Bilan mitigé du premier vote sous le système préférentiel au pays

Ed Holder a eu besoin de 14 tours avant d'être élu maire de London, en Ontario.
Photo : La Presse canadienne / Geoff Robins
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il aura fallu 18 heures pour connaître les résultats des premières élections municipales au pays recourant à un système de vote préférentiel.
Un texte de Rose St-Pierre
L'ancien député conservateur fédéral Ed Holder, qui a obtenu la majorité absolue des voix au quatorzième tour du nouveau mode de scrutin, a appris sa victoire le lendemain de la fermeture des bureaux de vote. Pour gagner, il devait recueillir plus de 50 % des suffrages.
Selon la greffière de la Ville de London, Cathy Saunders, ce délai est tout à fait normal. Le processus s’est déroulé sans encombre
, assure-t-elle.
La municipalité disposait de tabulateurs et d'algorithmes pour calculer les résultats, mais ce qui prend du temps, avec le système préférentiel, indique Mme Saunders, c’est qu’il faut dans un premier temps déterminer le seuil de majorité en comptant tous les bulletins
.
Impossible, dans ce cas, de révéler les résultats pour chaque boîte de scrutin dépouillée, comme dans un système uninominal à un tour.
La greffière a aussi choisi d’éliminer un candidat à la fois, pour chaque tour, et de reporter ses voix sur les autres candidats : Nous devions publier ces résultats en ligne à chaque fois.
C’est le temps que le mode de scrutin proportionnel demande.
Des électeurs séduits… ou déçus
Comme aucun candidat n’avait obtenu la majorité absolue au premier tour de scrutin, le candidat ayant obtenu la dernière place a été éliminé et les votes de second choix de ses partisans ont été redistribués aux candidats restants. La démarche s'est répétée.
Finalement, Ed Holder a battu le candidat Paul Paolatto par 13 312 voix.
Pierre-Yves Béliveau, électeur, était d’abord sceptique face à ce nouveau mode de votation. J’ai douté, dit-il, mais je l’apprécie maintenant.
Il reconnaît que 14 rondes de dépouillement, c’est long
, mais constate que le résultat final est plus nuancé.
On peut bien attendre quelques heures de plus pour élire une personne qui sera en poste pendant quatre ans.
Philippe Morin, qui habite London depuis 1985, a été élu hier au Conseil scolaire catholique de Providence. Pour lui, le système préférentiel n’a rien changé : Ceux qui étaient en avance hier ont gagné!
La majorité des meneurs lors du premier tour ont aussi remporté la majorité des voix après redistribution. Je ne vois pas où est la valeur ajoutée
, constate Philippe Morin.
Pourquoi on a suivi ce processus pour arriver au même endroit?
Le directeur général du Centre communautaire régional de London, Jean-Pierre Cantin, croit quant à lui que le vote proportionnel a donné la possibilité d’évaluer les candidats d’une manière plus complète.
Même s’il dit ne pas avoir espéré de résultats rapides, il reconnaît que le processus a été long.
Peut-être que ça a été un peu long. Finalement, le résultat est tellement intéressant que ça valait la peine d’attendre.