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Affaire Khashoggi : « Les réponses nous parviendront bientôt », assure Donald Trump

Mike Pompeo et Mohammed ben Salmane se serrent la main.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo serre la main du prince héritier Mohammed ben Salmane, mardi, à Riyad.

Photo : Getty Images / LEAH MILLIS

Radio-Canada

L'Arabie saoudite mène une « enquête complète et approfondie » pour déterminer ce qu'il est advenu du chroniqueur saoudien Jamal Khashoggi, mystérieusement disparu il y a deux semaines après être entré dans le consulat saoudien d'Istanbul, et des « réponses » seront bientôt fournies, affirme Donald Trump.

Le président américain a indiqué dans des tweets publiés mardi en milieu d'après-midi qu’il a eu une conversation téléphonique avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui était accompagné pour l’occasion du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo.

Le fils du roi saoudien Salmane « nie totalement toute connaissance de ce qui s’est passé dans le consulat en Turquie », écrit M. Trump, répercutant une fois de plus la position officielle du royaume wahhabite depuis la disparition de M. Khashoggi, le 2 octobre.

Il m'a dit qu'il avait déjà lancé et allait rapidement étendre une enquête complète et approfondie. Les réponses nous parviendront bientôt.

Une citation de Tweet de Donald Trump

Cet appel téléphonique est survenu au terme de la visite à Riyad du secrétaire d'État américain, Mike Pompeo. Envoyé d'urgence sur place par le président Trump, le chef de la diplomatie américaine s'est entretenu dans la journée avec le roi Salmane et le prince héritier, considéré comme le véritable homme fort de la monarchie saoudienne.

« Nous faisons face aux défis ensemble », dit le prince héritier

« Nous sommes des alliés forts et anciens », a fait valoir Mohammed ben Salmane à l'arrivée de M. Pompeo au palais royal, selon des journalistes sur place. « Nous faisons face aux défis ensemble, que ce soit dans le passé, aujourd'hui ou demain. »

Le secrétaire d'État américain s'est brièvement exprimé après cette journée de rencontres.

J'estime, à l'issue de ces rencontres, qu'il y a un engagement sérieux à déterminer tous les faits et à rendre des comptes, y compris établir la responsabilité de dirigeants et de hauts responsables d'Arabie saoudite.

Une citation de Mike Pompeo, secrétaire d'État américain

Le chef de la diplomatie américaine a expliqué que les Saoudiens « démentaient énergiquement savoir quoi que ce soit sur ce qui s'est passé dans leur consulat à Istanbul ».

Mais le prince « s'est engagé à ce que le travail du procureur fournisse au monde entier une explication complète et définitive en toute transparence », a ajouté Mike Pompeo, précisant que les discussions avaient eté « directes et franches ».

« J'ai souligné l'importance de mener une enquête approfondie, transparente et rapide, et les dirigeants saoudiens s'y sont engagés », a-t-il assuré.

Après Riyad, le numéro un de la diplomatie américaine était attendu dans la capitale turque, Ankara. Le ministère turc des Affaires étrangères évoque une « visite de travail », où il sera question d'une multitude de dossiers, sans évoquer en particulier celui de M. Khashoggi.

Anticipant cette visite il y a quelques jours, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a toutefois déclaré que M. Pompeo « rendra compte » à la Turquie de ses entretiens à Riyad.

L'affaire Khashoggi est extrêmement délicate pour les deux pays, étant donné les liens étroits qui les unissent. Outre Israël, l'Arabie saoudite est le principal allié des États-Unis au Moyen-Orient. Le royaume saoudien est aussi l'un des plus importants clients de l'industrie militaire américaine.

Face aux questions sans réponse dans cette affaire, le président américain Donald Trump a menacé en fin de semaine de sanctionner le royaume s'il s'avérait qu'il est à blâmer. Il a toutefois écarté au préalable l'idée d'arrêter de livrer des armes au royaume, afin de ne pas compromettre des emplois aux États-Unis.

La résidence du consul saoudien à Istanbul bientôt fouillée

Pendant que M. Pompeo se dirigeait vers Riyad, des enquêteurs turcs ont mis un terme à leurs fouilles dans l’immeuble du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. L'opération, effectuée avec l’accord des autorités saoudiennes, a duré huit heures. Des échantillons, notamment de la terre du jardin du consulat, ont été emportés, a déclaré un responsable présent sur place.

Un haut responsable turc ayant requis l'anonymat a déclaré à l'Associated Press mardi que les policiers dépêchés sur place y ont bel et bien trouvé des preuves de l'assassinat de M. Khashoggi, mais sans donner de détails. Une source de sécurité de Reuters évoque plutôt la découverte de « preuves sérieuses », mais pas concluantes, sur lesquelles les enquêteurs se penchent.

« J’ai l’espoir que nous puissions parvenir à des conclusions qui nous permettront d’avoir aussi vite que possible une idée raisonnable [de ce qui s’est passé] parce que l’enquête s’oriente vers de nombreuses pistes, comme l’utilisation de substances toxiques, et ces choses auraient ensuite été dissimulées et soustraites », a déclaré le président Erdogan à des journalistes turcs mardi.

