Des cuisines qui favorisent l’autonomie des personnes en situation de handicap

La tempête du 30 janvier 1992.
L'entreprise Les armoires Séguin d'Alfred a développé une gamme de cuisines conçues pour répondre aux besoins des gens qui ont une limitation physique.
Un texte de Karine Lacoste
Vivant elle-même avec des défis de mobilité en raison du syndrome de Guillain-Barré, la copropriétaire de l’entreprise, Linda Carrière Séguin, rêve de ce produit depuis longtemps.
Avec son conjoint Claude Séguin, qui fabrique les armoires, ils ont développé un système qui convient parfaitement aux besoins de Linda en cuisine. Ils souhaitent maintenant commercialiser leur produit afin d’en faire profiter d’autres personnes à mobilité réduite.
« J’ai réalisé que la majorité des personnes en situation de handicap vivaient avec des armoires patentées ou adaptées de façon rudimentaire. Un peu comme si les personnes handicapées étaient des citoyens de deuxième classe », déplore-t-elle.
Leur modèle de cuisine a donc été pensé pour s’adapter à n’importe quelle limitation physique ou handicap.
Des armoires qui montent et qui descendent contrôlées par une télécommande, des tiroirs éclairés, des compartiments de rangement qui sortent du comptoir pour avoir facilement accès aux casseroles sans se pencher; il semble qu’ils aient vraiment pensé à tout.
Linda Carrière Séguin souhaite ainsi redonner aux gens la confiance en leurs moyens.
Créer un lieu où une personne va vivre de façon autonome, ou elle va avoir le sentiment de ne pas dépendre de personne.
La quincaillerie Richelieu a également contribué au projet en investissant une partie des fonds pour développer les mécanismes qui permettent d’adapter la hauteur des armoires.
Des milieux de travail accessibles
Pour Judith Parisien, directrice générale de l’organisme le Phénix, organisme provincial francophone qui œuvre à l’inclusion et à la participation des personnes en situation de handicap, le système développé par Linda et Claude pourrait facilement servir à repenser des milieux de travail.
« Pour moi ce serait facile d’avoir une entreprise qui aurait un milieu de travail qui aurait déjà été réfléchi pour recevoir des personnes en situation de handicap », explique-t-elle.
C’est innovateur, c’est beau, et il y a une petite fierté que ça vienne de l’Est-Ontarien.
En 2018 on est à l’ère de l’inclusion, « il faut aller au-delà d’adapter, il faut être accessible. Ils sont futuristes dans leur approche », constate la directrice générale du Phénix.
Judith Parisien est convaincue qu’il s’agit d’un avantage concurrentiel pour les employeurs d’adapter leurs environnements de travail.
Les employés qui vivent avec un handicap et pour qui on adapte l’environnement tendent à rester beaucoup plus longtemps en poste, explique Mme Parisien. C’est non négligeable, selon elle, alors que les entreprises sont aux prises avec d’importants roulements de personnel et des pénuries de main-d’œuvre.