Première au Québec : un programme collégial sur le cannabis va de l'avant

Une attestation d'études collégiales en transformation du cannabis verra le jour au Cégep de l'Outaouais. Le programme doit être repris dans trois collèges du Québec.
Photo : iStock
Le Cégep de l'Outaouais a obtenu cet automne l'aval du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur pour développer un premier programme de transformation du cannabis. Une vingtaine d'étudiants pourraient faire leur entrée en classe dès le printemps, si tout va comme souhaité.
Un texte de Roxane Léouzon
Après avoir consulté plusieurs partenaires de l'industrie cet été, les responsables du programme ont déterminé que les besoins étaient particulièrement importants pour le travail post-récolte. Les étudiants de cette attestation d'études collégiales apprendront donc notamment divers procédés d'extraction d'huile de cannabis, qui sera recherchée pour intégrer le cannabis dans les produits alimentaires et cosmétiques.
Le cadre légal dans lequel les gens travaillent est très exigeant, alors il y aura des cours en contrôle de qualité et assurance-qualité
, ajoute Paule Bellehumeur, la conseillère pédagogique responsable du développement de ce programme.
Le Cégep doit encore préciser le contenu des cours, qui devra aussi être approuvé par le ministère. Trois autres collèges au Québec ont l'intention d'offrir ce même programme, créé en Outaouais, dès que possible. Il s'agit de John Abbott et de Gérald-Godin, tous deux situés dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal, de même que du Collège de Valleyfield.
On y a vu un fit naturel, parce qu'on a [...] un programme de production pharmaceutique
, explique Dany Jenkins, directeur de la formation continue au Cégep Gérald-Godin, soulignant la possibilité de collaborer avec le producteur autorisé Aurora, qui a une usine dans l'Ouest-de-l'Île. Et quand on regarde l'industrie du cannabis, production et transformation, il y a beaucoup de façons de travailler qui sont vraiment calquées sur ce qui se fait dans le pharmaceutique.
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L'engouement serait grand du côté des étudiants. On a déjà tout près d'une quarantaine de personnes sur une liste d'attente
, a affirmé Francine Bouchard, directrice de la formation continue et des services aux entreprises au Cégep de l'Outaouais, précisant que personne n'a encore été admis.
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L'établissement d'enseignement doit aussi obtenir du financement pour de l'équipement et finaliser des ententes avec certains producteurs de cannabis, dont Hexo, le plus grand fournisseur de la Société québécoise du cannabis, situé à Gatineau.
Pour démarrer au printemps prochain, il est clair qu'on n'aura pas les délais nécessaires pour obtenir les permis pour avoir du cannabis sur place
, a expliqué Mme Bellehumeur. On peut faire de l'extraction à partir d'autres plantes qui simulent les procédés d'extraction des huiles. Mais pour ce qui est des manipulations du cannabis même, ça devra se faire en industrie.
Mesdames Bellehumeur et Bouchard estiment qu'il y a également de la place pour un diplôme d'études collégiales (DEC) en contrôle et assurance de la qualité du cannabis. Le dossier chemine auprès du ministère de l'Éducation.
Des besoins en industrie
Des joueurs de l'industrie du cannabis sont heureux que le programme aille de l'avant. LiveWell, qui prévoit exploiter des serres de cannabis à des fins médicinales à Ottawa et à Litchfield, en Outaouais, est l'un de ceux-là.
L'entreprise a entamé des discussions avec le Cégep afin d'offrir des stages et des possibilités de recherche dans son centre de recherche et d'innovation.
Le directeur de l'administration, Michel Lemieux, estime qu'il aura besoin de 150 à 200 employés d'ici un an, autant dans le secteur de la transformation que de la gestion des serres, de l'emballage et de l'étiquetage.
Si les centres d'enseignement prennent le temps de bien cibler, ils vont avoir beaucoup de succès pour placer leurs étudiants
, estime M. Lemieux.
Ce programme est aussi une bonne nouvelle pour la région, selon l'homme d'affaires.
Dans le secteur minier, vous avez Val-d'Or qui est reconnu à l'échelle internationale pour son centre de recherche, son centre d'enseignement. Est-ce qu'on peut penser que la région ici pourrait avoir le même genre de modus operandi, le même genre de visée, de faire de la région un point majeur, une reconnaissance internationale au fil des années dans l'industrie du cannabis?
a-t-il soulevé.
Le futur producteur Green Joy, situé à L'Ange-Gardien, le transformateur Neptune, à Laval, et la Société québécoise du cannabis souhaitent également collaborer avec le Cégep.
Hexo, qui se présentait au printemps dernier comme le partenaire principal du Cégep dans ce dossier, a pour sa part refusé notre demande d'entrevue.