Le français, victime d'un « laisser-aller dangereux » au Québec, selon Régis Labeaume

Régis Labeaume réclame des mesures pour la défense du français au Québec.
Photo : Radio-Canada
« Le français n'est plus un thème politique majeur » au Québec, déplore Régis Labeaume. Selon lui, les gouvernements entretiennent un « dangereux laisser-aller », alors que l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est pratiquement absente « de ce côté-ci de l'Atlantique ».
Un texte de David Rémillard
Le maire de Québec a porté un jugement sévère sur la défense du français dans la province, lundi, en marge du Congrès France-Québec.
« On remet en question de plus en plus le français comme langue publique. Il y a une espèce de mouvement qui m'inquiète un peu, qui veut que le bilinguisme devienne, entre guillemets, institutionnel », a-t-il dit, sans donner d'exemple concret.
Le maire invite les gouvernements à « mettre le pied à terre » et à replacer la défense du français au cœur de leur action politique.
Il les somme de « valoriser le français dans tout l’espace public au Québec comme langue officielle ».
« Depuis quelques années, aux deux [ordres] de gouvernement, la Francophonie, le français, ce n'est plus un thème majeur. C'est dangereux de laisser-aller, ça va créer des fractures dans notre société et ça va mal s'exprimer un moment donné », a-t-il prévenu.
« »
Le maire Labeaume s'est gardé de commenter les promesses en matière de promotion du français de la Coalition avenir Québec « qui vient d'arriver » au pouvoir. « On verra », a-t-il dit.
Le parti de François Legault veut notamment améliorer la francisation des nouveaux arrivants, donner « un mandat renforcé » à « l’Office de la langue française afin de coordonner un vigoureux effort de francisation au Québec » et créer un poste de commissaire à la langue française.
« Party de dignitaires »
M. Labeaume n'a guère été plus tendre envers l'OIF, qu'il accuse de négliger ce qui se passe « de ce côté-ci de l'Atlantique ».
« Ça fait dix ans que je suis maire. Ça fait dix ans que je m'investis dans la Francophonie, et je n'ai pas encore compris ce que ça nous donnait [au Québec et au Canada] », a-t-il dit en mêlée de presse.
Le maire a qualifié l'institution de « party de dignitaires » et de « piste d'atterrissage pour les politiciens en fin de carrière ».
Des déclarations qui surviennent à quelques jours du Sommet de la Francophonie, qui aura lieu en Arménie jeudi et vendredi.
Le premier ministre François Legault doit d'ailleurs s'envoler mardi pour Erevan.
« »
Sans nommer Michaëlle Jean, qui tente d'obtenir un second mandat à la tête de l'OIF, M. Labeaume a appelé à un changement de garde et à un « rajeunissement » de la direction.
« Ce ne sont pas des chefs d'État, ce doit être des activistes de la culture française. »
Avec la collaboration de Jonathan Lavoie et de Léa Beauchesne