Compressions dans les services en français en Ontario : François Legault veut que Doug Ford revienne sur sa décision

MM. Legault et Ford s'échangent des gilets aux couleurs des Maple Leaf et du Canadien.
Photo : Radio-Canada
Le premier ministre du Québec, François Legault, a fait valoir sa « déception » au premier ministre de l'Ontario quant aux compressions dans les services en français. Il lui a même demandé de revenir sur sa position, ce que Doug Ford a refusé.
M. Legault affirme que Doug Ford a fait valoir les enjeux d’équilibre budgétaire de la province pour justifier sa décision d'éliminer le projet de l'Université de l'Ontario français et le Commissariat aux services en français.
Il m’a dit qu’il y avait déjà des services qui étaient donnés dans certains collèges et certaines universités en français et que la fusion des postes de commissaire n’allait pas changer les services qui sont donnés
, a rapporté le premier ministre québécois à la sortie de la rencontre.
M. Legault dit avoir rappelé à M. Ford que le Québec comptait trois universités pour sa minorité anglophone et un secrétariat pour offrir des services.
Le premier ministre du Québec estime qu’il est important que les Franco-Ontariens aient des services dans leur langue.
« »
M. Legault a mentionné que le premier ministre ontarien est « sûr » de pouvoir offrir des services en français.
Ça ne m’a pas satisfait, mais c’est la réponse qu’il m’a donnée
, dit-il.
François Legault soutient le projet de l’Université de l’Ontario français.
En point de presse, le premier ministre Ford affirme que la décision prise par son gouvernement n'a rien de personnel contre les Franco-Ontariens
.
Nous voudrions tous bâtir des écoles et des hôpitaux, mais la différence entre moi et M. Legault est qu’il a hérité d’un surplus d’un milliard de dollars et moi j’ai hérité d’un déficit de 15 milliards de dollars
, explique M. Ford.
Le premier ministre Ford a aussi invité les Franco-Ontariens à se plaindre auprès de Kathleen Wynne pour les compressions.
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Séance houleuse à Ottawa
Les libéraux fédéraux ont tenté, sans succès, de faire adopter une motion lundi à la Chambre des communes pour condamner « l'attaque » du gouvernement de Doug Ford contre les francophones de l'Ontario.
La députée franco-ontarienne, Mona Fortier, a demandé le consentement unanime de la Chambre afin de dénoncer « sans équivoque la décision du gouvernement de l'Ontario d'éliminer le Commissariat aux services en français » et le projet de l'Université francophone de l'Ontario.
Or, les conservateurs ont bloqué l'adoption de cette motion. Le député Alain Rayes s'est ensuite levé pour justifier ce refus, faisant valoir que la motion libérale était trop partisane. Il a mis de l'avant une motion différemment formulée, dans laquelle tout blâme à l'endroit du premier ministre ontarien Doug Ford était évacué.
La séance de lundi aux Communes s'est déroulée dans un climat houleux. La ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, a attaqué sans ménagement les conservateurs, en particulier leur chef, Andrew Scheer, qui était absent, lundi.
« Je demande au chef conservateur (...) qu'il parle à son patron Doug Ford, en Ontario, et qu'il fasse en sorte de faire reculer le gouvernement », a-t-elle balancé, poursuivant sur le même ton qui lui a valu moult critiques des conservateurs – surtout les élus québécois.
Peu avant le dépôt de la motion libérale, Andrew Scheer s'est exprimé par voie de communiqué et a accusé le Parti libéral du Canada de « faire de la politicaillerie avec le bilinguisme officiel » au lieu de « s'engager dans un débat constructif ».
Il a soutenu que « depuis quelques jours, les libéraux de Justin Trudeau jouent à des jeux politiques irresponsables et cyniques avec le bilinguisme officiel » et « montent les Canadiens les uns contre les autres avec une basse rhétorique politique afin de faire des gains partisans ».
La ministre Joly a balayé ces accusations du revers de la main. « Ce n'est pas une question de partisanerie. C'est une question de principe », a-t-elle offert en mêlée de presse après le rejet de la motion de sa collègue Fortier.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, affirme s'être entretenu avec M. Ford au sujet des compressions en francophonie. Il ne lui a toutefois pas demandé de revenir sur sa décision.
Pour sa part, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit « profondément déçu par la décision du gouvernement de l'Ontario de réduire les services et la protection de la minorité francophone en Ontario », en ajoutant que sa réaction ne devrait pas être surprenante, car la protection de la langue est « extrêmement importante » pour son gouvernement et lui.

Carol Jolin, président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO).
Photo : Radio-Canada