Halloween : des étudiants de la SFU se mobilisent contre l'appropriation culturelle

George Nicholas, anthropologue à la SFU, définit l'appropriation culturelle : « C’est l’utilisation d’un aspect du patrimoine culturel de quelqu’un, sans sa permission ou rétribution, et cela, de façon inappropriée, nuisible ou indésirable. »
Photo : Jeffrey McNeil-Seymour—CBC
À l'approche de l'Halloween, des étudiants de l'Université Simon Fraser (SFU) ont organisé une session d'information pour parler d'appropriation culturelle et sensibiliser les gens aux risques de dérapage au moment du choix des déguisements.
Un texte de Saïda Ouchaou
La campagne des étudiants britanno-colombiens se fait également sur les médias sociaux avec les mots-clics #notacostume et #culturalappropriation.
George Nicholas, un professeur d'anthropologie au département d'archéologie de SFU, a étudié le sujet de manière approfondie. Il a occupé le poste de directeur du projet sur les questions liées à la propriété intellectuelle en matière d'héritage patrimonial, l’Intellectual Property Issues in Cultural Heritage project (IPinCH).
« L’appropriation culturelle est l’utilisation d’un aspect du patrimoine culturel de quelqu’un, sans sa permission ou rétribution, et cela, de façon inappropriée, nuisible ou indésirable », dit l'expert.
De nombreux costumes qui représentent des princesses autochtones, des geishas, des cheikhs, des danseuses hawaïennes peuvent facilement correspondre à cette définition.
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Des opinions divisées
Les clients d’un magasin de costumes de Vancouver ont d’ailleurs des avis partagés sur la question.
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Angela Pirzow croit pour sa part qu'il n'y a rien de mal à choisir une autre culture pour se déguiser. Pour elle, les gens auront toujours quelque chose à critiquer.
Chloé Kim voit l’Halloween comme une occasion d’être qui l’on veut, mais selon elle, il y a des principes éthiques à respecter.
Cette différence de perception ne surprend pas le professeur George Nicholas. Il relève que la créativité fait partie de l’Halloween et c’est ce qui complique les choses. Il n'est pas toujours évident de repérer clairement ce qui est du domaine culturel et ce qui est inapproprié.
Selon lui, l’Halloween est un cas unique, car c’est une sorte d’anarchie culturelle et tout y passe.
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La tradition des costumes à l'Halloween ne fait pas l'unanimité.
Une question complexe loin d'être résolue
Rachida Azdouz, psychologue et spécialiste en relations interculturelles à l’Université de Montréal, au Québec, s'interroge sur les motivations qui poussent les gens à choisir de s’afficher avec des éléments d’une autre culture.
« Si on veut rendre hommage à une culture, dit-elle, il y a plusieurs autres façons de lui rendre hommage que de lui emprunter ses symboles pour se déguiser à l’Halloween. »
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Dans un premier temps, précise-t-elle, il faut entendre et comprendre ce que les groupes culturels tels que les Premières Nations veulent nous faire savoir lorsqu’ils disent : « Je ne veux pas me voir comme un déguisement à l’Halloween, je veux me voir davantage à la télévision. » Et ensuite, ajoute la spécialiste, on relève les enjeux.