Les enjeux francophones actuels donnent à réfléchir dans l’Ouest

Une table ronde dans les studios de Radio-Canada au Manitoba pour réagir aux enjeux de l'heure qui touchent les francophones en Ontario et partout au pays.
Photo : Radio-Canada / Julienne Rwagasore
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des francophones de l'Ouest se sont réunis pour discuter des enjeux soulevés par le mouvement de résistance qui s'organise en Ontario en réaction aux compressions annoncées par le gouvernement Ford, et d'autres situations semblables qui touchent les francophones ailleurs au pays. Ils ont notamment abordé la question sur les angles politique, juridique et francophone.
« Il est temps qu’on se lève, tout le monde ensemble », lance la Fransaskoise et ancienne présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny.
L’avocate d’Ottawa spécialisée dans la défense des droits francophones Maxine Vincelette y voit une forme de solidarité dans l’adversité. « C’est un dur coup pour la communauté, mais ça a créé une vague belle à voir. »
« C'est important qu'on démontre qu’on a un levier politique par la force de notre solidarité », insiste Carole Freynet-Gagné, une membre du conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques.
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Changement de cap
Vendredi, le gouvernement de Doug Ford est notamment revenu sur certaines de ses annonces. Parmi les éléments revisités, un poste de commissaire aux services en français sera rétabli au bureau de l’ombudsman.
« Soyons clairs, le poste de commissaire n’est pas rétabli », avance le politologue et professeur émérite de l’Université de Saint-Boniface Raymond Hébert, doutant de l’indépendance du poste dans ces conditions.
Il soulève également ce qu’il juge être un manque de logique entre les économies espérées par les coupes et les faits. « Si le commissaire conserve son poste et est transféré à l’ombudsman, où est l’épargne? », se demande-t-il.
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Le rôle de Caroline Mulroney
Au-delà de Doug Ford, c’est la ministre Caroline Mulroney, en charge du dossier franco-ontarien qui est montrée du doigt.
« À la place de Mulroney, j’aurais honte de faire partie d’un gouvernement qui ne reconnaît pas mon identité », affirme Marie-France Kenny.
Cette opinion est partagée par Stef Paquette, un humoriste, animateur et musicien franco-ontarien. « Si tu es un ministre de la francophonie, tu dois t’y tenir [et la soutenir]. Caroline Mulroney n’est nulle part. Elle n’est pas capable de tenir son rôle », juge-t-il.
Le soutien est abondant à travers le pays, y compris dans la Belle Province. « Que des Québécois soient là pour nous soutenir, c’est excitant », souligne Ariane Freynet-Gagné, la présidente du Conseil jeunesse provincial et étudiante.
Questions légales
Ibrahima Diallo, l’ancien président de la Société de la francophonie manitobaine et consul honoraire actuel du Sénégal, s’inquiète néanmoins de la solidité des cadres légaux.
« On a des lois, mais ce sont des passoires. Les gouvernements ont le pouvoir de changer des acquis », soutient-il.
L’avocate d’Ottawa spécialisée dans la défense des droits francophones Maxine Vincelette se montre plus nuancée.
« Une loi peut être modifiée par un gouvernement. Ce qui ne peut pas l’être, c’est la constitution. On [ne] peut pas violer l'idée de la protection des minorités », explique-t-elle.
Elle y voit donc un élément à faire valoir en cour pour défendre les droits des francophones partout au pays.
Ce combat judiciaire peut, selon elle, avoir un impact au niveau politique s’il est porté par toute une communauté.
« [La mobilisation], c'est aussi un levier politique. Ça peut mettre la pression sur le politique. Il y a un certain avantage à aller vers le juridique », dit-elle, citant en exemple la lutte pour la survie de l'hôpital Montfort d'Ottawa.
Décision controversée
Le 15 novembre, le gouvernement ontarien annonçait l'annulation du financement de l'Université de l'Ontario français et l'abolition du Commissariat aux services en français pour transférer ses employés au bureau de l'ombudsman.
Cette annonce a soulevé la colère et l’indignation chez les francophones qui se mobilisent en Ontario en particulier, mais aussi dans le reste du pays. L’Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO) a lancé jeudi un appel à la résistance. Une quarantaine de manifestations sont prévues en Ontario le 1er décembre, et des pétitions circulent en ligne.
Récemment, certains acquis pour les francophones ont pris du recul aussi en Saskatchewan et au Manitoba et il y a de l’incertitude entourant l’avenir du bilinguisme au Nouveau-Brunswick après les dernières élections provinciales.