« Si je n’ai pas peur, le défi n’est pas pour moi » – la ministre Caroline Proulx

Une équipe de Radio-Canada a accompagné la ministre du Tourisme Caroline Proulx le temps d’un tournage alors qu’elle faisait escale à Lavaltrie dans la circonscription de Berthier.
Photo : Radio-Canada
Après la victoire sans équivoque de la Coalition avenir Québec (CAQ), la nouvelle députée de Berthier, Caroline Proulx, déclarait que son élection allait tout changer. Sa nomination à titre de ministre du Tourisme a fortement amplifié cette impression. Nous l'avons accompagnée lors d'un passage dans sa circonscription, puis dans ses nouveaux bureaux à Québec.
Un texte de Mathieu Dion, correspondant parlementaire à Québec
Une semaine après son assermentation à l’Assemblée nationale, l'ex-animatrice nous donne un premier rendez-vous devant une épicerie de Lavaltrie.
Alors que nous nous attendions à une classique opération de poignées de main devant notre caméra, Mme Proulx est plutôt entrée dans le commerce dans le but d’y faire ses emplettes pour le souper. « C’est la meilleure façon de rencontrer les gens », se justifie-t-elle.
La différence : un garde du corps l’accompagne quelques mètres plus loin, entre la section des fruits et légumes et la poissonnerie. Ce même garde du corps la conduit aussi, quels que soient le lieu et l’heure, à bord d’une voiture de fonction, la fameuse « limousine ».
Les clients qui la croisent la reconnaissent. Caroline Proulx bénéficie d’une certaine notoriété. Bien connue pour son passage à l'émission La fosse aux lionnes à Radio-Canada, elle est une femme de télévision, comme en fait foi son aisance à inviter un journaliste, un caméraman et un preneur de son à faire les courses avec elle.
Mais Mme Proulx admet aussi d’emblée que son nom de famille, bien connu dans l’univers de la radio au Québec, la favorise.
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N’empêche que tout survient un peu comme une surprise depuis quelques semaines, à commencer par ses nouvelles fonctions. Pourquoi elle, plutôt qu’un autre membre du caucus, à la tête du ministère du Tourisme? La politicienne prend une longue pause. « Possiblement parce que j’ai des capacités de communication, finit-elle par lâcher. Ça devait faire partie de l’équation [du premier ministre François Legault]. »
Une responsabilité à la fois
La joute médiatique ne l’effraie pas, mais ses « énormes » responsabilités lui donnent quelque peu le vertige. « Si je n’ai pas peur, assure-t-elle, le défi n’est pas pour moi. » Caroline Proulx compte ainsi « rester » sur ses « deux pieds » et avancer un pas à la fois.
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Le directeur des relations avec les médias du premier ministre, Manuel Dionne, adresse d’ailleurs une mise en garde à ceux qui ont fait carrière dans les médias : les aspects « politique » et « gouvernemental » ainsi que le « contenu » doivent être intégrés dans la communication du message. Dans le caucus de la CAQ, en plus de Mme Proulx, il y a aussi Mathieu Lacombe et Louis Lemieux, et dans une certaine mesure, François Paradis et Nathalie Roy, qui ont un passé médiatique.
En effet, la liste des choses à faire et à apprendre ne cesse de s’allonger pour Caroline Proulx.
D’abord et avant tout députée, elle a dû trouver des locaux pour y installer son bureau de circonscription et des bureaux satellites, compte tenu de l’étendue du territoire de Berthier.
Au départ, son personnel était limité à une directrice de circonscription et une cheffe de cabinet à Québec. Depuis, des attachés de presse et des attachés politiques ont été recrutés à la suite d'une série d’entrevues. Son équipe prend forme.
Il lui faut en plus répondre à de nombreuses exigences en matière de sécurité, trouver un appartement à Québec, apprendre les rouages de son ministère, rencontrer des dizaines de cadres et d’employés parmi les 300 que compte l’organisation, et conjuguer un nouveau rythme de vie professionnelle effréné à sa vie de famille.
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Au moment d’une discussion dans son bureau de Québec, tout près de l’Assemblée nationale, la ministre n’avait pas encore reçu un mandat clair du premier ministre François Legault. Ce mandat arrivera dans les « prochains jours » ou les « prochaines semaines », mais elle a déjà une petite idée de ce qu’elle entend faire valoir. Elle songe notamment à la découverte « d’endroits cachés » dans le Nord-du-Québec.
Un ministère de consolation?
Si le portefeuille du Tourisme est parfois perçu comme un ministère junior ou de consolation, Caroline Proulx croit tout le contraire. « De vendre le Québec à l’international, il y a une fierté, insiste-t-elle. C’est beau chez nous! » Elle semble plutôt préférer le vocable « ministère du bonheur ».
Mme Proulx débarque ainsi au ministère du Tourisme le temps d'un long voyage, espère-t-elle, mais la réalité de la politique la rattrapera peut-être à l'occasion, lui donnant l'impression de n'être qu'en visite.
Vous vous demandez ce qu’il y avait dans son panier d’épicerie? Saumon, citron, aneth, yogourt, lait, bananes et brosse à dents. Elle nous a admis quelques jours plus tard avoir constaté de nombreux oublis une fois à la maison, le jour du tournage, en raison de notre présence. Comme quoi la fonction politique peut même déstabiliser les gens dans ce qu’ils font de mieux.