FlixBus, l'entreprise allemande qui souhaite remplacer Greyhound au Canada

FlixBus s'est implanté aux États-Unis - en Californie, en Arizona et au Nevada - et cible maintenant le Mexique et le Canada.
Photo : Radio-Canada / Julie Bergonz
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les services abandonnés par le transporteur Greyhound dans l'Ouest canadien pourraient ouvrir la porte à plusieurs transporteurs privés. Une société européenne, FlixBus, vient d'ailleurs de mettre un pied dans le marché américain et pourrait bientôt faire de même au Canada si les lois provinciales le lui permettent.
L'entreprise, dont les autocars sont vert lime avec des motifs orangés, pourrait ainsi apporter de la couleur dans l’Ouest canadien en remplaçant les bus argentés de Greyhound. Le transporteur, déjà présent dans 28 pays, a commencé à offrir des trajets d’autocar en Californie, au Nevada et en Arizona plus tôt cette année.
Le Mexique et le Canada sont les prochains marchés ciblés par FlixBus, affirme son PDG et cofondateur, Andrew Sshwammlein. Il prévoit y ouvrir des points de service au plus tard en 2019 ou 2020. « Je dois être en mesure de m’établir en Amérique du Nord, avance-t-il. Sinon, je ne pourrai jamais prétendre détenir une marque mondiale. »
L’endroit et le moment choisi pour exploiter des routes au Canada dépendront en grande partie de la réglementation provinciale, ajoute M. Schwammlein. C'est que le retrait de Greyhound à l’ouest de Sudbury, en Ontario, sauf pour certains trajets en Colombie-Britannique, a ouvert la porte à d’autres joueurs de l’industrie.
Le PDG de FlixBus estime que certaines de ces routes peuvent être rentables.
Technologie et marketing
FlixBus a été fondé par trois entrepreneurs de Munich, en Allemagne, pour devenir, en seulement cinq ans, le plus grand transporteur européen par autocar.
L'entreprise est à la fois une entreprise de technologie et de marketing qui mise sur des partenariats pour exploiter ses routes. FlixBus sous-traite l’exploitation des autocars à des entreprises locales, qui doivent fournir des véhicules équipés de prises wi-fi, USB et électriques, des livres audio, des jeux vidéo et des films gratuits.
En retour, FlixBus génère tous les itinéraires et planifie les transferts, assure le suivi en temps réel des autocars grâce à un système de GPS, effectue le marketing intensif et exploite une plateforme en ligne qui se décline autour d’une application mobile. Les exploitants conservent 75 % des recettes des ventes de billets, alors que FlixBus conserve 25 % des recettes.
La technologie et les données sont au cœur de l'entreprise.
Sur plus de 1200 employés, « environ 25 % travaillent dans le domaine de l'ingénierie et 30 % à 40 % de plus travaillent dans le domaine des données », explique M. Schwammlein.
Cela signifie que plus de la moitié du personnel travaille sur des logiciels ou sur des calculs de données pour aider à planifier les itinéraires et les horaires de même qu’à fixer les tarifs en ajustant les prix aux variations de la demande.
Expansion américaine
Propriétaire d’American Explorer Motorcoach, Dan Palmer, dont la famille œuvre dans l’industrie depuis les années 1970, a été l’un des premiers partenaires de FlixBus en sol américain. Basé en Arizona, M. Palmer exploite une ligne de FlixBus reliant Tucson, Phoenix et Los Angeles, et il est convaincu que l’entreprise dépassera Greyhound.
Flix s’appropriera tout le transport interurbain en Amérique du Nord. J’en suis convaincu.
L’homme de 52 ans admet qu’il a pris le plus gros risque de sa carrière en acceptant le partenariat de FlixBus, lui qui se décrit comme un opérateur d’autocars très conservateur. Il a toutefois décidé de plonger dans l’aventure en achetant trois autocars – qui lui ont coûté quelque 1,5 million de dollars américains – pour conclure l’entente avec FlixBus.
Bien que les autocars de 55 places voyagent à seulement 40 % de leur capacité, M. Palmer soutient que ses clients aiment le nouveau service. Il précise qu’il soutient la vision des fondateurs de FlixBus. « Ce sont une bande de très, très brillants jeunes loups, comme les surnomme mon père », confie-t-il.
Une croissance fulgurante
Les jeunes loups sont, outre M. Schwammlein, ses partenaires Jochen Engert et Daniel Krauss. Des amis qui sont tous trois dans le milieu de la trentaine. Ils ont fondé l’entreprise en Allemagne lorsque le pays a ouvert le marché du transport en commun au secteur privé.

Le cofondateur de FlixBus Andre Shwammlein veut implanter son entreprise en Amérique du Nord.
Photo : Radio-Canada / Julie Bergonz
Dans la foulée de ce lancement, FlixBus a acquis deux entreprises rivales en Allemagne. Les trois comparses détiennent maintenant 90 % du marché allemand du transport par autocar. De 2013 à 2015, ils se sont progressivement implantés en Italie, en France et aux Pays-Bas. En 2016, ils ont mis la main sur la société européenne MegaBus.
Au Canada, l’arrivée de FlixBus se fera lentement, les lignes d’autobus étant assujetties à la législation provinciale. « C'est un peu délicat, concède M. Schwammlein. Je ne dis pas qu'on pourra couvrir tout le Canada et que tout sera parfait. »
L’entreprise se dit très intéressée par les provinces des Prairies et par les liens reliant les régions aux grandes villes.
« Si le Canada disposait d'un environnement réglementaire où la concurrence serait libre, où nous pourrions nous faire concurrence pour les grandes lignes, pour les petits trajets, peu importe, je pense que nous pourrions faire baisser les prix », affirme M. Schwammlein.
Bien que Greyhound ait reçu l'aide du gouvernement pour soutenir ses lignes, FlixBus affirme qu'il utilise les données à son avantage concurrentiel et n'accepterait jamais de subventions. « La plupart de nos concurrents ne comprennent vraiment pas, ils ne comprennent pas quel genre d'entreprise nous sommes, a déclaré M. Schwammlein. Nous sommes uniques. »
D'après un reportage de James Dunne, CBC News
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Avec les informations de CBC News