Le meurtrier Paul Bernardo restera en prison

Paul Bernardo lors d'une comparution précédente par vidéo conférence
Photo : Radio-Canada / Pam Davies
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La demande de libération conditionnelle du meurtrier notoire Paul Bernardo lui a été refusée. Il devra donc rester en prison jusqu'à nouvel ordre. Il tentait de convaincre la Commission des libérations conditionnelles du Canada, mercredi, qu'il a changé après 25 ans passés derrière les barreaux.
Un texte de Jean-Philippe Nadeau
L'assassin de 54 ans a été condamné à la prison à vie sans droit de libération conditionnelle avant 25 ans pour le rapt, le viol et le meurtre prémédité de deux adolescentes ontariennes, Leslie Mahaffy et Kristen French, en 1991 et en 1992 dans la région du Niagara.
L'avocat des familles Mahaffy et French a raconté que l'audience avait été très difficile pour ses clients, mais qu'ils sont soulagés de la décision.

L'avocat des familles French et Mahaffy, Tim Danson
Photo : La Presse canadienne / Lars Hagberg
Tim Danson souligne cependant que Paul Bernardo n'a même pas présenté d'excuses aux familles de ses victimes.
Me Danson ajoute que des excuses n’auraient rien changé de toute façon. Il met en doute les remords de #Bernardo, parce qu’”il est un psychopathe et que les psychopathes sont incapables de montrer la moindre empathie”.
— Jean-Philippe Nadeau (@jpnadeau_cbc) 17 octobre 2018
L'avocat déplore le fait que les familles devront à nouveau subir cette épreuve dans deux ans, parce que Paul Bernardo pourra faire une nouvelle demande à ce moment-là. Il croit que le délai devrait être de cinq ans.

Leslie Mahaffy et Kristen French ont été enlevées à 10 mois d’intervalle, en juin 1991 et en avril 1992, dans la région du Niagara.
Photo : Radio-Canada
Paul Bernardo a soutenu mercredi qu’il s’était autodiagnostiqué en prison une anxiété qui remonte à son enfance pour justifier les 2 meurtres qu’il a perpétrés et les 14 viols qu’il a commis au préalable à Scarborough, dans l'est de Toronto, dans les années 1980.
L’assassin a soumis une centaine de pages à la Commission avant d’être entendu. C’est avec hésitation et bégaiements qu’il a répondu aux questions de la commissaire Suzanne Poirier.
Il a affirmé que ses problèmes d’anxiété et de communication dès le jeune âge ont fait en sorte qu’il s’était toujours senti seul, isolé, incompris de ses parents et des autres.
J’ai toujours eu de la difficulté à m’exprimer. Je sentais que j’étais différent, que je n’avais pas de place
, a-t-il soutenu.
Il a dit comprendre le mal qu’il a fait endurer à ses victimes.
C’est la raison pour laquelle je pleure. Je n’ai pas tenu compte de leurs émotions, mais seulement des miennes.
Paul #Bernardo est simplement vêtu d’un t-shirt bleu, les cheveux en bataille. Il a écouté les témoignages en regardant dans le vide. Dans son propre témoignage, il est brouillon, perdu dans ses pensées et pleure à quelques reprises en pensant au mal infligé.
— Philippe Leblanc (@phil_leblancSRC) 17 octobre 2018
Paul Bernardo a ajouté que son manque d'estime de soi l'avait poussé à prendre le contrôle des femmes
et qu'à l'époque, il ne jouissait sexuellement que lorsqu'il était en situation de pouvoir.
Il a affirmé que son niveau d'anxiété était maintenant très faible
.

L'avocat de Paul Bernardo, Fergus O'Connor
Photo : La Presse canadienne / Colin Perkel
L'avocat de Paul Bernardo, Fergus O'Connor, a souligné devant la Commission qu'obtenir une libération n'est pas un signe de pardon, mais bien une disposition de la loi qui permet la réhabilitation d’un criminel.
Il a soutenu que son client prenait l’entière responsabilité de ses actes pour les viols et meurtres qu’il a commis. Me O'Connor a fait valoir que Paul Bernardo avait eu une bonne conduite durant sa détention.
De vrais remords?
La commissaire Poirier s’est interrogée toutefois sur les raisons pour lesquelles Paul Bernardo exprimait depuis tout récemment des remords sur ce qu’il a fait.
J’étais dans le déni, a-t-il répondu. Je m’étais imposé des barrières à cause de mon anxiété.

Doug et Donna French, parents de Kristen, arrivent aux audiences en compagnie d'autres membres de leur famille.
Photo : La Presse canadienne / Lars Hagberg
Plus tôt dans la journée, l’une de ses victimes de viol a pris la parole pour demander à ce qu’il reste en prison. Les mères des deux adolescentes qu'il a tuées, Mmes Mahaffy et French, ont également pris la parole pour supplier la Commission de ne lui accorder aucune libération après avoir fait état, en pleurs, de l’impact horrible que le meurtre de leur fille a eu sur leur famille.
La responsable du dossier de Paul Bernardo pour les services correctionnels, Megan Smith, a dit que son équipe n’appuyait en aucun cas la demande de libération du meurtrier.
Elle a expliqué que le prisonnier présentait un faible risque de commettre à nouveau un meurtre, mais qu’il y avait un risque moyen qu'il commette des viols et un risque élevé qu'il entretienne une relation conjugale violente s'il sortait de prison.
Au final, les arguments de Bernardo n'auront pas convaincu les autorités.