Quand l'anorexie se conjugue au masculin

Yoann Dessery a souffert d'anorexie.
Photo : Radio-Canada / Nicole Germain
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le trouble de l'anorexie est majoritairement associé aux femmes : seule 1 personne qui en souffre sur 10 est un homme.
Yoann Dessery est l’un d’eux. Il a souffert d'anorexie pendant près de trois ans.
« J'ai voulu commencer à perdre trop de poids et je ne mangeais pas assez par rapport au nombre de courses que je faisais », raconte-t-il.
Il s’est imposé un régime alimentaire strict, un comportement qu'il associe notamment à son besoin de performer lors de ses marathons.
« Je mangeais santé, mais trop santé aussi, je regardais tout, j'avais éliminé beaucoup de choses à mon alimentation », ajoute-t-il.
Pendant cette période, le poids de Yoann est passé de 83 à 66 kilos (de 182 lb à 145 lb), un constat qui aurait dû alerter le jeune chercheur en science de la santé. Cordonnier mal chaussé, résume-t-il.
« Parfois, j'avais des vertiges pendant que je courais. J'avais souvent faim, mais je ne mangeais pas. »
Chercher de l’aide

Charlérie Blais-Pouliot de la Maison l'Éclaircie
Photo : Radio-Canada
La chose qui fait qu'il y a moins d'hommes, c'est que c'est une maladie qui est stéréotypée féminine depuis des années, et là on est en train de créer un mouvement que les hommes peuvent aussi avoir cette maladie
Le jeune homme de 32 ans est venu chercher de l'aide à la Maison l'éclaircie, un organisme qui offre des services gratuits aux personnes aux prises avec un trouble alimentaire.
Premier constat : le trouble ne fait pas de distinction entre les deux sexes.
« L'anorexie, c'est une restriction alimentaire, souligne l'intervenante sociale Charlélie Blais-Pouliot.
« La perception du corps va aussi être changée chez les hommes. Ça va être la même chose, mais souvent ils vont utiliser l'activité physique comme comportement compensatoire », ajoute-t-elle.
Après son passage à la Maison l'éclaircie, Yoann a repris graduellement le contrôle de sa vie.
« J'ai repris du poids. J'ai recommencé aussi à manger un peu de tout », raconte celui qui pouvait auparavant passer de 15 à 20 minutes avant de choisir ce qu'il allait manger.
Un esprit sain dans un corps sain, dit l'adage, et pour y arriver, Yoann Dessery a ralenti la cadence de ses courses.
« Je cours encore, mais beaucoup moins souvent. J'ai plus varié mes activités », conclut-il.
D’après un reportage de Nicole Germain