Château Beauce : un lourd fardeau pour la Société Alzheimer

Le Château Beauce a été offert à la Société Alzheimer en 2015.
Photo : Kathleen Simard
L'avis d'intention de classement patrimonial qui frappe le Château Beauce, à Sainte-Marie, fait mal à son propriétaire actuel, la Société Alzheimer de Chaudière-Appalaches. Cette dernière croyait bien s'être libérée de ce qui s'avère maintenant être, pour elle, un cadeau empoisonné.
Un texte de Marc-Antoine Lavoie
Grands espaces, meubles et lustre d’époque, escalier imposant, la Société Alzheimer de Chaudière Appalaches voyait dans le Château Beauce l'endroit parfait pour développer son projet de centre d'hébergement.
« Pour nous, c'était une façon aussi de continuer à faire vivre la bâtisse et faire valoir la région aussi par ce joyau-là », explique la directrice générale de la Société Alzheimer, Sonia Nadeau.
L'édifice construit en 1904 lui a été offert en 2015 par la communauté religieuse des Oblates de Béthanie. Mais ce don est rapidement devenu un fardeau, alors que les coûts pour le rénover s'élèvent à plus de 4 millions de dollars.
L’organisme a renoncé à son projet et le bâtiment a été mis en vente. Un promoteur a fait une offre d'achat conditionnelle à l'obtention d'un permis de démolition, ce qui a été obtenu.
Le GIRAM, un groupe de sensibilisation sur l’aménagement des milieux, dénonce cette vente de feu.
« En mettant le bâtiment à vendre pour à peu près 400 000 $, et peut être qu'il y a une entente en bas de 100 000 $ actuellement, ils auraient dû mettre une condition que tout acquéreur protège le bâtiment patrimonial qui a le plus de valeur, c'est un minimum », affirme le vice-président patrimoine et environnement au GIRAM, Gaston Cadrin.
Sauvetage inespéré
Le sort du Château Beauce semblait scellé, mais un avocat et étudiant à la maîtrise en droit du patrimoine culturel a convaincu le ministère de la Culture de s'intéresser au dossier.
« Ce qu'on souhaite, c’est qu'il puisse être protégé. On trouve tout à fait inadmissible qu'un tel immeuble puisse être démoli sans qu'au préalable il y ait une valeur patrimoniale qui puisse être analysée et prise en compte dans le processus », explique Me Charles Breton Demeule.
Sursis
Un avis d'intention de classement empêche maintenant la démolition du Château Beauce, le temps d'obtenir l'avis du Conseil du patrimoine culturel.
Selon Me Breton Demeule, cette solution d'urgence aurait été évitable si les municipalités avaient des obligations légales de protéger le patrimoine.
« Ça fait en sorte qu'il faut attendre que l'autorisation de démolir le bâtiment ait été accordée pour que le Ministère s'intéresse à la valeur patrimoniale de l'édifice », déplore-t-il.
Frais importants
Ce délai coûte toutefois cher à la Société Alzheimer, qui doit encaisser des frais de plus de 166 000 $ par année pour entretenir le bâtiment et payer les taxes municipales.
« Nous, on est dans l’urgence de vendre », affirme Sonia Nadeau.
La Société d'Alzheimer n’a reçu que deux offres d'achat depuis que le bâtiment a été mis en vente il y a plus d'un an.