ArchivesIl y a 25 ans, le traité de Maastricht fait apparaître l'Union européenne

Le 1er novembre 1993, le traité de Maastricht donnait naissance à l'Union européenne qui a contribué à plus de 60 ans de paix dans le continent européen.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il y a 25 ans, les pays européens accéléraient leur projet d'intégration avec le traité de Maastricht. Radio-Canada regardait avec intérêt l'évolution économique et politique de ce qu'on appelle parfois « le vieux continent ».
L’Europe a trinqué à la monnaie commune qu’elle utilisera en 1999, à l’harmonisation de ses lois sociales, à son union politique et à une politique étrangère commune.
L’Union européenne naît
Le 1er novembre 1993, 12 pays de l’Europe ratifient le traité de Maastricht. Leurs signatures confirment leur volonté d’adopter une monnaie, des politiques sociales et une diplomatie communes au sein d’une Union européenne.
La correspondante à Paris Francine Bastien témoigne de cet événement dans un reportage présenté au Téléjournal le 2 novembre 1993 et qu’anime Suzanne Laberge.

L’heure est aux célébrations au siège de la communauté européenne à Bruxelles.
On trinque d’autant plus volontiers que le projet de l’Union européenne, incarné par ce traité, a failli ne jamais voir le jour.
Des débuts incertains
En effet, le projet d’Union européenne s’est presque brisé sur les côtes danoises.
Le 2 juin 1992, à la surprise générale, les électeurs du Danemark rejettent par référendum le traité de Maastricht.

Notre correspondant à Paris Raymond Saint-Pierre explique les raisons de ce refus danois dans un reportage présenté le 3 juin 1992 au Téléjournal qu’anime Michèle Viroly.
Ce qui semble avoir motivé le rejet des Danois c’est la crainte d’un poids démesuré de l’Allemagne dans cette Union européenne.
Le résultat du référendum danois secoue les 11 capitales européennes qui soutiennent le traité de Maastricht.
À Dublin, le premier ministre de la République d’Irlande Albert Reynolds s'inquiète. Les Irlandais seront consultés le 18 juin 1992 sur l'adhésion au traité de Maastricht. Ils pourraient suivre l’exemple des Danois.
À Paris, le président français François Mitterrand convoque un référendum pour faire avaliser par une France profondément divisée le projet d’Union européenne.
À Londres, le premier ministre britannique John Major met fin au débat sur l’Europe à la Chambre des communes.
John Major a peur de voir les eurosceptiques détruire son gouvernement et le Parti conservateur qu'il dirige.
Le petit « oui » français
Si le « non » danois ébranle la construction européenne, un refus par les Français tuerait le projet.
L’enjeu ne peut être plus clair lorsque les électeurs de l'Hexagone vont aux urnes le 20 septembre 1992.

Notre correspondant à Paris Michel Morin analyse l’événement dans un reportage présenté à L’édition magazine que présente Suzanne Laberge le 21 septembre 1992.
Les Français donnent leur accord au traité de Maastricht du bout des lèvres. 51,5 % votent pour et 48,5 % contre.
L’impopularité record du président François Mitterrand, la colère des agriculteurs et la réticence des Français de voir les autres Européens pouvoir participer aux élections locales ont gonflé l'opposition au traité de Maastricht.
Si François Mitterrand gagne son pari, c’est grâce à l’appui de certains grands leaders de la droite française, dont l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing.
François Mitterrand doit donc en partie sa victoire à l’homme qu’il a chassé du Palais de l’Élysée en 1981.
En décembre 1992, les 12 pays concernés par le traité de Maastricht se réunissent à Édimbourg.
Dans la capitale écossaise, les 11 pays favorables à Maastricht persuadent le Danemark de demeurer dans le giron européen.
Ils réussissent ce compromis en accordant au Danemark des exemptions notamment sur la monnaie unique.
Les Danois acceptent de faire partie de l’Union européenne lors d’un deuxième référendum tenu le 18 mai 1993.
Quant aux Irlandais, ils ont approuvé le projet d'Union européenne à 69 % en juin 1992.
Le traité de Maastricht est sauvé.
L’euro fait son entrée en scène
Le 1er janvier 2002, l’Europe vit une révolution monétaire. Le mark allemand, le franc français, la lire italienne, entre autres, passent à l’histoire et cèdent leur place à l’euro.

Le 2 janvier 2002, notre correspondant à Paris Guy Gendron souligne, dans un reportage qu’il présente au Téléjournal animé par Christine Fournier, l’enthousiasme des Européens envers la monnaie unique.
De Berlin à Lisbonne, on ouvre des bouteilles de champagne, on se rue sur les guichets automatiques pour retirer les billets flambant neufs.
Mais la transition n’est pas facile pour tout le monde. Les commerçants doivent avoir deux caisses et effectuer des opérations de taux de change parfois compliquées.
La consécration norvégienne
Si on interroge les Français, les Européens, n'importe où, dans n'importe quel pays, de n'importe quel âge, y compris les plus jeunes, ils ne croient plus qu'il puisse y avoir une guerre en Europe.
Le 12 octobre 2012 dans la capitale norvégienne Oslo, le comité qui décerne le prix Nobel de la paix dévoile son lauréat. C’est la surprise totale. C’est l’Union européenne qui a été choisie.

Notre correspondante à Paris Alexandra Szaczka nous montre dans un reportage présenté au Téléjournal ce jour-là l’effet que la nouvelle a en Europe.
Pour plusieurs dirigeants européens, le prix Nobel reconnaît l’immense contribution qu’a amenée l’intégration européenne à la pacification de l’Europe.
Mais tous les Européens ne célèbrent pas cet accomplissement, comme le souligne sur une note plus sombre la journaliste. Plusieurs refusent d’encenser un projet qui, croient-ils, les a exclus de la prospérité économique.
Ce gros bémol, les gouvernements européens continuent de l’entendre avec beaucoup d'intensité en 2018.