« Ne défoncez pas des portes ouvertes! », dit le ministre de l'Éducation aux étudiants

Les étudiants de plusieurs cégeps, dont ceux du Vieux-Montréal, tiennent des journées de grève cette semaine.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur du Québec, Jean-François Roberge, affirme que son équipe est déjà au travail pour régler le dossier de la rémunération des stages et estime que les moyens de pression prônés par les étudiants sont donc prématurés.
Le ministre Roberge réagissait ainsi au débrayage de quelque 60 000 étudiants qui tiendront au moins une journée de grève au cours des trois prochains jours et n'écartent pas la tenue d'une grève générale illimitée.
Les étudiants réclament la rémunération de tous les stages en milieu de travail, dans l'ensemble des programmes et à tous les niveaux d'étude, soit dans les universités, les cégeps et les écoles de formation professionnelle.
« Aussitôt que je suis arrivé en fonction, j’ai demandé au ministère de faire un état de la situation, de savoir combien il y a de stages au Québec, combien sont en observation, la durée de ces stages », explique le ministre Roberge au cours d’une entrevue à ICI RDI.
On est en train de faire le tour de la situation pour prendre ensuite les meilleures décisions.
Le ministre Roberge attend d’avoir une vue d’ensemble avant d’élaborer une politique sur la rémunération des stages étudiants. « Il y a des stages qui sont présentement rémunérés avec un salaire, d’autres ont une compensation », explique-t-il. Il souligne également la « disparité des stages » qui ont présentement cours pour illustrer la difficulté d’élaborer une solution globale à la problématique soulevée par les étudiants.
« Il y a une grosse différence entre un stage d’observation de quelques heures versus un stage où l’étudiant est en poste, rend des services, travaille à temps plein sans aucune forme de compensation, affirme le ministre Roberge. Et, comme on n’a pas un aperçu de la situation, on ne peut pas prendre la bonne décision en ce moment. »
Ne défoncez pas des portes ouvertes. Je suis déjà sensibilisé à ça.

Le ministre de québécois de l’Éducation Jean-François Roberge.
Photo : Radio-Canada
Le ministre Roberge estime prématurée la perspective d’une grève générale illimitée envisagée par certains étudiants dans l’éventualité où la situation ne serait pas réglée au début de la session d’hiver 2019.
« Je pense que ce serait prématuré [la grève générale illimitée], soutient M. Roberge. Je ne veux pas leur dire quoi faire, ils prendront leurs décisions. Mais ce serait sincèrement prématuré de faire une grande, grande mobilisation pour sensibiliser le gouvernement, alors qu’on est en train d’agir dans le dossier qui les préoccupe. »
Le ministre Roberge a indiqué que son équipe ministérielle et lui demeureraient en contact avec les associations étudiantes dans ce dossier.
Des étudiants dans la rue
Le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE), un regroupement qui pilote ce dossier auprès du gouvernement depuis deux ans, sans succès, explique que le mouvement vise l’ensemble du territoire du Québec « dans une perspective d’escalade des moyens de pression ».

Des étudiants du Cégep du Vieux-Montréal ont manifesté devant leur établissement pour réclamer la rémunération de tous les stages.
Photo : Radio-Canada
Le mot d’ordre a été entendu dans l'ensemble des régions, selon les étudiants. Mais le mouvement de grève demeure un phénomène essentiellement montréalais, bien que des établissements des régions de Québec et de l’Outaouais soient également touchés.
Cette situation touche particulièrement les étudiants en enseignement et en sciences infirmières.
Il y a environ 300 000 stages étudiants par année au Canada, dont 55 000 au Québec.
Au Cégep de Saint-Laurent, tout comme aux cégeps Marie-Victorin et du Vieux-Montréal, le débrayage durera toute la semaine.
« Il y a des stages dans certains domaines qui sont rémunérés et d’autres stages dans d’autres domaines qui ne le sont pas, c’est notamment des domaines qui sont historiquement et majoritairement féminins », explique une porte-parole du Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE), Maria-Alexandra Craciun. « On pense notamment à la santé, l’éducation, relations d’aides, dont les soins infirmiers, le travail social et l’enseignement. »
« Ce sont des programmes qui ont des centaines d’heures de stage qui ne sont pas payées, poursuit-elle en entrevue à ICI RDI. Tandis que génie électrique, notamment, et industriel, vont avoir des stages rémunérés.

Maria-Alexandra Craciun, étudiante en techniques de travail social au cégep du Vieux-Montréal et représentante du Comité unitaire sur le travail étudiant.
Photo : Radio-Canada
Non seulement nos stages ne sont pas rémunérés, mais on n’a pas de statut qui nous donne accès aux normes du travail.
L’étudiante qui manifestait devant le cégep du Vieux-Montréal rappelle que les étudiants ont mené plusieurs actions depuis deux ans sans obtenir gain de cause.

Des élèves du Cégep du Vieux-Montréal manifestent devant leur établissement d'enseignement.
Photo : Radio-Canada
« Donc, cette année, on a envoyé un ultimatum au gouvernement qui dit que si nos stages ne sont pas rémunérés, la session prochaine plusieurs associations étudiantes à travers le Québec vont tenir une assemblée générale de grève générale illimitée. »
Si les stages ne sont pas rémunérés, on partira en GGI en 2019.
L’étudiante précise qu’ils ne « demandent pas le même salaire qu’un professionnel diplômé, mais ils réclament un salaire pour leur permettre de subvenir à leurs besoins de base. « Le CUTE n’a pas encore pris de position concernant un salaire, un montant, mais on demande un salaire pour toutes les heures qu’on fait », ajoute-t-elle.
En février 2017, quelque 25 000 étudiants avaient observé une journée de grève pour la rémunération des stages en milieu de travail.