Le Québec rend hommage à Lise Payette

Le public pouvait signer un registre de condoléances à l'hôtel de ville de Montréal, samedi matin. Un livre d'or était mis à la disposition des visiteurs.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Figure de proue du mouvement féministe québécois, l'ex-ministre péquiste Lise Payette, décédée le 5 septembre à l'âge de 87 ans, a reçu un hommage national samedi à Montréal.
Lise Payette a été tour à tour journaliste, animatrice de radio et de télévision, auteure de téléromans et politicienne.
La cérémonie, organisée par le gouvernement du Québec, s'est déroulée au cinéma Impérial en présence des membres de sa famille, du premier ministre François Legault et de plusieurs autres dignitaires.
M. Legault, l'ancienne première ministre Pauline Marois et une petite-fille de Lise Payette, Flavie Payette-Renouf, lui ont rendu hommage, notamment.
« Si je suis féministe, c'est entre autres grâce à Lise Payette », a ainsi déclaré le nouveau chef du gouvernement, en plus de confier qu'il avait été un « fan fini » de Mme Payette il y a de cela plusieurs années, alors qu'il « se couchait tard pour écouter Appelez-moi Lise ».
« Elle disait de l'appeler Lise, mais par respect, nous disions toujours "Madame Payette" », a de son côté souligné Pauline Marois.
Tour à tour, anciens collègues politiques, ex-relations artistiques ou simples amis ont multiplié les éloges envers celle qui a fait progresser la société québécoise. Nombreux étaient les trémolos dans la voix des intervenants, et les larmes essuyées discrètement du bout des doigts.
Quand ma grand-mère est décédée, j’ai compris que j’avais perdu ma mamie, mais que le Québec avait perdu sa Lise.

Flavie Payette-Renouf a pris la parole sur scène lors de l'homme national rendu à sa grand-mère Lise Payette.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Ginette Reno a également chanté au cours de la cérémonie, concluant l'hommage avec sa célèbre chanson Un peu plus haut.
Rencontrée à l'extérieur de l'Impérial, à la suite sa prestation de clôture, Mme Reno a mentionné que c'était grâce à son amie Lise Payette que son fils avait pu changer son nom de famille pour prendre celui de sa mère. Un geste impensable au moment où Mme Payette s'est lancée en politique.
Il n'y a pas eu de cérémonie religieuse, conformément au vœu de la défunte.
La parole aux femmes
Des personnalités du milieu culturel ont également salué l'héritage laissé par Lise Payette à leur arrivée peu avant le début de la cérémonie.
« Même si je suis plus vieille qu'elle, Mme Payette a toujours été comme ma mère, c'est drôle, hein? On s'appelait, je lui demandais conseil. C'est une relation bizarre. Même si je suis plus vieille, je me sentais petite fille, moins d'expérience qu'elle [...] C'est triste, c'est un gros morceau », a confié Janette Bertrand, auteure.
« Elle a été très importante, j'étais une comédienne populaire, puis elle m'a donné mon sceau grade A. Elle m'a fait atteindre un public que je n'aurais pas atteint autrement [...] Ce que Lise a fait avec Les Dames de cœur, ça a été extraordinaire, parce que quand elle était ministre, elle a essayé de faire passer une loi sur la violence conjugale et ses collègues lui ont dit : "Ça n'existe pas". Elle a tenu ça en arrière de sa tête sans dire un mot, et elle est revenue avec Les Dames de coeur et le personnage d'Évelyne qui a vécu la violence conjugale », s’est souvenue Andrée Boucher, comédienne.
« C'est une femme exceptionnelle, d'une grande honnêteté, qui aimait beaucoup le monde, qui aimait les gens, qui était sincère, honnête [...] J'aimais beaucoup cette femme, j'avais une complicité avec elle », a témoigné Denise Filliatrault, comédienne et metteuse en scène.
« Ce qu'elle a fait pour les femmes de ma génération, particulièrement, c'est de dire aux femmes que tout était possible. C'est cette idée qu'il n'y avait pas de barrière, qu'on pouvait tout essayer et qu'on était bienvenues partout. La façon dont elle parlait de l'avancement des femmes, c'était toujours : tout est possible, vous pouvez être partout et vous pouvez tout faire. Cette marque de confiance et cet élan qu'elle a donné aux femmes ont eu une importance », a déclaré Julie Miville-Dechêne, sénatrice et ancienne présidente du Conseil du statut de la femme du Québec.
La libération des hommes aussi
En avant-midi, le public a pu signer un registre de condoléances à l’hôtel de ville de Montréal.
Présent samedi matin à l'hôtel de ville, Alain Marcoux, ancien ministre péquiste sous René Lévesque, a vanté le combat de son ex-collègue afin de faire avancer la cause des femmes.
« Elle a travaillé toute sa vie, quels que soient les moyens qu’elle a pris, pour libérer la femme. Et en faisant ça, elle a aidé à libérer les hommes aussi. Parce que le combat pour la libération de la femme, c’est aussi un combat pour la libération de l’homme. Et je pense que c’est ça, sa grande œuvre », a-t-il déclaré.

Valérie Plante, la première mairesse de Montréal, a déclaré que Lise Payette était un modèle pour elle.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
De son côté, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a mentionné que Lise Payette avait été pour elle un modèle.
« Mme Payette, c’est une femme importante pour le Québec. Elle a ouvert vraiment la voie pour plein de femmes qui avaient le goût de la politique, qui avaient envie de s’affirmer, qui avaient envie de prendre leur place dans la société, moi incluse. Parmi les femmes qui m’ont influencée, Mme Payette est une de celles-là », a affirmé Mme Plante.
La nouvelle ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui représentait le gouvernement Legault, a abondé dans le même sens. « Mme Payette avait cette justesse-là, je dirais, de ne pas accuser les hommes. De leur présenter un miroir, et eux-mêmes se sont regardés. Et à partir de là, ils sont arrivés à leur propre conclusion », a-t-elle commenté.
Mme Proulx a aussi souligné les progrès faits par les femmes en politique depuis le passage de Lise Payette. « Je suis convaincue que Mme Payette serait extrêmement fière de voir un gouvernement paritaire siéger à l’Assemblée nationale à Québec, avec autant de femmes qui sont ministres et députées. Je suis sûre qu’elle sourit présentement », a-t-elle souligné.
À lire aussi :
Avec les informations de La Presse canadienne