Heather O’Neill n’ose pas se décrire comme une écrivaine québécoise

L'auteure Heather O'Neill
Photo : Julie Artacho
L'écrivaine anglo-québécoise Heather O'Neill, auteure de La vie rêvée des grille-pain et de Hôtel Lonely Hearts, ne se donne pas le droit de se définir comme une écrivaine québécoise, même si elle est née, a grandi et a presque toujours vécu au Québec. Elle écrit en anglais, et ses livres sont traduits en français.
Un texte de Cécile Gladel
Pourtant, elle aimerait se décrire comme une écrivaine québécoise, mais elle ne s’en sent pas le droit. Ironiquement, c’est lorsqu’elle est à l’extérieur du Canada qu’on lui donne ce titre. « C’est seulement en France qu’on me considère comme une écrivaine québécoise », explique-t-elle en entrevue.
Heather O'Neill est l'une des invitées d'honneur du Salon du livre de Montréal, qui se tient jusqu'au 19 novembre. Pour voir ses séances de dédicaces. (Nouvelle fenêtre)
La programmation de Radio-Canada au 41e Salon du livre de Montréal
La professeure au Département d'études françaises de l'Université Concordia Sherry Simon pense que Heather O’Neill est l’une des écrivaines anglophones qui expriment dans leur écriture une véritable identité. « C’est sûrement la personne qui est allée le plus loin dans la langue anglaise pour faire valoir son enracinement. Elle a écrit des romans où il y a du français, mais surtout ce roman magnifique qui fait semblant d’être écrit en français. »
Si Heather O’Neill n’ose pas se dire écrivaine québécoise, c’est quand même une littérature qu’elle aime beaucoup, et qui l’a davantage marquée que la littérature canadienne. « Je lisais tout de Marie-Claire Blais, de Michel Tremblay, de Dany Laferrière et de Gabrielle Roy », ajoute-t-elle.
L’écrivaine avoue que cette question la dérangeait surtout quand elle était plus jeune.
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Cependant, pour Heather O’Neill, la non-acceptation n’est pas à sens unique, c’est la même chose pour la littérature canadienne. « Il y a des problèmes des deux côtés. Il y a aussi des problèmes d’acceptation de la littérature francophone », pense-t-elle.
Pour Sherry Simon, il faut surtout redéfinir ce que veut dire québécois. « Si ça veut dire pure laine, on est pas mal en retard sur l’appartenance de toutes les minorités. Les écrivains sont de toutes les origines. Il faut plus faire un effort pour redéfinir le Québec. Oui, c’est en français d’abord, mais un français qui reflète la diversité. »
Cependant, Heather O’Neill n’a aucun problème à se décrire comme une auteure montréalaise.
D’ailleurs, durant le Salon du livre, elle va se livrer à une expérience unique pour elle. « Je vais écrire un texte en français, et je dois le lire à la fin. Je suis nerveuse, car j’ai toujours écrit en anglais », raconte celle qui parle aussi français couramment.