Quel avenir pour les églises de la Gaspésie et des Îles?

Le bord de mer et l'église à Chandler
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Alors que de plus en plus d'églises sont menacées de fermeture, quelles solutions peuvent permettre de préserver ces bâtiments historiques? C'est entre autres pour répondre à cette question que s'est tenu vendredi à Grande-Rivière le Colloque régional du patrimoine religieux en Gaspésie et aux Îles, sous le thème « Le statu quo n'est plus possible ».
Un texte de Catherine Poisson, avec la collaboration d'Isabelle Lévesque et Bruno Lelièvre
L'idée du thème est venue à la lecture d'une étude réalisée en 2013 par le diocèse de Gaspé. Le document met en lumière la situation précaire des Fabriques et des églises de la Gaspésie et des Îles, explique le président de la Table de concertation régionale du patrimoine religieux Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Médor Doiron.
On voulait donner à ce colloque un thème qui aurait un peu d'éclat et en même temps un sentiment d'urgence
, ajoute-t-il.
C'est que les fidèles pratiquants sont de plus en plus rares, alors que les coûts d'entretien des églises sont souvent exorbitants.
S'il est vrai que les églises ont encore un sens pour les communautés, c'est maintenant que ces communautés-là doivent se prononcer.
Près de 140 personnes ont participé à la rencontre dont l'objectif était de déterminer des solutions concrètes à cette précarité.

Le Colloque régional du patrimoine religieux en Gaspésie et aux Îles se déroule à l'église de Grande-Rivière.
Photo : Radio-Canada / Bruno Lelièvre
Déjà, des actions sont entreprises pour sauver des églises un peu partout au Québec, souligne M. Doiron.
Il cite l'exemple de la municipalité de Bellechasse, qui a décidé de convertir l'église Durantaye pour la préserver.
Ils ont choisi que l'église devienne un centre multifonctionnel. Pour plusieurs églises de la Gaspésie et des Îles, c'est quelque chose qu'on peut envisager de façon concrète
, avance-t-il.
C'est pas vrai qu'on est là pour fermer vos églises, ce sont les communautés et les fabriques elles-mêmes qui vont devoir décider du sort de leur église.
De son côté, le diocèse de Gaspé envisage la possibilité de regrouper des paroisses, et peut-être, de se départir de certaines églises.
Le culte à tout prix?
Ces solutions ne font toutefois pas l'unanimité. Certains paroissiens et conseils de fabrique insistent pour que les églises conservent leur vocation religieuse.
L'historien Jean-Marie Fallu croit d'ailleurs que cette réticence au changement constituera le principal défi à la survie des églises.
Il faut résister à la peur du changement. Contrairement à d'autres types de patrimoines où c'est très clair, là il s'agit du patrimoine religieux, il y a la foi là-dedans...
, explique l'historien.
C'est un lieu de culte, mais qui doit se transformer. Il faut une grande ouverture d'esprit.
Par ailleurs, M. Doiron reconnaît qu'aujourd'hui, une église qui sert uniquement au culte religieux n'est occupée que quelques heures par semaine.
Je ne pense pas qu'on va pouvoir garder toutes nos églises debout
, admet-il.

Plus personne ne peut accéder à l'église à partir d'aujourd'hui.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
S'associer pour survivre
La solution se trouve dans la mise sur pied de partenariats avec les municipalités, selon M. Doiron. Des maires, préfets, organismes communautaires, intervenants socioéconomiques et gens d'affaires étaient d'ailleurs présents au colloque pour discuter de partenariats potentiels.
Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, compte parmi les élus qui sont ouverts à un tel partenariat. Nous sommes interpellés pour donner un coup de main à la Fabrique, par exemple au niveau du déménagement. La volonté est là, on veut travailler en partenariat
, affirme le maire.
Le statu quo n'est plus possible, c'est aussi pour regarder de façon réaliste ce qui peut être fait
, conclut M. Doiron.
Le diocèse de Gaspé doit présenter un plan d'action d'ici 2023.