sa décision.