Montréal peine à contrôler ses dépenses, déplore l'opposition
L'administration Plante-Dorais est en train de perdre le contrôle des dépenses, estime l'opposition officielle.
Photo : Radio-Canada / Jérôme Labbé
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'administration Plante-Dorais a beau se faire rassurante, l'opposition à l'Hôtel de Ville voit dans le budget 2019 de la Ville de Montréal une augmentation « déraisonnable » des dépenses et craint « une conséquence désastreuse » sur la gestion de la dette.
Sans surprise, le deuxième budget de Projet Montréal déplaît à ses adversaires au conseil municipal.
En point de presse, jeudi, les représentants d'Ensemble Montréal – le parti qui forme l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville − ont accusé l'administration Plante-Dorais d'être « incapable de limiter ses dépenses ».
Lionel Perez, chef par intérim de la formation, et son responsable des finances, Alan DeSousa, estiment que si l'on additionne l'augmentation de 4,3 % des dépenses prévues pour 2019 à celle de 5,2 % du budget de 2018, « on arrive à une croissance de 9,5 % sur deux ans », un chiffre qu'ils qualifient d'« astronomique ».
Surtout que, selon eux, « l'incapacité de l'administration à limiter ses dépenses a une conséquence désastreuse sur la gestion de la dette ».
C'est qu'en raison de l’augmentation de la cadence des travaux réalisés en infrastructures (eau, voirie, etc.), la Ville prévoit un taux d’endettement de 112 % en 2019. Or, la Politique de gestion de la dette de Montréal l'oblige à limiter ce taux à 100 %.
M. Perez s'inquiète. « Mme Plante et M. Dorais font exploser la dette à un niveau record », a-t-il déploré, soulignant que c'est la deuxième fois en deux ans que l'administration prévoit dépasser le seuil de 100 %.
« On est en train d’utiliser la carte de crédit. »
« Montréal vit un véritable boom économique », reconnaît M. DeSousa, mais la Ville ne devrait pas pour autant céder à l'envie de se servir de ses nouveaux revenus pour augmenter ses dépenses; elle devrait plutôt « engranger les revenus pour l'avenir », selon lui.
Autres critiques
Ensemble Montréal dénonce aussi l'augmentation de la charge fiscale des résidents montréalais, qui grimpera de 1,7 % en 2019. Comme cette hausse était deux fois plus élevée en 2018 (3,3 %), le parti aurait souhaité que celle de cette année se limite à 1 %.
S'il se réjouit de la réforme fiscale qui prévoit l'application de taux différenciés à la première tranche d’évaluation de 500 000 $ des unités commerciales, M. DeSousa regrette que les sommes prévues pour aider ceux qui ont pâti des chantiers depuis 2016 dépassent à peine la barre des 5 millions de dollars.
Enfin, l'opposition officielle s'interroge sur la création d'une nouvelle taxe dédiée au financement de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Elle a demandé des éclaircissements à la Ville afin de savoir si la contribution à l'ARTM − désormais obligatoire pour les 82 municipales de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ainsi que pour Saint-Jérôme − doit absolument passer par la création d'une telle taxe.
Les villes liées satisfaites, cette fois-ci
Du côté des 15 municipalités défusionnées de l'île de Montréal − regroupées au sein de l’Association des municipalités de banlieue (AMB) −, elles « reconnaissent les efforts de l’administration Plante-Dorais dans les préparatifs budgétaires [...] afin de limiter les hausses pour leurs contribuables ».
Ses 15 maires se réjouissent en outre que la hausse des quotes-parts des villes liées ait été limitée à 2 % en moyenne, alors qu'elle avait atteint 5,3 % en 2018 − une augmentation largement décriée dans les mois qui avaient suivi, sans résultat.
« Cette année, l’administration de Montréal a grandement amélioré la transmission de l’information avec les villes liées », a admis Beny Masella, maire de Montréal-Ouest et président de l'AMB. « Cela nous a permis de suivre l’évolution du budget au fil des mois », a-t-il indiqué, précisant que l’adoption du budget un mois plus tôt qu’à l’habitude, en novembre plutôt qu’en décembre, avait permis aux municipalités d’en intégrer les éléments de manière plus ordonnée.
D'autres réactions :
« On disait à la Ville depuis des années : "Les petits commerçants souffrent, les artères commerciales souffrent" [...] La Ville a entendu, et la Ville agit cette année. » – Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM);
« Ce budget est un premier pas dans la bonne direction afin d’aider les commerçants situés sur les artères commerciales de Montréal » – Billy Walsh, président de l’Association des Sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM);
« On sent une administration qui est à l'écoute, qui a complètement changé de perspective, qui donne enfin un répit aux petits commerçants. Maintenant, le défi, c'est de s'attaquer à la situation du développement économique du centre-ville. » – André Boisclair, PDG de l'Institut de développement urbain du Québec (IDU);
« Bizarrement, tout le monde à Projet Montréal semble penser que [le budget] est super. Tout le monde à Ensemble Montréal semble penser qu'il est terrible. Hmm. Je me demande bien comment son étude en commission pourra mener à des modifications. » – Marvin Rotrand, conseiller indépendant de Snowdon et doyen du conseil municipal.