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Pénurie d’infirmières au Nouveau-Brunswick : la demande dépasse les capacités des universités

Deux étudiantes en science infirmières dans une classe de l'Université de Moncton

L'Université de Moncton ne peut recruter assez d'étudiants en science infirmière pour répondre à la demande en ce domaine au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Il manque des centaines d'infirmières aux réseaux de santé du Nouveau-Brunswick, mais les universités ne pourront pas répondre à cette demande de sitôt.

Cette année, de 80 à 90 diplômées en science infirmière sortiront des trois campus de l'Université de Moncton, alors que le ministère de la Santé prévoyait qu’il y en aurait 133, indique Pierre Godbout, directeur de l’École de science infirmière de l’Université de Moncton.

L'établissement ne peut répondre à une telle demande.

Non, absolument, définitivement non. On peut blâmer la baisse démographique qui existe chez les jeunes, et les universités ont des difficultés à recruter malgré le succès de l'Université de Moncton. Non, mais c'est impossible de pourvoir ça. Il va falloir voir à d'autres moyens de trouver, affirme Pierre Godbout.

Pierre Gobout en entrevue

Les universités au Nouveau-Brunswick ne peuvent recruter suffisamment d'étudiants en science infirmière pour répondre aux besoins de la province, explique Pierre Godbout, directeur de l’École de science infirmière de l’Université de Moncton.

Photo : Radio-Canada

Les universités anglophones ont aussi des difficultés à répondre à la demande, précise-t-il.

Du côté anglophone, c’est un autre problème. Ils ont des listes d’attente. Ils ne sont pas capables de prendre tous les étudiants à cause du financement [insuffisant] de leurs universités, explique Pierre Godbout.

Les conditions de travail mises en cause

Les conditions de travail des infirmières, entre autres, sont montrées du doigt pour expliquer la pénurie. Des étudiantes s'inquiètent du nombre d'heures supplémentaires effectuées par certaines infirmières.

Habituellement, ils ne dépassent pas 24 heures. Habituellement, ils l’apprennent juste lorsqu'ils sont déjà au travail, comme pendant leur relais de 12 heures le jour, affirme Brigitte Barry, présidente du conseil de la Faculté des sciences de la santé et des services communautaires de l’Université de Moncton.

Les deux femmes souriantes dans le campus de Moncton.

Christine La France et Brigitte Barry, deux étudiantes en soins infirmiers de l'Université de Moncton.

Photo : Radio-Canada / Wildinette Paul

Il peut y avoir un côté positif pour nous les étudiantes qui [terminent leurs études] parce qu’on va avoir des postes juste en [obtenant notre diplôme]. Mais en même temps, c'est quand même négatif pour les soins, ajoute Christine LaFrance, présidente du conseil des sciences infirmières.

On a des infirmières qui ne peuvent pas s'en aller après un quart de 12 heures, qui doivent rester 24 heures, souligne Maria Richard, vice-présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick.

Maria Richard en entrevue

Améliorer le recrutement d'infirmières est une chose, mais il faut aussi aider les infirmières actuelles, explique Maria Richard, vice-présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

De plus, les jeunes infirmières se voient souvent offrir des emplois à temps partiel malgré la pénurie, ajoute la Dre Suzanne Dupuis-Blanchard, professeure agrégée à l'École de science infirmière de l'Université de Moncton.

On parle de pénurie, mais on sait qu’on a de nos diplômées qui n’ont pas de postes à temps plein, à temps complet et permanents. On parle encore de personnes qui sont à temps partiel, mais qui font suffisamment d’heures que ça leur donne un temps plein et plus. [...] Quand on regarde au niveau canadien, on 2017 on disait que 72 % des nouvelles [diplômées] avaient des emplois à temps partiel ou occasionnel; 72 % c’est flagrant alors qu’on parle de pénurie et qu’on dit qu’on a des postes disponibles, affirme Mme Dupuis-Blanchard.

Quant au NCLEX, l'examen controversé d’entrée à la profession d’infirmière, le syndicat croit qu'il a sa part de responsabilité pour les postes qui restent vacants.

Le nouvel examen NCLEX n'a pas aidé les choses. On sait que des infirmières après l'avoir [échoué] de cinq à huit fois abandonnent.

Une citation de Maria Richard, vice-présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick

Pour le syndicat tout comme pour l'université, il est clair qu’il faut faire des efforts supplémentaires de recrutement.

Davantage de bourses que de prêts, des prix spéciaux pour le domaine de la santé avec un engagement de travailler ici pendant deux ans, suggère Pierre Godbout.

Améliorer le recrutement, mais il faut aussi qu'on [s’assure] que les infirmières qui sont en train de manger une bonne claque, qu'on ne va pas les perdre aussi, ajoute Maria Richard.

L'hôpital vu de l'extérieur en hiver

L'Hôpital régional Chaleur à Bathurst

Photo : Radio-Canada / Michel Nogue

En raison d'un manque de personnel, l'unité obstétrique de l’Hôpital régional Chaleur, à Bathurst, a dû interrompre ses services pour une période indéterminée. Selon le syndicat des infirmières, ce ne serait là que la pointe de l'iceberg des problèmes qui pointent dans le système de santé.

Les efforts du gouvernement

Le ministère de la Santé dit travailler avec plusieurs autres ministères et les associations professionnelles du domaine médical pour résoudre les pénuries dans les soins de santé et les soins de longue durée. Fredericton donne deux exemples de mesures prises pour améliorer la situation:

  • le financement de 2012 à 2016 d’un programme pilote visant à permettre aux diplômés en soins infirmiers auxiliaires issus des collèges publics la possibilité d’accéder à la troisième année du baccalauréat en soins infirmiers offert à l’Université du Nouveau-Brunswick;
  • le programme pilote de trois ans en matière d’immigration qui met l’accent sur le recrutement de travailleurs temporaires vivant déjà dans la province et d’étudiants étrangers ayant récemment reçu leur diplôme d’un établissement d’enseignement postsecondaire du Canada atlantique.

De plus, un comité directeur établi en décembre 2017 devrait présenter au cours des prochaines semaines les grandes lignes d’une stratégie et d’un plan d’action pour la promotion, le recrutement et la rétention, ajoute le ministère de la Santé.

Avec les renseignements de Wildinette Paul

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