Comment réduire l'écart entre le prix du pétrole canadien et américain?

La première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, a annoncé une réévaluation à la hausse des pertes quotidiennes de l'économie canadienne à cause de l'écart de prix entre le pétrole albertain et canadien.
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Alors que la chute du prix du pétrole canadien continue de favoriser les raffineries américaines, la première ministre albertaine, Rachel Notley, a annoncé lundi de nouvelles mesures pour se pencher sur cette question.
En plus d'avoir du mal à exporter son pétrole, le Canada perd de l'argent à cause de l'écart de prix entre LE Western Canadian Select (WCS) et le West Texas Intermediate (WTI).
Le pétrole canadien est dorénavant à 14 $ le baril. « C'est 45 $ de moins que ce que les Albertains devraient recevoir, a déclaré Rachel Notley. L'économie canadienne perd 80 millions de dollars par jour. »
Selon elle, la situation résulte d'une offre trop abondante de pétrole albertain dans un marché qui manque de pipelines, et donc de débouchés.
À lire aussi :
Pour sortir de ce statut d'« otage », la première ministre de l'Alberta a nommé trois conseillers spéciaux. Ils auront pour mission de travailler avec les principaux membres de l'industrie afin de réduire l'écart de prix entre le pétrole canadien et américain.
Robert Skinner, du programme de politique publique de l'Université de Calgary, la sous-ministre associée à l'Énergie, Colee Volk, et l'ancien directeur de cabinet de Rachel Notley, Brian Topp, forment dès maintenant cette nouvelle équipe.
La première ministre albertaine a aussi annoncé vouloir doter l'Alberta de meilleures armes pour être moins dépendante des États-Unis dans la transformation et le raffinage du pétrole brut.
« Au lieu de rendre les États-Unis plus riches, nous rendrons l'Alberta plus forte », a-t-elle ajouté.
Rachel Notley a confirmé qu’elle ferait une autre annonce en ce sens cette semaine.
L’opposition appelle à une réduction de la production
Le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, a salué l’initiative de la première ministre de nommer trois conseillers spéciaux. Il se dit même prêt à travailler avec eux pour trouver une solution.
Mais selon lui, ce n’est pas suffisant.

Des travailleurs de la compagnie Kinder Morgan installent au sol des segments de l’oléoduc Trans Mountain
Photo : Reuters
Jason Kenney rappelle que les pétrolières ont augmenté leurs activités en pensant qu’il y aurait prochainement plus de pipelines pour transporter leur production, mais comme les projets de pipeline tels que Trans Mountain et Keystone XL sont en veilleuse, l’Alberta se retrouve avec un surplus important de l’offre.
« En ce moment, on se retrouve dans une situation où il faut une action immédiate pour réduire l’excès de pétrole albertain, pour réduire l’écart de prix, dit-il. On ne pourra pas l’éliminer tant qu’on ne construira pas de pipelines, mais l’industrie peut agir. »
Je crois que [les entreprises] devraient volontairement choisir de réduire leur production en ce moment, pour éviter que le gouvernement doive éventuellement les y obliger.
Le Parti conservateur uni compte proposer un débat d’urgence à l’Assemblée législative mardi, pour demander au gouvernement d’encourager les pétrolières à diminuer leur rythme de production.
L’entreprise Cenovus abonde dans le même sens. Par communiqué, la pétrolière a indiqué lundi que le seul moyen de réduire « ce vaste écart [de prix] à court terme est en réduisant la production dans cette industrie, ce qui peut seulement être ordonné par le gouvernement. »
Mais cet écart ne sera pas facile à éliminer, prévient Pierre-Olivier Pineau, de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal.
« Il n’y a rien qui va régler le problème à court terme. On peut essayer de consulter, on peut essayer de changer les choses, mais la seule chose qui peut régler le problème, c’est soit de réduire la production, soit d’augmenter la capacité de transport par pipeline. Ce [sont] les deux seules solutions aux problèmes des producteurs albertains », conclut-il.