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Conduire ou ne pas conduire : là est la question

Le simulateur automobile qui sert à analyser des données au niveau des membres supérieurs.

Le simulateur automobile qui sert à analyser des données au niveau des membres supérieurs.

Photo : Radio-Canada / Emilie Richard

Radio-Canada

Puis-je conduire avec ma jambe dans le plâtre? Cette question revient régulièrement aux départements d'orthopédie du CHUS-Hôpital Fleurimont et de l'Hôtel-Dieu. Cette question a aussi germé dans la tête d'un jeune résident qui, en 2004, a voulu aider les médecins à y trouver une réponse. Plus de 10 ans plus tard, des simulateurs automobiles ont été conçus et ont permis de lancer une série de projets de recherche.

Un texte d'Émilie Richard

« L'objectif, c'est de donner un outil aux médecins, exprime le chirurgien orthopédiste Dr François Cabana. Il y a un impact à ne pas pouvoir prendre sa voiture », exprime-t-il.

Selon les démarches de l'équipe de recherche, tant les compagnies d'assurance que la Société automobile du Québec (SAAQ) ne veulent pas se mouiller sur le fait de conduire avec un membre immobilisé.

« La SAAQ dit que ce n'est pas compatible avec la conduite automobile, elle s'en remet aux médecins qui ne sont pas des experts en conduite automobile. C'est difficile de dire aussi à partir de quand les gens peuvent conduire. C'est à partir de là que nos simulateurs sont arrivés », explique le Dr Cabana qui a été responsable du service de recherche d'orthopédie pendant 10 ans.

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Comme dans une voiture ou presque

Le premier simulateur automobile que l'on nous présente est une boîte en bois imitant le design d'une voiture. Il est muni d'un volant, mais aussi de pédales. Au Centre de recherche du CHUS, on le nomme le simulateur « pied-cheville ». Difficile de résister à l'envie de s'y assoir. En tout, une centaine de patients ont accepté l'invitation de participer au premier projet, maintenant terminé.

Le simulateur automobile installé au Centre de recherche du CHUS.

Le simulateur automobile installé au Centre de recherche du CHUS.

Photo : Radio-Canada / Emilie Richard

Il s'adressait aux patients avec une fracture de la cheville ou du pied droit équipés d'une botte plâtrée ou bien d'une botte amovible. « On faisait des tests de freinage pour recueillir les temps de réaction, les forces de freinage, pour savoir si c'était sécuitaire de faire la conduite automobile », précise Dr Cabana. Les analyses de données sont en cours.

Aucune ligne directrice ne peut encore être transmise aux orthopédistes, mais force est de constater que le simulateur automobile a eu des effets dissuasifs.

« On demandait aux patients après les tests sur le simulateur s'ils croyaient être en mesure de conduire. C'est étonnant, mais la plupart des gens nous disaient non parce que la botte était trop large, qu'ils ne sentaient pas la pédale. Pour eux, c'est comme s'ils portaient une botte de ski », ajoute la coordonnatrice de recherche au service d'orthopédie, Sonia Bédard.

Dr François Cabana et Sonia Bédard discutent du simulateur automobile. Des bottes amovibles sont en arrière plan.

Dr François Cabana et Sonia Bédard discutent du simulateur automobile. Des bottes amovibles sont en arrière plan.

Photo : Radio-Canada / Emilie Richard

Le simulateur automobile « pied-cheville » n'a pas été relégué aux oubliettes. Il est maintenant utilisé pour analyser des données chez les patients qui souffrent d'arthrose.

Des tests comparatifs entre des patients qui portent une prothèse aux chevilles ou qui ont subi une arthrodèse sont en cours. L'arthrodèse fusionne la cheville, il n'y a donc plus aucun mouvement possible.

« Les tests pourraient nous donner une nouvelle indication chirurgicale pour pencher vers l'une ou l'autre des interventions qui facilierait la conduite », explique Mme Bédard.

Jusqu'à maintenant quatre patients ont accepté de se prêter au jeu.

La vue du siège dans le simulateur automobile au Centre de recherche du CHUS. Le simulateur est utilisé pour analyser des données comme la force de freinage.

La vue du siège dans le simulateur automobile au Centre de recherche du CHUS. Le simulateur est utilisé pour analyser des données comme la force de freinage.

Photo : Radio-Canada / Emilie Richard

Et de trois!

Un troisième projet de recherche se réalise grâce à un autre simulateur automobile.

Cette fois-ci, un volant et un écran d'ordinateur sont installés dans un petit local du département d'orthopédie. L'équipement sert à analyser des données pour un patient qui s'est blessé à un membre supérieur (poignet, main ou épaule) et qui a été opéré ou non. « Avec ce simulateur, ce sont les amplitudes de mouvements, les vitesses de réactions que l'on analyse. On fait aussi passer des épreuves avec ou sans distraction », spécifie le chirurgien orthopédiste.

La clinique externe de l'Hôtel-Dieu est aussi muni d'un simulateur du genre.

Un sondage maison a donné raison à l'équipe de recherche du Dr Cabana de s'intéresser à la question. « On a demandé aux patients qui venaient faire enlever leur plâtre s'ils avaient conduit et beaucoup, beaucoup de gens conduisaient avec leur plâtre », dit-il.

Pas que pour l'orthopédie

D'autres simulateurs automobiles existent, aux États-Unis, en Australie et au Québec, mais selon le spécialiste François Cabana, ces derniers s'attardent davantage à l'alcool au volant ou encore aux distractions au volant, comme le cellulaire.

Des simulateurs qui s'intéressent au musculo-squelettique sont plutôt rares. « Dans le monde, il y a peut-être deux ou trois équipes qui travaillent là-dessus. On voit passer des articles une fois de temps en temps, mais il y en a pas des tonnes », indique Dr Cabana qui spécifie que d'autres disciplines pourraient aussi bénéficier des installations.

Dr François Cabana est chirurgien orthopédiste. Il est spécialisé dans la chirurgie de la colonne. Il est aussi professeur titulaire à l'Université de Sherbrooke à la Faculté de médecine.

Dr François Cabana est chirurgien orthopédiste. Il est spécialisé dans la chirurgie de la colonne. Il est aussi professeur titulaire à l'Université de Sherbrooke à la Faculté de médecine.

Photo : Radio-Canada / Emilie Richard

« Les simulateurs peuvent s'ouvrir aux neurologues qui veulent voir un patient avec un problème neurologique. Ça peut être visuel aussi, parce qu'on peut ajouter des caméras qui vont suivre l'optique de l'oeil », renchérit-il.

Il s'agit que la volonté des professionnels et des patients soient au rendez-vous.

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