La police turque doit par ailleurs fouiller la résidence du consul d'Arabie saoudite à Istanbul, a indiqué une source diplomatique, sans préciser le moment où se déroulerait cette opération. Des images de caméras de surveillance diffusées par des médias turcs ont montré qu'un convoi de voitures diplomatiques s'y est rendu peu après la disparition de M. Khashoggi.

À l'instar des fouilles au consulat, celles qui se dérouleront dans la demeure du consul se feront aussi en collaboration avec les autorités saoudiennes, selon l'agence étatique Anadolu.

Des médias turcs rapportent par ailleurs que le consul saoudien à Istanbul, Mohammed Al-Otaibi, a quitté le pays mardi après-midi.

Un membre de la police turque se promène dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Une équipe formée d'enquêteurs et de procureurs turcs a fouillé le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul dans la nuit de lundi à mardi.

Photo : AFP/Getty Images / BULENT KILIC

Les pays du G7 inquiets

Sur la situation du journaliste saoudien, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystian Freeland affirme avoir discuté avec ses alliés du G7 et de l'OTAN, dont le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, ainsi que ses homologues de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la Turquie.

Les sept ministres du G7 ont d'ailleurs signé une déclaration commune pour témoigner leur inquiétude face à cette affaire. Ils ont appelé l'Arabie saoudite à mener une enquête « minutieuse, crédible, transparente et rapide ».

Nous devons savoir ce qui s'est passé, et les responsables doivent rendre des comptes.

Une citation de Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada

Des responsables turcs soupçonnent qu'une équipe de frappe saoudienne entrée et sortie de Turquie le 2 octobre a tué et démembré le journaliste. Ces allégations ont été fermement niées par le prince héritier et par le roi Salman lors de leurs entretiens avec le président américain Donald Trump.

Le président Trump a d'ailleurs vigoureusement défendu le régime saoudien, mardi, lors d'une entrevue avec l'Associated Press, comparant cette affaire à les allégations d'agression sexuelle qui pesaient contre le juge Brett Kavanaugh avant qu'il ne soit confirmé pour siéger à la Cour suprême.

« Je crois que nous devons d'abord découvrir ce qui s'est passé », a-t-il déclaré en entrevue avec l'AP.

« Nous y voilà encore : on est trouvé coupable jusqu'à ce qu'on soit prouvé innocent. Je n'aime pas ça. Nous venons de vivre ça avec le juge Kavanaugh et il était innocent depuis le début, si vous voulez mon avis. »

La famille de Khashoggi réclame une enquête indépendante

Dans un communiqué rendu public lundi soir sur Twitter, les enfants de M. Khashoggi se sont dits inquiets et ont demandé à connaître la vérité, soulignant les informations contradictoires qui circulent au sujet de la disparition de leur père.

« Tristes et anxieux, nous suivons les développements de ces informations contradictoires concernant le sort de notre père […] Notre famille est traumatisée », ont-ils déclaré d’une même voix.

« La forte responsabilité morale et juridique que notre père nous a inculquée nous oblige à demander la mise en place d'une commission internationale, indépendante et impartiale, pour enquêter sur les circonstances de sa mort », ont-ils ajouté.

Le président-directeur général du Washington Post, qui publiait des chroniques de M. Khashoggi, a aussi fait savoir mardi qu'il prône une enquête indépendante dans cette affaire.

« Le gouvernement de l'Arabie saoudite doit à la famille de M. Khashoggi et au monde une explication complète et honnête sur ce qui lui est arrivé », écrit Fred Ryan dans une déclaration publique.

« Le gouvernement de l'Arabie saoudite ne peut pas rester silencieux, et il est essentiel que notre propre gouvernement et d'autres insistent plus fermement pour obtenir la vérité », poursuit-il. « D'ici à ce que l'on obtienne un rapport complet et une reddition de comptes totale, nous ne pouvons pas agir comme si de rien n'était avec le gouvernement saoudien. »

La levée de l'immunité exigée par l'ONU

La haute-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a pour sa part réclamé la levée de l'immunité des responsables saoudiens qui pourraient être impliqués dans la disparition de Jamal Khashoggi.

« Compte tenu de la gravité de la situation entourant la disparition de M. Khashoggi, j'estime que l'inviolabilité ou l'immunité des locaux et des fonctionnaires concernés accordée par des traités tels que la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires devrait être levée immédiatement », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

« En vertu du droit international, tant la disparition forcée que les exécutions extrajudiciaires sont des crimes très graves, et l'immunité ne devrait pas être utilisée pour entraver les enquêtes sur ce qui s'est passé », a-t-elle ajouté.

L'ONU n'a toutefois pas le pouvoir d'imposer la levée de l'immunité, mais le pays d'accueil, en l'occurrence la Turquie, peut demander aux autorités du pays d'origine de lever l'immunité d'un de ses agents diplomatiques en cas d'infractions graves.

Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press, Reuters et Le Monde

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