Un observatoire visant à prévenir les milieux de travail toxiques voit le jour

De plus en plus d'employeurs sont préoccupés par le climat de travail au sein de leur entreprise
Photo : Radio-Canada
Intimidation, harcèlement et surmenage : de plus en plus d'employeurs sont préoccupés par le climat de travail au sein de leur entreprise. Radio-Canada a appris qu'un professeur de l'Université de Sherbrooke s'associe au conférencier Jasmin Roy pour créer un observatoire visant à prévenir les milieux de travail toxiques.
Un texte de Marie-Laurence Delainey
« Il est arrivé tout ce phénomène du mot-clic #MoiAussi et un moment donné j’ai dit, on s’occupe des victimes, il faut s’en occuper, mais il n'y a aucun observatoire qui parle du développement des compétences émotionnelles et relationnelles dans notre société », explique Jasmin Roy.
L’idée est née lors d’un entretien entre M. Roy et le professeur au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke, François Courcy.
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L’Observatoire sur les saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles n’en est qu’à ses débuts. Ses chercheurs tenteront de répondre à ce type de questions : comment doivent se comporter les collègues, comment aborder un problème ou s’adresser à un employé? Les relations harmonieuses sont à la base de tout et permettent d’éviter les scénarios catastrophes comme le harcèlement ou l’intimidation, insiste M. Courcy.
En plus des travaux de recherche, l’équipe organisera des forums. « On veut entrer en interaction avec les gens du public qui veulent apporter des suggestions. On va voir avec les scientifiques ce qui coïncide avec le succès sur le terrain et ce qu’on trouve en recherche », ajoute le professeur en psychologie.
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Manque de civilité et climat toxique
Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2014-2015, un travailleur sur cinq était victime de harcèlement.
Un climat de travail toxique peut toutefois prendre d’autres formes, par exemple des tensions ou le manque de civilité, soutient la directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), Manon Poirier.
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Ces exemples préoccupent de plus en plus d’employeurs, selon l’Ordre des CRHA. Une de ses membres, Manon Perreault, a vu ses demandes d’intervention en entreprise augmenter de 40 % en un an.
« Ce qu’on remarque, c’est que la rareté de la main-d’œuvre dans certains domaines fait en sorte que des comportements sont de plus en plus tolérés, faute d’employés. L’employeur est pris entre "est-ce que je dois garder un climat de travail sain, ce qui est exigé aussi par la loi, et ma productivité qui en subit les conséquences". »
Les deux conseillères en ressources humaines ne sont pas prêtes à affirmer que la situation se détériore, mais elles soutiennent que les dénonciations sont plus nombreuses, en raison, notamment, du mouvement #MoiAussi. Selon elles, les employés tolèrent moins ces comportements et les dénoncent davantage.
Les relations entre les enfants et les aînés
L’Observatoire sur les saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles se penchera sur le milieu de travail, mais étudiera également les relations à l’école et entre les aînés.
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M. Roy rappelle que les entreprises ont tout avantage à réaliser l’importance d’un climat de travail sain. Il rappelle qu’une étude a révélé qu’un employé heureux au travail était 30 % plus productif.