La Ville de Montréal songe à interdire les publisacs

Quelque 900 000 sacs de circulaires seraient distribués chaque semaine à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Dominic Brassard
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après avoir étudié le budget 2019 de la Ville de Montréal, la commission sur les finances et l'administration recommande, entre autres choses, de réfléchir aux impacts causés par la distribution des publisacs – une suggestion qui n'est pas passée inaperçue au sein de l'administration Plante, qui consultera la population sur le sujet après les Fêtes.
« Évaluer les coûts environnementaux et financiers de la distribution à grande échelle des publisacs » : la recommandation ne fait pas plus d'une phrase dans le rapport de l’étude publique du budget. Mais elle a fait du chemin depuis son adoption à l'unanimité par les membres de la commission, mardi.
Mercredi matin, alors que s'amorçaient les débats sur le budget au conseil municipal, le président du comité exécutif de la Ville, Benoit Dorais, a fait savoir qu'il entendait examiner la question au cours de la prochaine année.
« On va s'y pencher assurément, en ayant bien sûr en tête que très souvent les journaux locaux – les journaux qui donnent le plus de nouvelles sur la politique municipale – sont distribués via le publisac », a-t-il rappelé.
Pour nous, c'est donc une question qui est pertinente, autant d'un point de vue environnemental [que] sociétal.
L'examen de l'impact des publisacs figure parmi les recommandations de la commission visant à « améliorer le bilan environnemental de la Ville de Montréal » que M. Dorais se promet d'étudier dans les prochains mois.
Les Montréalais seront consultés
En fait, cette question fera l'objet d'une consultation qui aura lieu dans la cadre de la révision du plan directeur de gestion des matières résiduelles par la commission sur l'eau, l'environnement, le développement durable et les grands parcs.
C'est ce qu'a fait savoir en fin d'après-midi le responsable de l'environnement au comité exécutif, Jean-François Parenteau, lors d'une mêlée de presse à l'hôtel de ville. La consultation aura lieu dans les trois premiers mois de 2019, a-t-il indiqué.
« Ce qu'on regarde, présentement, c'est de réduire de 50 % [les matières destinées] à l'enfouissement et de réduire à la source les produits qu'on doit traiter », a expliqué M. Parenteau.
La réflexion est plus large que juste le publisac.
« Le publisac pourrait être dans un sac de papier, tout entièrement recyclable, c'est une option, a-t-il illustré. Aussi, est-ce qu'on veut encore ce type de distribution aux portes? [...] Il faut se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, on recevait un bottin de téléphone de trois ou quatre pouces à toutes le portes de façon systématique. C'est complètement disparu aujourd'hui. Alors il y a l'évolution, l'air du temps, et puis on va voir comment les gens vont s'ajuster par rapport aux consultations qu'on fera. »
Il n'est donc pas exclu que la Ville de Montréal en vienne à la conclusion que le temps est venu d'interdire la distribution de publisacs à Montréal. « Tout ça fait partie de la réflexion », a reconnu M. Parenteau.
Une idée dans l'air du temps
Les publisacs sont aussi dans la ligne de mire d'un résident de Rosemont–La Petite-Patrie qui mène depuis des mois une campagne contre ces circulaires à Montréal et ailleurs.
Charles Montpetit tente actuellement de recueillir les 15 000 signatures qui obligeraient la Ville à tenir une consultation publique sur le sujet.
« Nous ne cherchons pas à faire "interdire" les publisacs, mais bien à les faire distribuer aux gens intéressés seulement, ce qui est très différent », a-t-il rappelé à Radio-Canada mercredi.
En attendant, il souhaiterait à tout le moins que la Municipalité impose une amende au distributeur lorsque ses camelots déposent leurs circulaires à une adresse où un autocollant spécifie qu'elles ne sont pas acceptées – une infraction qui survient fréquemment, déplore-t-il.

M. Montpetit a d'ailleurs reçu une mise en demeure récemment de TC Transcontinental pour avoir publié une caricature montrant un camion de poubelles déversant des publisacs directement dans la mer, a-t-on appris mardi matin dans La Presse et Le Devoir.
Au Québec, TC Transcontinental est la seule entreprise à distribuer des publisacs. Québecor, qui avait tenté de percer le marché il y a plusieurs années avec son « Sac Plus », a mis fin à l'expérience en 2013.
En Nouvelle-Écosse, le conseil municipal d'Halifax a voté pour sa part en avril dernier la formulation d'un arrêté pour réglementer les circulaires, sans toutefois les bannir totalement du paysage.
Faut-il bannir les publisacs? Annie Durocher en a discuté au 15-18 avec Marc Olivier, chargé de cours au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable de l'Université de Sherbrooke.