AnalyseQuand Maxime Bernier croit que le CO2 n’est pas de la pollution

Le député de Beauce et chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier.
Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Maxime Bernier a lancé mercredi un pavé dans la mare, en sachant fort bien que ses propos sur le climat ne passeraient pas inaperçus. « Le CO2 n'est PAS de la pollution. C'est ce qui sort de votre bouche quand vous respirez et ce qui nourrit les plantes », a-t-il écrit sur Twitter, pour critiquer le plan de tarification du carbone du gouvernement Trudeau.
Le député de Beauce et chef du Parti populaire du Canada a tenté de préciser sa pensée quelques heures plus tard, en entrant à la période de questions aux Communes. « Êtes-vous climatosceptique? », lui ont demandé les journalistes.
Bien. Ce que je peux vous dire, c'est que les changements climatiques existent. Est-ce qu'ils sont la cause de l'homme? Je ne suis pas un scientifique pour me prononcer là-dessus.
L’ancien ministre des Affaires étrangères n’a donc pas précisé s’il accepte ou non l’étiquette de climatosceptique. Mais en regardant les positions qu’il a adoptées par le passé, il semble clairement faire partie de ceux qui doutent de l’incidence de l’activité humaine sur le réchauffement planétaire.
Doutes sur le réchauffement planétaire
Le député de Beauce a rappelé lui-même sur Twitter mercredi qu’il était sorti de la Chambre des communes au moment du vote sur une motion, en juin 2017, qui soulignait la nécessité de mettre en œuvre l’Accord de Paris.
À l’époque, les conservateurs d’Andrew Scheer avaient appuyé la motion libérale. Pour éviter de briser la ligne de parti, Maxime Bernier, alors encore au sein du caucus conservateur, s’était absenté intentionnellement. « En bon joueur d’équipe, j’ai quitté la Chambre au lieu de voter contre », écrit-il sur le réseau social.
Quelques années plus tôt, il avait publié dans La Presse une lettre ouverte dans laquelle il remettait en question les fondements scientifiques des théories sur le réchauffement planétaire.
« Ce qui est certain, c'est qu'il serait irresponsable de dépenser des milliards de dollars et d'imposer une réglementation exagérément sévère pour régler un problème dont on est toujours loin de cerner la gravité, écrivait-il le 24 février 2010. L'alarmisme qui a souvent caractérisé cette question n'est plus de mise. »
Ce point de vue, déjà étonnant en 2010, provoque un véritable malaise en 2018.
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Débat sémantique
Dans son rapport publié au début du mois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a écrit que pour que le réchauffement demeure sous la barre du 1,5 degré Celsius, les émissions de CO2 devaient chuter de 45 % d’ici 12 ans. Pour y parvenir, les États devront prendre des mesures draconiennes.
Le débat sémantique que souhaite provoquer Maxime Bernier en affirmant que le dioxyde de carbone ne serait pas de la « pollution », parce qu’il se trouve naturellement sur la planète, ne fait que dévier l’attention d’un enjeu qui ne fait plus de doute dans la communauté scientifique internationale.
Son point de presse impromptu a pris une tournure presque comique quand il a comparé le CO2 à l’eau. « Le CO2 en tant que tel n’est pas de la pollution. Mais trop de CO2 peut devenir de la pollution. Comme si quelqu’un boit trop d’eau », a-t-il noté, rappelant qu’il était un adepte de la course à pied.
Il y a des gens qui sont décédés parce qu’ils ont bu trop d’eau, hyperhydratés. Donc, l’eau n’est pas de la pollution. Le CO2 n’est pas de la pollution en tant que tel.
Maxime Bernier fait le pari qu’il parviendra à attirer l’attention en lançant de telles opinions, une attention dont il a bien besoin pour promouvoir son nouveau parti.
Il tente de se démarquer en prenant des positions plus controversées et plus tranchées que celles de son ancien parti. Peut-être pense-t-il que les électeurs qui pensent comme lui sont encore nombreux?
Sauf qu’à en croire le déluge de critiques sur son fil Twitter quelques heures après qu’il eut écrit que le CO2 n’était pas de la pollution, force est de constater qu’une grande partie des Canadiens n’a plus envie de rire de ce sujet.