Les Canadiens doivent être mieux outillés contre les cyberattaques, soutient un comité sénatorial

« Des progrès ont été accomplis au niveau fédéral depuis un an, mais [...] les Canadiens doivent en faire davantage pour se protéger », peut-on lire dans l’introduction du rapport.
Photo : iStock / Yurich84
Lorsqu'il est question de cyberattaques, les Canadiens manquent d'éducation et ne sont pas toujours au fait des risques. C'est ce que souligne le rapport d'un comité de huit sénateurs qui se sont penchés sur cet enjeu au pays.
Un texte d’Alix Villeneuve
Plus de 10 millions de Canadiens ont été touchés par des atteintes à la protection des renseignements personnels en 2017, selon les chiffres du comité sénatorial.
Le sénateur Percy Mockler, qui siège au comité comme suppléant, soutient qu’il s’agit d’une question qui doit être prise davantage au sérieux.
Avec ce rapport, il propose que les gouvernements de tous les ordres s'unissent pour s'attaquer à cet enjeu et augmenter les ressources disponibles pour les citoyens.
« »
Le rapport ne se veut pas alarmiste, assure le sénateur néo-brunswickois.
Cependant, tous les Canadiens doivent répondre à l’urgence de protéger le pays, et ce, avant que les cybercriminels puissent s’infiltrer dans nos systèmes essentiels et orchestrer une catastrophe technologique pour le Canada,
peut-on lire dans la publication.
Le comité recommande de :
- augmenter les efforts en éducation sur la cybersécurité, tant chez les adultes que dans les écoles;
- investir dans des programmes techniques pour remédier à la pénurie de professionnels sur la question;
- créer un ministère fédéral de la cybersécurité;
- moderniser les lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels;
- offrir des incitatifs fiscaux pour encourager les entreprises à améliorer leur système de sécurité;
- créer un groupe d’experts chargé de formuler des recommandations sur la stratégie nationale de cybersécurité;
- élaborer un ensemble de normes fédérales en matière de cybersécurité.
La recommandation principale est d’augmenter directement les ressources en éducation et en sensibilisation sur la question. Le comité propose d'enseigner des notions de cybersécurité dans les écoles secondaires du pays.
Il faut encourager davantage les formations techniques en cybersécurité pour assurer que l’expertise dans le domaine soit disponible pour les entreprises, ajoutent les sénateurs. Il y a une pénurie mondiale dans ce domaine, indiquent-ils.
Des consommateurs laissés à eux-mêmes
Dans leur rapport, les sénateurs font part de leur découragement
lorsqu’ils ont constaté que les victimes de vols d’informations personnelles n’ont souvent pour seule option que de poursuivre l’entreprise piratée.
« »
La perte de renseignement des consommateurs est considérée comme une violation de contrat par l’entreprise, et pas nécessairement comme un crime qui pourrait faire l’objet d’une enquête policière
, ajoute ensuite le comité dans le document.
Le comité propose aussi d'augmenter la sensibilisation aux risques pour les entreprises et que le commissaire à la protection de la vie privée puisse avoir le pouvoir de s’assurer que tout manquement au devoir de protéger les renseignements personnels des Canadiens soit lourd de conséquences.
À lire aussi :
Savoir où chercher de l’aide
Une autre préoccupation a également été retenue par les sénateurs : les victimes ne sont pas toujours au fait des outils disponibles pour déclarer les cas de cybercriminalité.
Il reste encore beaucoup à faire
, indique le rapport.
Ainsi, les infractions ne sont pas toujours déclarées à la police, ce qui prive les autorités des informations nécessaires pour optimiser leurs mesures de prévention, affirme le comité.
Un fer de lance au Nouveau-Brunswick?
Le sénateur Percy Mockler espère que le Nouveau-Brunswick sera un acteur de premier choix dans la sensibilisation à ce type de menace.
Selon lui, les travaux de l'Université du Nouveau-Brunswick et de son Institut canadien sur la cybersécurité, situé à Fredericton, pourraient servir l’ensemble du pays.
« »
Le rapport est piloté par le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce. Ses membres ont recueilli leurs premiers témoignages en automne 2017.