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La légalisation du cannabis pousse des chiens policiers à la retraite

Un chien de la GRC en formation

Un chien de la GRC en formation

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Radio-Canada

La légalisation du cannabis marque la fin abrupte de certaines carrières. Des chiens renifleurs de la GRC, entraînés à détecter de la marijuana, doivent partir à la retraite pour laisser place à des nouvelles équipes canines.

Un texte de Laurence Martin

Imaginez avoir investi des années dans l’entraînement de votre chien policier — avoir passé des soirs, des fins de semaine avec lui pour que son museau devienne l’un des plus aguerris — et apprendre que votre animal doit être remplacé.

Cette histoire, c’est celle du gendarme Jason Frederick et de son chien Henry, mais aussi de 13 autres équipes canines à travers le pays, spécialisées dans la détection de stupéfiants.

« J’ai passé plus de temps avec lui qu’avec ma famille dans les dernières années, explique l’officier. C’est triste de le laisser aller comme ça. »

Le gendarme Jason Frederick est accroupi dans la neige avec son chien Henry, maintenant retraité.

Jason Frederick et son chien Henry, maintenant à la retraite. Le gendarme a décidé de l'adopter comme animal de compagnie pendant qu'il entraîne un nouveau chien.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Cannabis : les effets de la légalisation

Consulter le dossier complet

La feuille d'érable du drapeau canadien est remplacée par un plant de cannabis, avec en arrière-plan, l'édifice principal du gouvernement fédéral.

Le problème, c’est que ces chiens ne peuvent pas être « déprogrammés ». Ils ont été formés pour identifier toutes les drogues illicites et le cannabis, jusqu'à aujourd'hui, en faisait partie.

Il n'y a aucune façon d'éliminer une odeur maintenant qu'il y a une nouvelle loi en place. On ne peut pas dire aux chiens : ''à partir du 17 octobre 2018, on oublie la détection du cannabis''.

Une citation de Eric Stebenne, inspecteur pour la GRC

Donc, il faut recommencer à zéro, avec des nouveaux bergers allemands qui, eux, sont en train de recevoir leur entraînement formel, à Innisfail, en Alberta. C’est là que la GRC dresse tous ses chiens.

Une salle d'entraînement où l'on voit 3 chiens, 3 policiers et un mur blanc rempli de trous.

La salle d'entraînement principale au centre de dressage des chiens policiers de la GRC. Dans certains des trous qu'on voit au mur, des substances illicites ont été insérées et les bergers allemands apprennent à les détecter.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

À l’intérieur, les murs du centre de formation de la GRC sont remplis de trous dans lesquels les animaux insèrent leur museau. Certains de ces trous sont vides, d’autres contiennent l’odeur d’une substance illicite, comme le fentanyl, la cocaïne ou encore l'héroïne. Mais, on n'y retrouve plus de cannabis.

Quand le chien détecte une drogue interdite, il s’assoit et fixe le trou sans bouger.

« On les récompense avec une balle. Ça ne nous coûte pas très cher », ajoute l’inspecteur Eric Stebenne, en riant.

Revendus aux États-Unis

Un chien renifleur se tient sur une table. À côté de lui, on voit des sacs remplis de drogue.

Un chien renifleur après une importante saisie de drogue.

Photo : GRC

La plupart des chiens « retraités » ne se reposeront pas très longtemps. Ils seront vendus à d’autres corps policiers, aux États-Unis notamment, où le cannabis est encore illégal dans la majorité des États.

D’autres vont simplement devenir des animaux de compagnie.

« Du gâchis » selon certains, considérant les mois de dressage qui ont été nécessaires pour apprendre le métier à ces chiens policiers.

Un chiot est tenu par un inspecteur de la GRC, à l'extérieur du centre de dressage.

L'inspecteur Eric Stebenne tient dans ses bras un aspirant chien renifleur de la GRC. Le chiot doit être dressé pendant 12 à 18 mois, avant de recevoir un entraînement formel.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

C’est qu’avant de recevoir leur formation « formelle » d'un mois à Innisfail, les chiots bergers allemands sont pris en charge pendant au moins un an par des agents de la GRC.

Pendant leur temps libre, après le travail, les agents les dressent dans l’espoir qu’ils deviennent assez bons pour se qualifier à l’entraînement officiel, qui coûte environ 5000 $ par chien.

Le reportage de Laurence Martin sera diffusé au Téléjournal avec Céline Galipeau à 22 HE sur ICI Radio-Canada Télé.

Qu’en est-il du marché noir?

Une chienne de la GRC, en formation en Alberta, rend une balle à son maître.

Une chienne de la GRC, en formation en Alberta, rend une balle à son maître.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Bien sûr, même après la légalisation, il restera encore un marché noir du cannabis et ce seront les chiens « généralistes » de la GRC qui pourront détecter la marijuana au besoin.

Ces équipes canines — elles sont environ 150 au pays — exécutent toutes sortes de tâches : pistage, recherche d’enfants, d’armes à feux, etc. Sur une scène de crime, les chiens pourront localiser les drogues et, s’il s’agit de cannabis, ce sera à leurs maîtres de déterminer si la possession est illégale.

Au contraire, pour les 14 équipes spécialisées dans la détection de stupéfiants sur les routes du pays, ce sont les gendarmes qui arrêtent les véhicules, mais les chiens qui fournissent des preuves au tribunal, en fonction de ce qu'ils ont reniflé.

Il importait donc d'avoir, pour cette équipe, des chiens capables de renifler les bonnes drogues.

Pas facile de faire comprendre à des animaux qu’une odeur indésirable... peut devenir, du jour au lendemain, acceptable.

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