Transport aérien : plus de citoyens profitent du remboursement
Embarquement aux Îles-de-la-Madeleine
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Le Programme de réduction des tarifs aériens (PRTA) gagne en popularité, un peu moins de huit mois après qu'il eut été bonifié pour inclure les résidents de tout l'Est-du-Québec.
Un texte d’Ariane Perron Langlois
Le PRTA permet aux résidents des régions ciblées d'obtenir le remboursement d'une partie du prix de leur billet d'avion lorsqu'ils se déplacent à l'intérieur de la province pour des raisons personnelles.
Les voyages d’affaires ou liés au travail ne sont donc pas admissibles.
Le programme existait déjà depuis plusieurs années dans certaines régions dites « isolées », mais il a été élargi le 1er avril pour inclure l'ensemble de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l’Abitibi-Témiscamingue.
Le montant du remboursement est de 30 % du prix du billet d’avion pour les communautés reliées au réseau routier. Il atteint toutefois 60 % pour celles qui ne sont pas accessibles par voie terrestre.
Des données fournies par le ministère des Transports montrent que le nombre de personnes qui ont profité de ce programme a augmenté depuis que celui-ci a été étendu.
Croissance des demandes dans l’Est-du-Québec
Pour la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le nombre de demandes de remboursement était de 3020 pour toute l’année 2017-2018, alors que seuls les résidents des Îles étaient admissibles.
Ce nombre a bondi à 3362 pour les sept mois et demi qui ont suivi l’entrée des Gaspésiens dans le programme.
L’aéroport de Gaspé a d’ailleurs noté une augmentation de 20 % de son achalandage cet été comparativement à la même période l’an dernier. Le maire croit que cette hausse est en partie attribuable à la bonification du PRTA.
Sur la Côte-Nord, le programme était déjà offert aux résidents de la Basse Côte-Nord, de l’île d’Anticosti et de Fermont, mais l’ensemble des Nord-Côtiers y ont désormais droit.
Au cours des sept mois et demi qui ont suivi la bonification du programme, le nombre de demandes a déjà égalé le total pour toute l'année précédente, soit environ 2200.
L'intérêt semble moins marqué chez les résidents du Bas-Saint-Laurent, qui n’avaient pas droit au programme avant que le PRTA ne soit élargi. La région compte 75 demandes depuis avril.
Toutefois, l’aéroport de Mont-Joli dessert principalement une clientèle d’affaires ainsi que des vols nolisés par des compagnies, qui sont exclus du programme.
Appelé à analyser ces données, le titulaire de la chaire de tourisme Transat de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Paul Arseneault, affirme que la croissance du nombre de demandes montre que la demande pour le transport aérien est bien présente dans l’Est.
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Un programme méconnu
Le maire de Gaspé et président du comité sur le transport aérien de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Daniel Côté, se dit persuadé qu’encore davantage de citoyens se tourneraient vers le transport aérien si le programme de réduction des tarifs était mieux connu.
Quand je prends l'avion, il y a des gens qui m'en parlent […] mais est-ce que c'est généralisé? La réponse est non, parce que le programme est encore trop peu connu. Par contre, je suis persuadé que le programme va porter ses effets, je pense qu'il faut laisser le temps d'être connu d'une part, et d'autre part, il faut que les gens changent leurs habitudes
, explique M. Côté.
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Il affirme que l’avion revient souvent moins cher que l’automobile pour les Gaspésiens qui se déplacent vers les grands centres, lorsqu’on tient compte de l’ensemble des dépenses et du remboursement offert par Québec.
Réduire les prix des billets à la source?
La présidente de la Régie intermunicipale de l’aéroport de Mont-Joli, Chantale Lavoie, croit aussi que la mesure n’est pas suffisamment connue du public.
Toutefois, elle affirme que pour inciter les citoyens à changer leurs habitudes, il serait préférable que le montant du remboursement soit déjà déduit du prix du billet.
Quand on voit un prix affiché, si le billet était moins dispendieux à l'achat, ça serait plus convaincant à mon avis que de devoir demander un remboursement par la suite
, soutient Mme Lavoie.
Le préfet de la Minganie, Luc Noël, aimerait aussi que l’aide de Québec soit déjà incluse dans le prix du billet, plutôt que de laisser aux résidents la tâche de demander un remboursement.
Il propose, par exemple, que les compagnies aériennes fassent les réclamations pour leurs clients ou que le gouvernement s’entende avec certains transporteurs pour les subventionner en échange de tarifs plus bas.
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M. Noël rappelle que les résidents de sa région prennent souvent l’avion pour des déplacements obligatoires, comme des rendez-vous médicaux, des études supérieures ou des urgences familiales.
Le titulaire de la chaire de tourisme Transat de l'UQAM, Paul Arseneault, ne croit toutefois pas qu’il soit souhaitable de subventionner directement un transporteur aérien. La minute où on arrête [les subventions], les prix remontent ou l’offre de transport diminue
, explique-t-il.
M. Arseneault affirme que le programme de remboursement permet de mieux cibler les clientèles pour lesquelles une réduction de prix fera véritablement une différence.
À mon avis, on intéresse des gens qui se disent "je n'y serais pas allé, mais maintenant que je sais que je peux me faire rembourser une portion appréciable du prix du billet, ça m'intéresse". C'est auprès de ces gens-là qu'on va travailler, ceux pour qui la demande est élastique, ceux pour qui ça va faire une différence
, soutient M. Arseneault.
Il ajoute que si le programme de remboursement fonctionne comme prévu, il devrait à plus long terme provoquer une augmentation de la demande, ce qui devrait entraîner une pression à la baisse sur le prix des billets.