Mario Brassard remporte le Prix de poésie Radio-Canada 2018

Le poète Mario Brassard
Photo : Peter Parker
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Mario Brassard est le lauréat du Prix de poésie Radio-Canada 2018 pour son poème inédit Séconal. Le jury, composé d'Hélène Dorion, Jean Sioui et Elkahna Talbi, a choisi avec beaucoup d'émotion de récompenser cette écriture « sans cesse en mouvement ».
Mario Brassard habite à Notre-Dame-de-Lourdes, un village situé dans la région de Lanaudière. Il travaille dans un bureau de poste comme adjoint au maître de poste. Le reste du temps, il se consacre à l'écriture. Travailler dans un bureau de poste, c'est une autre façon d'être un homme de lettres, constate-t-il en plaisantant.
Poésie et littérature jeunesse
Mario Brassard est poète (il a fait paraître trois recueils aux éditions Les Herbes rouges, soit Le livre clairière (2012, prix Émile-Nelligan), La somme des vents contraires (2006) et Choix d'apocalypses (2003)), mais il multiplie les incursions en littérature jeunesse.
Il a ainsi publié quatre romans chez Soulières éditeur : Que faire si des extraterrestres atterrissent sur votre tête (2004), La saison des pluies (2011, Prix des Libraires et prix TD), Quand hurle la nuit (2015), et Ferdinand F., 81 ans, chenille (2018), qui vient de remporter un Prix littéraire du Gouverneur général (Nouvelle fenêtre).
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Sur les traces d'Alejandra Pizarnik à Buenos Aires

La poète Alejandra Pizarnik
Photo : Sara Facio
En 2012, lors d'un séjour à Buenos Aires, Mario Brassard a eu la chance de voir une exposition consacrée à la poète argentine Alejandra Pizarnik, de fréquenter le quartier qu'elle habitait à la fin de sa vie, et de rencontrer Ivonne Bordelois, une poète qui l'a bien connue.
Ces expériences, conjuguées à différentes lectures, lui ont donné le courage de tenter d'emprunter la voix de cette poète immense, disparue en 1972.
Séconal, dont le titre fait référence au barbiturique qu'Alejandra Pizarnik a utilisé pour s'enlever la vie, prend la forme d'une lettre d'adieu fictive donnant la parole à la poète disparue.
Dans ce poème en prose poignant, Mario Brassard a tenté d'être le plus concis possible, à l'image des poèmes qu'écrivait Alejandra Pizarnik.
EXTRAIT
Même en inventant l'aube et ses environs, jamais je n'ai pu chuchoter à l'oreille du coq : "Voici mon enfance, comptée en carats." J'habitais déjà le corps rougeoyant de la bête dans la gueule du fusil. J'avais beau crier, hurler tonnerre, c'est à peine si j'arrivais à éloigner les flammes de mes lèvres. Comprenez-vous? Tout en moi brûlait plus haut que moi.
Si vous ou un de vos proches êtes en détresse, téléphonez au 1 866 APPELLE (277-3553)
Un extrait de Séconal sera lu à l’émission Plus on est de fous, plus on lit! en formule cabaret, diffusée en direct du Salon du livre de Montréal, le vendredi 16 novembre, de 13 h à 15 h.
Un peu plus tard, à 18 h 30, toujours en direct du kiosque de Radio-Canada, Mario Brassard participera à une soirée « poésie et tango », au cours de laquelle on pourra entendre ses mots, mais aussi ceux de la poète Alejandra Pizarnik, ainsi que la musique de Radiotango (Nouvelle fenêtre), et assister à une démonstration de tango.
Le poète qui ne voulait pas devenir poète
Quand on lui demande quand il a su qu'il voulait devenir poète, Mario Brassard répond que « c'est un grand malentendu avec [lui]-même » : il ne voulait pas devenir poète!
À l'adolescence, il voulait plutôt devenir romancier. Il avait même la poésie en horreur. Quand Mario était en cinquième secondaire, un enseignant s'était toutefois mis en tête de le faire participer à un concours de poésie scolaire régional. Il l'a fait, à reculons, avec un poème intitulé Je hais la poésie. C'était son tout premier poème, et il a gagné le concours. Ça l'a amené à revoir sa conception de la poésie et à explorer davantage le genre, tant par l'écriture que par la lecture.
Comme il le dit aux élèves qu'il rencontre lors d'ateliers en classe, il existe, quelque part sur un rayon, un livre de poésie qui nous attend, un livre qui nous parlera de façon singulière, et qui aura une résonance toute particulière pour nous. Il faut juste être patients : on peut mettre des années à le trouver.
Le jour où l'on trouve ce livre, on ouvre une porte sur une pièce qui recèle d'autres portes. Et ces portes, si on les ouvre, mènent à toujours plus de pièces et à toujours plus de portes.
Ce n'est pas que la poésie soit spécialement mystérieuse. Au contraire, on peut en trouver presque partout. Les poèmes sont à la poésie ce que les poumons sont à l'air : un contenant parmi d'autres.
Pour sa part, il fait confiance à ses yeux : il ne sait peut-être pas exactement ce qu'est la poésie, mais il la reconnaît lorsqu'il la voit. Ça lui suffit.
- À lire : la version intégrale de Séconal, de Mario Brassard
Une bourse de 6000 $ et un séjour d'écriture à Banff
Pour le jury, Séconal plonge le lecteur dans « un univers poétique qui bouscule et rejoint le lecteur par la cohérence et la force des images, la singularité du propos et l’exigence d’une écriture sans cesse en mouvement » et suscite une émotion intense.
À titre de lauréat du Prix de poésie Radio-Canada 2018, Mario Brassard recevra une bourse de 6000 $, offerte par le Conseil des arts du Canada. Il profitera également d'une résidence d'écriture au Banff Centre des arts et de la créativité, en Alberta, où il compte prendre le temps de retravailler beaucoup de textes épars, accumulés depuis quelques années, et de voir s'il n'y a pas un fil d'Ariane qui les traverse.
Les quatre finalistes du Prix de poésie Radio-Canada 2018 recevront, quant à eux, chacun 1000 $, offerts par le Conseil des arts du Canada. Voici ces finalistes :
- Anne-Marie Desmeules pour Bouleaux
- Kristina G. Landry pour Alors tu nous construiras un bateau
- Mathieu Simoneau pour L'espace de liberté des rivières
- Marie-Hélène Voyer pour Mouron des champs
Quant à la lauréate de langue anglaise (CBC Short Story Prize), il s'agit de Natalie Lim. On peut lire son texte Arrhythmia sur le site de CBC Books (Nouvelle fenêtre).
Véritable tremplin pour les écrivains canadiens, les Prix de la création Radio-Canada (Nouvelle fenêtre) sont ouverts à tous, amateurs ou professionnels. Ils récompensent chaque année les meilleurs récits (histoires vécues), nouvelles et poèmes inédits soumis au concours.
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